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    09/10/11

    Scientifique et écrivain marxiste né en Hollande en 1891, Anton Pannekoek a été l’une des figures de la gauche radicale en Hollande et en Allemagne, ainsi que de la IIéme internationale. Astronome et mathématicien reconnu, il a également donné son nom à un institut d’Astronomie de l’Université d’Amsterdam.

    Opposé à la première guerre mondiale, il est proche de Rosa Luxembourg, très critique de Lénine et de la confiscation de la Révolution russe aux soviets par le parti Bolchévik.

    Il tire les enseignements suivants des échecs des révolutions allemande et russe: la transition du capitalisme vers le communisme doit être le résultat de l’organisation des ouvriers en conseils démocratiques, et non le résultat de la domination d’une classe sur les autres, par exemple par le biais d’un parti, ou d’un état dont les fonctionnaires piloteraient la production. Il rejette donc autant le capitalisme que le socialisme d’état.

     Pannekoek s’appuie sur un constat historique: dans les situations réellement révolutionnaires, les travailleurs s’organisent spontanément en conseils d’ateliers, en comités de travailleurs, en dehors des hiérarchies traditionnelles y compris parlementaires, partisanes et syndicales, pour organiser les affaires économiques et politiques directement, jusqu’au niveau national.

    Dans « les Conseils Ouvriers », il déduit de ces observations une théorie de l’auto-organisation des couches productives de la société: pour rejeter le capitalisme, il est nécessaire que des conseils locaux et élus démocratiquement sur les lieux de production et de distribution décident de la gestion des processus productifs. Ils excluent du processus de décision les couches sociales ne participant pas à la production. Le souci des conseils dépasse le cadre local de leur production, et s’étend à l’ensemble du processus productif à l’échelle nationale et au délà; les conseils de différentes unités de production se mettent en rapport les uns avec les autres, notamment ceux dont ils dépendent ou qu’ils fournissent, par exemple en matières premières.

    Pannekoek insiste sur les effets délétères de la division du travail entre classe dirigeante gérant à distance la structure et les modalités de la production sans se soucier de rendre des comptes à leurs mandataires; et citoyens qui sont accaparés chaque jour par les tâches élémentaires de la production sans avoir  de temps à consacrer à son organisation globale.

    Pour Pannekoek, le communisme ne peut résulter que d’un processus révolutionnaire, aboutissant à un accroissement considérable de la démocratie et à la collectivisation des moyens de production.


    Association Autogestion
    9 octobre 2011
    http://www.autogestion.asso.fr

    Ouvrages souvent cités:

    • « Marxisme et darwinisme », 1909.
    • « Les conseils ouvriers », 1947. Disponible en ligne.

    Liens:

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    29/09/11
    Mondragón
    Des dizaines de milliers de travailleurs qui dirigent et coordonnent leurs entreprises : c’est possible.

    Le groupe Mondragón Corporacíon, basé au Pays basque, est une organisation unique au monde. Composé d’environ 120 coopératives dirigées par leurs travailleurs et coordonné par une direction démocratiquement élue, ce groupe a connu une progression insolente depuis sa création dans les années 50. En l’espace de 10 ans, ce groupe coopératif a quasiment doublé le nombre de ses travailleurs, passant de 42 861 en 1999 à 85 066 en 2009.

    Pour autant, il est sujet à de nombreuses controverses. Pour certains, critiques de la coopération en tant que telle, cette expérience n’est jamais qu’une « success story » entrepreneuriale. Pour d’autres, il s’agit d’une expérience coopérative, certes intéressante, mais qui se serait largement éloignée des idéaux du mouvement au point de se comporter comme un vulgaire employeur capitaliste à l’égard des nombreux salariés non-coopérateurs. Pour d’autres enfin, Mondragón Corporacíon est un groupe industriel et financier, parmi d’autres, évoluant dans la logique productiviste de la mondialisation néolibérale.

    Si ces façons de voir peuvent se défendre sur biens des aspects et quelle que soit l’évolution future de ce groupe coopératif, il n’en reste pas moins vrai que Mondragón Corporacíon est la preuve vivante que, contrairement aux idées reçues, les travailleurs sont largement capables de diriger leur entreprise et de coordonner leur production.

