On manucure, on se paie. Lip au bout des ongles

On manucure, on se paie. Lip au bout des ongles

Ce samedi 15 février 2014, on passe devant un salon onglerie et coiffure de quartier, au 50 boulevard de Strasbourg dans le 10e arrondissement de Paris. Surprise, installé-es dans une petite boutique, sur trois postes d’accueil, deux femmes et un homme s’activent à rendre les ongles plus nets et leur redonner du lustre… sous un drapeau de la CGT de l’union locale du 10e arrondissement de Paris. Les clientes et clients, quant à eux, ne semblent pas troublés de ce décor inhabituel et engagent le dialogue avec leurs manucures.


Elles sont quatre femmes, dont trois chinoises et une du Bangladesh, et un jeune homme, chinois lui aussi. Ils ont de six mois à quatre ans d’ancienneté dans ce salon. Travaillant  beaucoup, dix à douze heures par jour, mais sans fiche de paye, sans papiers, dans des conditions déplorables comme l’a remarqué une récente visite de l’inspection du travail. Cerise sur le gâteau, depuis décembre le patron ne paie plus… déjà deux mois sans salaire. Pour leur patron, propriétaire d’un autre salon, quand est venu le temps des réclamations, quand il s’est agi de signer un dépôt de formulaire pour régulariser la situation des salariés à la préfecture, la réponse a été… la disparition.

Avec l’aide de l’UD et de l’UL CGT, elles occupent le salon de beauté depuis lundi dernier. Le soutien s’élargit. Aux syndicalistes de la CGT  s’ajoutent l’association « Femmes-Egalité », les militants politiques, les habitants, les clients…

Oui, les clients, car, quitte à occuper, autant rouvrir le salon mais à leur propre compte. Elles continuent depuis samedi 13 février à offrir leurs prestations aux clients, mais cette fois-ci leurs gains sont conservés en guise de salaire. C’est Lip au bout des ongles : on manucure, on se paie, c’est possible.

L’union locale CGT du 10e arrondissement informe largement par un tract dans  lequel on peut lire :

« En conséquence de quoi, les salarié-e-s avec la Cgt, ont décidé dans le cadre de la grève, de rouvrir le salon, samedi 15 février afin de pouvoir se payer. Toutes celles et ceux qui le souhaitent : clients-e-s fidèles ou de passage, mais aussi militant-e-s d’associations, de partis politiques ou syndicalistes… qui veulent soutenir ces employé-e-s, y compris financièrement, sont les bienvenu-e-s. »

Le syndicat ajoute :

« Au vu des conditions de travail déplorables (utilisation de produits et de solvants particulièrement agressifs, inhalation de poussières…) qui ont cours dans ce salon, la Cgt fait appel à ses délégués de Comité d’hygiène et sécurité et des conditions de travail (CHSCT) d’autres entreprises, pour assurer une amélioration autant que possible des postes de travail des employé-e-s grévistes. »

Sans oublier de dire « En même temps, les éléments des différents dossiers de régularisation ont été déposés à la préfecture de police de Paris».