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French25/06/15
En 1945, le Japon impérial est écrasé. Le pays est mis sous la coupe réglée des Américains et un semblant de démocratie se reconstruit. Le peuple japonais vient de sortir de plusieurs décennies d’un régime autoritaire et militariste. Un puissant désir de libération politique et sociale soulève le pays. Entre avril et mai de la même année, on recense 110 luttes pour le contrôle de la production (seisan kanri) par les travailleurs.
Des conflits sociaux éclatent dans tout le pays. Les travailleurs doivent alors affronter en plus de leur propre patron, un gouvernement hostile aux intérêts ouvriers et surtout un commandement et une armée américaine dirigés par le général Douglas MacArthur et le SCAP (Commandant suprême des forces alliées, en fait les USA). Les conflits portent autant sur des revendications économiques que sur le contrôle de la production.
Le premier quotidien japonais autogéré
Le quotidien Yomuri était dans les années 1930, l’un des trois plus importants quotidiens japonais. Ce journal était dirigé par Skoriki, farouche ultra-nationaliste. Pendant la guerre, le quotidien avait activement collaboré avec le régime fasciste nippon. En 1945, les employés du journal demandent la poursuite de Skoriki pour sa responsabilité dans la guerre et la démocratisation interne du journal. En octobre, 1 000 employés sur les 1 875 que compte le quotidien forment un syndicat. Outre les revendications démocratiques, ceux-ci exigent des augmentations de salaires, le respect du droit humains des employés et la démission collective des responsables de la rédaction. Le SCAP reste circonspect face à ce mouvement. En ce début d’occupation du pays, les autorités américaines entendent organiser la reconstruction du pays, mais elles ne peuvent pas totalement s’appuyer sur les couches dirigeantes issues de l’ancien régime. Aussi, le plus habilement possible, elle gère les contradictions sociales, veillant à ce qu’elles n’aillent pas trop loin. Si la légalisation des syndicats est acquise, pour autant le SCAP entend maintenir dans les limites raisonnables le mouvement de la lutte de classes. Ainsi, lorsque celles-ci sont dépassées, le général MacArthur intervient publiquement pour stopper des développements inquiétants. En mai 1946, il menace publiquement le mouvement populaire et ses manifestations et, plus tard, il interdit la grève générale de février 1947. La direction américaine flaire, à juste titre, un réel danger subversif dans cette ébullition nippone.
Face au refus attendu de la direction du Yomuri de satisfaire les revendications des employés, un « comité de lutte » est élu dans tous les services du journal, et l’ensemble des comités sont coordonnés par une instance dite « suprême ». Le journal est alors occupé et le 25 octobre les salariés en prennent le contrôle. Un nouveau journal, qui porte toujours le nom de Yomuri, aux positons progressistes sort des presses. Son tirage atteint 1 700 000 exemplaires. L’ensemble de la gauche (PS, PC et syndicats) le soutient. L’ancien directeur Shoriki démissionne. Un nouveau conseil de gestion (keiei kyogikai) est élu et composé dans leqquel les salariés sont représentés pour moitié. Le 12 décembre 1945, l’éditorial du Yomuri annonce à ses lecteurs : « Jusqu’ici le journal a été l’organe des capitalistes, il a opprimé le peuple… Maintenant, Yomuri a été libéré du joug du capital… Nous proclamons qu’à partir de maintenant, Yomuri deviendra le réel ami du peuple et un organe du peuple pour l’éternité ». Le Yomuri était devenu le premier journal autogéré japonais.
Des productions en réseau
Dans les mines de Takahagi, du 6 avril au 14 juin 1947, les mineurs prennent, eux aussi, le contrôle de l’extraction de charbon et c’est le syndicat qui perçoit le produit des ventes. À la même période, les ouvriers de la chimie, les mineurs et les fermiers vivent une expérience étonnante.