     

    Association Autogestion
    28 septembre 2011
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    26/08/11

    Pendant plus de trois ans, de septembre 1944 à 1948, quinze entreprises parmi les plus importantes de la région de Marseille vécurent une expérience exceptionnelle. Sous la houlette de « directions provisoires » et de « comités de gestion » représentant le personnel, plus de 14000 salariés de ces établissements réquisitionnés par Raymond Aubrac, Commissaire régional de la République à Marseille, remirent en route la production dans les jours suivant la Libération du pays. Cette « gestion ouvrière », ainsi nommée par les militants locaux de la C.G.T. et du Parti communiste qui l’animaient, rencontra le plus souvent l’hostilité des actionnaires mais fut soutenue au départ par une large fraction de l’opinion. De vifs débats l’accompagnèrent. A examiner l’expérience au fil des mois, on s’aperçoit que furent posées ici la plupart des questions essentielles de la période et d’abord celles qui conduisirent aux grandes réformes de la Libération, depuis les comités d’entreprises jusqu’aux nationalisations. Mais surtout ces réquisitions amènent à s’interroger sur la signification exacte de la Libération et ses enjeux : il est évident que, pour beaucoup de Résistants, la Libération du pays fut inséparable de profondes transformations sociales : il fallait aussi libérer le Travail, améliorer le sort des salariés leur confier de nouvelles responsabilités. Enfin, cette étude permet d’aborder sous un éclairage neuf la position des grandes formations politiques et de remettre en cause certaines idées reçues à propos de la stratégie du Parti communiste, du Parti socialiste et du Mouvement républicain populaire dans une région clé. Autant de problèmes examinés par l’auteur à partir d’archives publiques et privées, pour la plupart inédites.

     

    Association Autogestion
    25 août 2011
    http://www.autogestion.asso.fr

    Publié par l’Harmattan, ISBN : 2-7384-2413-9 • 1994 • 222 pages • 21€85

    Un article est paru dans l’Humanité le 3 mai 2011 à propos de ce livre.

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    21/08/11

    Ouvrage collectif du CETIM

    Usines récupérées, coopératives, micro-finance…

    les révolutions silencieuses

    Quel point commun y-a-t-il entre les militantes du Cercle d’auto promotion pour un développement durable au Bénin, les piqueteros d’Argentine, les activistes du mouvement social de micro-épargne Nigera Kori au Bangladesh, les socios des coopératives Mondragon en Espagne, les ouvriers de l’usine récupérée Zanon en Argentine… ?

    Elles et ils sont investis dans une expérience d’économie sociale et solidaire collective, véritable laboratoire d’alternative sociale. On en recense des milliers. Souvent impulsées par la nécessité de survivre, elles existent et produisent autrement sans avoir nécessairement attendu une situation politique favorable.

    Elles font rarement la une des journaux alors qu’elles présentent des éléments positifs, voire subversifs, servant à la construction d’un monde plus solidaire et juste. Ce livre relate quelques-unes de ces pratiques à travers le monde.

    Allons plus loin. Quel est le rapport de ces expériences à la mondialisation, à l’Etat, au pouvoir ? Peuvent-elles générer une croissance endogène ? Quels enseignements généraux tirer ? Quelle pourrait être une politique d’Etat favorisant le développement de l’économie sociale et solidaire ?

    Cet ouvrage donne des éléments de réponses qui ne manqueront pas de susciter l’intérêt du public à la recherche d’alternatives et autres modes de production et de consommation ou prêt à s’investir dans le domaine de l’économie sociale et solidaire.

     

    Association Autogestion
    20 août 2011
    http://www.autogestion.asso.fr

    Livre au prix de 6 EUR

    Première édition : octobre 2008

    Auteurs : Jacques Berguerand, Louis Favreau, Cyril Fouillet, Jordi Garcia Jané, Cédric Gouverneur, Isabelle Guérin, Joël Martine, Cristina Nùñez, Marc Ollivier, Héctor Palamino, Ernesto Pastrana, Abdou Salam Fall, Renaud Vivien, Luis Vargas, Raùl Zibechi.

    Sous la direction de Julie Duchatel et Florian Rochat.

