Maurice Joyeux (1910-1991)

Maurice Joyeux (1910-1991)

Fils d’un militant socialiste mort à la guerre dans la bataille de la Marne et d’une mère teinturière, active dans la Fédération des locataires, Maurice Joyeux grandit à Levallois-Perret. Apprenti, il quitte sa famille à 13 ans.

C’est à l’occasion de la manifestation contre la condamnation à mort de Sacco et Vanzetti, le 23 août 1927, que Maurice Joyeux rencontre le mouvement libertaire. Deux militants le soustraient à la charge de la Garde républicaine. Il les suit jusqu’à la rue Piat, à Belleville au local de l’Union anarchiste révolutionnaire, dont Louis Lecoin faisait partie. Il avait alors dix-sept ans.

Plusieurs fois condamné à l’emprisonnement pour divers motifs (attaque du consulat de Pologne en 1933, violence à agents en 1935, réfractaire en 1940, emprisonné à Monthuc dont il s’évade en 1942). Il est également condamné par la suite à plusieurs reprises pour des articles d’inspiration antimilitariste.

A la Libération, il participe à la reconstruction du Mouvement libertaire, qui donnera naissance à la Fédération anarchiste (FA), et à la réapparition du Libertaire. En 1953, opposé à la transformation de la Fédération anarchiste en Fédération communiste libertaire (FCL), Maurice Joyeux s’attelle à la reconstruction de la nouvelle Fédération anarchiste, autour du journal Le Monde libertaire.

Au point de vue syndical, il est adhérent de la CGTU, et il milite entre autres au Comité des chômeurs dont il deviendra le secrétaire. Mais, pendant plusieurs années, il ne choisit pas définitivement entre ses sympathies anarchistes et son estime pour la majorité communiste de la CGTU. Au moment de la scission du courant Force ouvrière d’avec la CGT, Maurice Joyeux milite activement à la CGT-Force ouvrière dès sa création, et il intervient régulièrement dans les congrès.

Il a mis l’accent depuis 1947 sur la « grève gestionnaire », dont on peut résumer le contenu : seule l’égalité économique supprime les classes au sein de l’entreprise ; elle justifie donc la prise en main par les travailleurs des moyens de production et d’échange. Lorsqu’une grève éclate dans une ou plusieurs grandes entreprises, voire à l’échelon régional ou national, les exemples historiques de 1936 et 1968 permettent d’affirmer que c’est seulement durant une courte période de deux à trois semaines que tout est possible. « C’est l’instant où, de grève revendicative, de grève de refus, la grève doit devenir expropriatrice puis gestionnaire. C’est l’instant où les usines doivent se remettre à tourner sans leur direction et sous le contrôle des organisations syndicales, des comités d’entreprises, des conseils d’ouvriers, la manière importe peu. C’est l’instance de la chance révolutionnaire » (Le Monde libertaire, février 1972).

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