    ISBN : 978-2-88053-069-3

    Ce livre peut être commandé en France, Belgique et Luxembourg au

    COLLECTIF DES EDITEURS INDEPENDANTS 37 rue de Moscou F – 75008 Paris FRANCE

    Internet : http://www.collectif-des-editeurs-i… Tél : 01 45 41 14 38 — Fax : 01 45 41 16 74 Email : collectif.ei@gmail.com

    Pour la Suisse, passer par le CETIM.

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    21/08/11

    L’histoire, les faits

    En 2000, Philips employait 4 000 personnes sur les trois sites télévision de l’Eure-et-Loir et 1 200 sur le site éclairage. Il ne reste plus aujourd’hui que 217 emplois à Dreux et 500 sur le site éclairage de Chartres. Le 22 octobre 2009, la direction annonce au Comité Central d’Entreprise la fermeture du site EGP de Dreux fabriquant des téléviseurs. Cette annonce n’est guère surprenante pour les salariés dans la mesure où elle fait suite à un précédent plan de licenciement de 278 personnes en mars 2008. Ce premier plan de licenciement a déclenché une grève de presque trois mois. À cette occasion, la direction de Philips avait fait preuve d’une dureté dans le conflit, n’hésitant pas à assigner en justice les délégués syndicaux et faire appel aux forces de l’ordre. De même, alors que les salariés gagneront aux Prudhommes le paiement des jours de grève, la direction obtiendra de ne pas s’exécuter au travers d’un jugement de référé condamnant les travailleurs à payer 9 000 € de dommages et intérêts ! Avec des mises à pied, certains ne recevront donc aucun traitement pendant huit mois ! Au final, en 2008, le plan social sera entériné notamment approuvé par les syndicats CGC et FO et à l’exception notable de la CGT.

    Suite à l’annonce de la fermeture programmée du site de Dreux, le Comité d’entreprise mandatera dès novembre 2009 le cabinet Syncea pour étudier ce plan. Ce cabinet relèvera l’illégalité de celui-ci dans la mesure où le périmètre utilisé pour justifier la fermeture est la seule usine de Dreux (qualifiée de « business Unit » par la direction) et non de la division « Consumer Life Style » de Philips qui est largement profitable (pour le troisième trimestre 2009, cette division a un profit opérationnel de 126 Millions d’euros pour un capital net de 1 041 millions d’euros, soit une rentabilité opérationnelle de 12,1%), illégalité confirmée depuis par la Direction Départementale du Travail. Le 14 novembre 2008, les travailleurs de Philips organisent une « journée de solidarité avec les travailleurs en lutte » à Champhol (commune d’Eure-et-Loir proche de Chartres) qui réunira plus de 1000 personnes et permettra la jonction avec les autres luttes de défense de l’emploi (Continental, Molex, Freescale…). Depuis, les travailleurs n’ont de cesse de réclamer l’abandon pur et simple de ce plan de fermeture, alors que la direction souhaite le faire entériner le 28 janvier.

    Depuis, et afin de justifier que l’usine perd de l’argent, la direction fait baisser la production, celle-ci n’étant plus que de 10 téléviseurs par jour en décembre. Le mardi 5 janvier, les travailleurs décident en assemblée générale, par 147 voix pour et 5 contre, de réapprovisionner l’usine en intrants de production et de relancer la fabrication des téléviseurs. Il est, à cet égard, utile de mentionner qu’afin de prévenir tout conflit social, la direction pratique une politique de flux tendu. Les intrants de production comme les téléviseurs fabriqués ne sont pas stockés sur le site mais sur des plateformes logistiques (DHL par exemple) qui, en cas de conflit social, ne peuvent nullement être bloquées par les travailleurs. Dans une telle hypothèse, les stocks d’intrants sont acheminés vers un autre lieu de production pour que l’activité de la division du groupe ne soit pas interrompue. Dans le cas présent, les travailleurs décident donc d’approvisionner l’usine en composants à partir de plateformes situées à Dreux : l’assemblée générale a lieu à 9 heures ; à 17h30, grâce aux salariés chargés de gérer ces approvisionnements, l’usine disposait de composants pour un mois de production ! La production est immédiatement relancée et stockée dans l’usine loin des plateformes de ré-expédition.

    Dans les jours qui suivront, la direction reprendra le dessus en exigeant des caristes qu’ils déplacent les téléviseurs produits vers les lieux d’enlèvement, exigence appuyée par des injonctions d’huissiers et la présence d’une milice composée d’européens de l’est ne parlant évidemment pas le français et ne pouvant donc communiquer avec les travailleurs : tout un programme ! Devant les risques de licenciement des caristes, les travailleurs, réunis en assemblée générale le 15 janvier, décident d’abandonner cette forme d’action tout en poursuivant le combat contre la fermeture du site.

    Leur droit et le nôtre

    Comme l’indiquait un travailleur de Dreux : « au nom de quoi, m’imposerait-on de travailler à cinquante kilomètres de chez moi dans un métier qui ne garantirait pas le même niveau de vie qu’antérieurement ? ». D’une façon plus générale, nous vivons tous à un endroit donné, un endroit que nous avons choisi pour de multiples raisons, certaines étant la proximité avec nos proches, notre conjoint-e, nos enfants. Pourquoi n’aurions-nous pas le droit et donc les moyens financiers de promouvoir sur place une nouvelle production et donc, de maintenir celles qui existent ? Quel est le principe démocratique qui justifie que ce sont toujours les détenteurs de capitaux qui décident où vont les emplois et donc, quelle région sera transformée en désert économique ?

    Depuis maintenant quelques années, la direction du groupe Philips a décidé, à partir de son siège d’Amsterdam, que divers équipements dont les téléviseurs ne seraient plus produit en France mais ailleurs (Hongrie par exemple…). La motivation d’une telle décision est simple : produire là où c’est le plus rentable. Pour se mettre en œuvre, cette orientation générale s’est incarnée dans une succession de plans sociaux d’entreprise débouchant immanquablement sur des fermetures pures et simples de sites.

    Par son assemblée générale du mardi 5 janvier, les travailleurs de Philips EGP Dreux ont inversé la logique. Alors que la direction, pour pouvoir justifier cette fermeture par la non rentabilité du site, diminuait volontairement la production, les travailleurs ont décidé, de façon très responsable, de relancer la production de téléviseurs, production qui correspond à un marché réel et existant. En procédant ainsi, ils ont, dans la pratique, démontré qui sont les véritables casseurs : ceux qui nient le droit au travail et à la dignité à une population toute entière. Face à cette détermination, la direction de Philips a décidé de reprendre les choses en main et de récupérer les téléviseurs produits. Pour ce faire, elle a dépêché ses huissiers pour constater divers manquements à la subordination juridique, c’est-à-dire ce droit du capital de donner des ordres, d’en contrôler l’exécution et de sanctionner disciplinairement les manquements, et ce, même si ces ordres, comme celui de ne pas produire, sont contraires à toute logique économique élémentaire.

    Par leur action, les Philips de Dreux posent une question politique de première importance : en cette période de crise, va-t-on laisser poursuivre cette longue litanie de plan sociaux où la seule perspective est la négociation d’indemnités de départ permettant, au mieux, de vivre décemment quelques mois avant de pointer à Pôle emploi ou va-t-on au contraire stopper cette volonté du capital de transformer notre pays en désert industriel, recréer de l’emploi dans les zones qui en ont cruellement besoin… mais cela suppose l’auto-organisation des travailleurs et de la population accompagnée de moyens de financement adéquats. Les Philips de Dreux ont ouvert la voie.

    Le blog de la CGT Philips EGP

    Association Autogestion
    20 août 2011
    http://www.autogestion.asso.fr

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    21/08/11

    Avec ce titre pour le moins surprenant, Dominique Pelbois nous livre ici un texte d’une richesse extraordinaire au moment où la crise financière apparaît comme étant celle de notre système économique tout entier, crise qui pose avec acuité la question de l’après-capitalisme. S’inspirant, entre autres, de diverses citations de Karl Marx, celui-ci décrit et propose une société d’appropriation collective du capital qui évite un centralisme étouffant toute initiative, d’où cette mention du qualificatif « libéral » apposé à celui de « communisme ».

    Selon cet auteur, une des clés de l’appropriation privée du capital réside dans son chiffrage en tant que stock (notamment dans les bilans de société). Il y oppose donc une restauration de la valeur d’usage au détriment de la valeur d’échange : ce qui nous importe n’est pas de posséder un logement, une machine de production ou encore du savoir-faire mais d’en disposer, d’en jouir. N’est-il pas plus important pour une société d’avoir la certitude que tout le monde soit correctement logé plutôt que de promouvoir l’accession à la propriété ? N’est-il pas fondamental que nous puissions, en tant que particulier ou entreprise, avoir la garantie d’accéder à des services plutôt que d’être propriétaire d’objets dont la seule finalité est leur usage et non leur possession en tant que telle ?

    C’est ainsi que le « communisme libéral » prône l’impossibilité pour une entreprise qui fabrique un bien de longue durée d’utilisation de le vendre : elle ne pourra que le mettre à disposition, le louer. Ainsi, une entreprise utilisant une machine de production n’achètera plus celle-ci mais la louera à son fabricant. Cette pratique comporte plusieurs avantages. Le premier serait de résoudre les questions de financement et d’endettement des agents économiques : il n’y aurait plus besoin de contracter des emprunts bancaires puisque les biens ne sont plus cessibles mais mis à disposition sous contrat de location. Nous reviendrons sur cette question. Un autre est d’établir un lien permanent qui relie les clients aux entreprises. Dans nos économies capitalistes, les biens de longue durée d’utilisation ne sont achetés qu’épisodiquement, à quelques années d’intervalle. En louant ceux-ci, le client entretient une relation commerciale permanente avec son fournisseur, ce qui, comme nous allons le voir, a une implication en terme de « projet de démocratie économique » (sous-titre de ce livre).

    Dominique Pelbois revient sur ce qui devrait logiquement justifier la production. Alors qu’en régime capitaliste, la production ne trouve sa source que dans la mise en valeur du capital, celle-ci devrait, au contraire, n’être justifiée que par la valeur d’usage que les individus en retirent. C’est ainsi que l’auteur estime que les entreprises vendant aux ménages devraient être prioritairement dirigées par les clients de celle-ci et secondairement par ses travailleurs (sur la base d’une clé de répartition qui reste d’ailleurs discutable). Comme les clients de l’entreprise entretiennent une relation permanente avec l’entreprise (sous forme d’achats de produits de courte durée d’utilisation, de locations de produits de longue durée d’utilisation ou encore d’abonnements à des services), il est possible de les identifier et mieux, ceux-ci ont tout intérêt à participer à la vie de l’entreprise afin d’obtenir le meilleur service possible.

    Il généralise ensuite cette logique sur l’ensemble de la chaîne de production : toute entreprise est co-dirigée par ses clients et ses travailleurs, ce qui signifie que chaque entreprise contrôle ses fournisseurs et est donc en mesure de faire valoir ses besoins. Ainsi par exemple, les clients d’un magasin d’alimentation vont pouvoir exiger que les produits soient de bonne qualité, qu’ils ne contiennent pas de composants chimiques altérant la santé et plus généralement, qu’il y ait une bonne information les concernant. Cette exigence sera donc prise en compte par la direction élue de l’établissement qui aura alors un pouvoir sur les fournisseurs de ce magasin (en tant qu’électeur-clients), ce qui leur permettra d’obtenir de façon effective les produits demandés par les consommateurs. De même, ces fournisseurs qui peuvent être des exploitations agricoles ou des industries agro-alimentaires auront ainsi les moyens d’obtenir des outils de bonne qualité et surtout des intrants conformes aux desiderata des consommateurs finaux. On obtient ainsi ce que Dominique Pelbois appelle une « planification spontanée » qui rompt fondamentalement avec les expériences de socialisme étatique que nous avons pu connaître par le passé. L’origine de cette planification est alors le besoin, la valeur d’usage définie par les individus eux-mêmes et non plus par une administration centralisée qui doit recourir à de nombreuses enquêtes auprès des consommateurs pour deviner leurs besoins à venir (ce qui correspond d’ailleurs aux pratiques marketing des entreprises capitalistes). Nous avons là la source d’une relocalisation effective de l’économie, grâce à des pratiques de proximité qui ne sont pas sans nous rappeler les derniers développements de l’économie sociale et solidaire (notamment les AMAP , les différents magasins de commerce équitable et/ou d’agriculture biologique et au-delà des formes juridiques utilisées, le mode de dialogue et d’échange entre ses différents partenaires).

    Par un tel système, Dominique Pelbois estime à juste titre que ces assemblées générales d’entreprises sont alors en mesure d’absorber et d’intégrer le marché. Le rôle de l’entreprise n’est alors plus de conquérir des marchés pour valoriser le capital investi mais de répondre aux besoins des individus, besoins qui s’expriment dans les assemblées générales et mis en œuvre par une direction élue par les clients et travailleurs de l’entreprise. De ce fait, les entreprises ne cherchent plus à se concurrencer. Il ne sert plus à rien de « gagner des parts de marché » et les entreprises d’une même activité sont alors amenées naturellement à coopérer entre elles, à échanger des informations et des savoir-faire afin de toujours mieux servir les usagers. On peut donc raisonnablement imaginer que les campagnes incessantes et parasitaires de publicité que nous subissons actuellement disparaîtront avec cette nouvelle organisation économique. Ce livre entrevoit ainsi l’hypothèse d’une société dans laquelle les entreprises deviendront de véritables services publics.

    On peut néanmoins s’interroger sur la façon d’aborder la question du financement. Ce n’est pas parce que l’entreprise ne peut plus vendre un bien destiné à une utilisation de longue durée que nous aurions résolu la question du capital. Celui-ci reste un stock et nécessite une production, un travail effectué en vue d’une utilisation future. En décidant que les entreprises ne peuvent plus vendre ces biens mais seulement les louer, on ne fait que déplacer le problème : la propriété du capital se loge tout simplement à un niveau supérieur : celui de la production. Même s’il n’y a plus réellement de propriété définie de l’entreprise, celle-ci reste contrôlée par ses clients et ses travailleurs. Les clients peuvent effectivement accepter de payer plus chers les services pour réaliser de nouveaux investissements, mais on peut raisonnablement estimer qu’ils le feront pour eux et non pour de nouveaux venus. Prenons l’exemple d’une entreprise de construction immobilière qui devient donc aussi une régie immobilière louant ses biens. Étant dirigée par ses clients et travailleurs, quel est son intérêt à augmenter le parc de logement ? Ne sera-t-elle pas plutôt encline à louer à bas prix et à améliorer l’habitat utilisé et existant que d’augmenter les loyers pour financer la construction de nouveaux logements ?

    Dominique Pelbois argumente que le « communisme libéral » ne peut s’épanouir que dans une société dans laquelle l’accumulation de capital a déjà été réalisée, ce qui constitue un propos assez raisonnable (et qui correspond à une vision marxienne de l’évolution de la société). Il n’en reste pas moins vrai que cela laisse entière la question de la poursuite des investissements. Dans le même ordre d’idée, ces entreprises sont dirigées par les clients et les travailleurs de celles-ci au prorata de leurs flux d’achats et de salaires, ce qui permet de dépasser d’une façon très novatrice les formes coopératives d’entreprise : il n’en reste pas moins vrai que la part coopérative reste un véhicule pratique d’investissement. Il est d’ailleurs surprenant de voir que Dominique Pelbois ne fait que très peu référence à l’histoire du mouvement coopératif et de ses impasses et dérives qui s’expliquent souvent pour ces mêmes raisons : la collectivisation du capital réalisée dans les coopératives reste privée à ses seuls membres. Même si l’adhésion à une coopérative reste ouverte, les membres présents n’ont pas forcément intérêt à investir pour un futur qui leur échappe et parfois se protègent en renouant avec des formes capitalistes de gestion de l’investissement (création de filiales, ouverture à des capitaux extérieurs cherchant rémunération, etc…). Cette absence de prise en compte de la contrainte de l’investissement explique que la transition envisagée par l’auteur (son projet de démo-domaine) est étonnamment similaire, quoique plus radicale dans son engagement, à celle du mouvement coopératif, c’est-à-dire une transition pacifique et progressive de la société vers le « communisme libéral » ou la coopération.

    Cette objection n’est cependant pas rédhibitoire quant à l’intérêt principal de ce livre : la construction d’une « planification spontanée » qui abolit de facto le marché. Il nous faut simplement envisager l’appropriation collective de la totalité du secteur bancaire et financier capable de répondre (par création monétaire et épargne d’espèces monétaires privée et/ou publique alimentée par l’impôt) au financement des immobilisations et à l’amorçage de nouvelles entreprises. Malgré cette divergence fondamentale, il n’en reste pas moins vrai que, dans le contexte de la crise économique majeure de notre système capitaliste, la perspective d’une économie fondée sur la demande et non sur l’offre, la possibilité d’un dépassement du marché par une « planification spontanée » et décentralisée sont des enjeux politiques majeurs. Il est d’ailleurs fort intéressant de constater que sa solution est fondée sur une alliance des producteurs et des consommateurs, alliance qui est un des traits caractéristiques du mouvement altermondialiste et des combats actuels pour la défense et l’extension des services publics.

    La lecture de ce livre, au demeurant particulièrement agréable et riche en références bibliographiques et en exemples concrets de ce que pourrait bien être cette société future, est aujourd’hui indispensable. Un grand merci à son auteur qui contribue ainsi de façon très innovante au dépassement du capitalisme et à la réalisation d’une société réconciliée avec elle-même et la nature.

     

    Association Autogestion – 20 août 2011
    http://www.autogestion.asso.fr

    Pour un communisme libéral, projet de démocratie économique Dominique Pelbois Editions L’Harmattan ISBN : 2-7475-8649-9 • juillet 2005 • 320 pages

    http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=19635

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    15/08/11

    Ciudadano: Jorge Giordani
    Ministro  del Poder Popular para la Planificación y
    Desarrollo.

    Su Despacho.-

    Apreciado hermano.

    Después de saludarte, por esta vía, he tomado la iniciativa de hacerte esta sistematización teórica en torno a la problemática que vive CVG y las empresas básicas, con la plena confianza de que su contenido será considerado como una contribución  al proceso evaluativo que debe acompañar  cualquier decisión en torno a la grave situación que atraviesan dichas empresas y particularmente las del sector aluminio …

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    15/08/11
    Antecedentes teóricos e históricos de un debate inconcluso

    En los actuales momentos la revolución bolivariana entra en una nueva fase rumbo al socialismo. El Cmdte Chávez ha planteado acelerar dicho proceso, impulsando diversas iniciativas político-ideológicas conocidas como los 5 motores de la nueva etapa, las cuales demandan un inmenso esfuerzo de pedagogía política. En este contexto cobra especial relevancia profundizar el debate y sistematizar las experiencias, en particular aquellas que apuntan a un cambio en las relaciones de producción, tal como lo hemos definido en el proceso cogestionario en CVG Alcasa …

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    15/08/11
    A propósito de la crítica marxista de la economía política

    En los actuales momentos el proceso cogestionario de CVG-ALCASA se ha convertido en una referencia inexcusable en torno al debate sobre la transición socialista, concebida como cambio en las relaciones de producción capitalista.

    Los últimos acontecimientos ocurrido en  las empresas básicas del sector aluminio referido a las evaluaciones por mérito, ( donde de nuevo CVG-ALCASA marca el rumbo guiada por principios de justicia social ), pone en evidencia los diversos enfoques e intereses clasistas que están presentes no sólo en nuestras empresas, sino en la  CVG,en el MIBAM y el conjunto del gobierno nacional.
    Contribuir a esclarecer las posiciones en juego, es una tarea de primer orden en la batalla de ideas que apuntan hacia la construcción del  socialismo.

    Febrero 2007

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    15/08/11

    En la actual coyuntura histórica que vive la revolución bolivariana, se viene profundizando su contenido programático en la perspectiva del Socialismo del Siglo XXI, tal como lo ha planteado el Cmdte Hugo Chávez.

    En esa dirección, diversos colectivos revolucionarios venezolanos, desde el mes de Septiembre del 2005, hemos venido realizando un conjunto de jornadas de discusiones en torno a esta temática en diversas regiones del país, asumiendo la responsabilidad de sistematizar el proceso de elaboración que ha surgido de ese debate.
    Como producto de dicho esfuerzo hemos elaborado casi 50 enunciados en torno al socialismo, asumiendo el estilo de tesis.
    En ocasión de nuestra participación en esta III Conferencia Internacional sobre la Obra de Carlos Marx, hemos querido aportar para este evento una parte de dichas tesis, ciñéndonos al espacio que nos otorgan los organizadores.

    III Conferencia Internacional
    La Obra de Carlos Marx y los desafíos del Siglo XXI
    La Habana, del 3 al 6 de mayo de 2006. Palacio de las Convenciones


    Ponencia para el plenario "Socialismo: el proceso emancipatorio en el siglo XXI."

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