Tokyo Gosei était une petite entreprise chimique qui devait fermer. Immédiatement, ses 190 salariés fondent un syndicat et décident de poursuivre la production sous leur propre gestion. Ils apprennent alors que les salariés d’une autre entreprise chimique de Tokyo, Edogawa Manufacturing (500 employés), ont pris la même décision et vendent leur production au nom de leur syndicat. Des contacts sont noués et il apparaît que Edogawa Manufacturing a besoin de la matière première produite par Tokyo Gosei. Aussi les ouvriers de Tokyo Gosei passent un accord avec les salariés de Edogawa Manufacturing pour leur vendre les produits dont ils ont besoin et encaissent ainsi 300 000 yens. Le même type d’accord commercial est passé avec une association de coopératives agricoles de Niigata forte de 15 000 membres pour lui vendre des fertilisants. Des coopérations ouvriers-paysans se tissent rapidement. Ainsi l’association des coopératives agricoles échange du riz contre du charbon avec des mineurs, mais leurs achats de fertilisants avec Tokyo Gosei se paient en espèce. Tokyo Gosei vend également du méthanol à Edogawa Manufacturing qui achète en espèces du charbon aux mineurs.
En 1947, les usines de Nippo Kokan (NKK, sidérurgie) à Kawasaki et Tsurumi connaissent une forte mobilisation. Les travailleurs considéraient tout simplement que si les revendications n’étaient pas satisfaites, ils devaient expulser les directions d’entreprise et assurer eux-mêmes la production. En 1946, le Japon connaissait une grave crise d’approvisionnement. Le syndicat de NKK obtint alors le droit de fabriquer du sel dans l’entreprise en utilisant son infrastructure industrielle, pour ensuite, le distribuer aux ouvriers qui pouvaient ainsi l’échanger au marché noir contre de la nourriture. Le syndicat met également en place « un comité de crise contre le ravitaillement » qui gère cette production et sa distribution. Ce comité négocie aussi avec la compagnie des « congés d’approvisionnement » qui devaient permettre aux ouvriers d’aller dans les campagnes faire leurs opérations de troc. Ces opérations d’échange avaient lieu avec des coopératives qui allaient apporter des pommes de terre, plus tard, en solidarité avec les grévistes de NKK. Des terrains de la société laissés en friche sont également récupérés par le syndicat qui les cultive. Enfin des quantités de charbon sont allouées et distribuées par le syndicat. Cette appropriation syndicale des moyens de l’entreprise dans l’intérêt des salariés renforçait la culture syndicale autogestionnaire. Dès 1946, le syndicat avait exigé un droit de veto sur les licenciements et le monopole de l’embauche. De son côté, la direction acceptait au mieux de consulter les représentants des travailleurs sur ces sujets. Le 4 octobre 1946, la grève éclate. Le 9 octobre, la direction concède un droit de veto sur les principes de la politique d’embauche et les sanctions. Le syndicat accepte le compromis.
Alors qu’en janvier 1948, la direction refuse une augmentation salariale, le syndicat se met à examiner les livres de comptes de l’entreprise et attire l’attention de tous sur les dépenses somptuaires de la direction. Il donne consigne à ses sections d’atelier de contrôler le matériel et de signaler tout gaspillage. Le résultat de cet « audit » syndical connu, la direction de l’entreprise concède le 6 mars la prime réclamée par le syndicat. Porté par cette dynamique, le syndicat présente, le 15 mars, « Un projet pour un mouvement de relance de la production par et pour les travailleurs ». Cette initiative visait à quasiment confier aux travailleurs la gestion de l’entreprise. Elle n’était pas acceptable pour les propriétaires de l’entreprise et échoua.
Association Autogestion
8 juin 2015
http://www.autogestion.asso.fr/?p=52761960-2000 – Εργατικός 'Ελεγχος ενάντια στην Καπιταλιστική Αναδιάρθρωση, Ασία, Patrick Le Tréhondat, Εργατικός Έλεγχος, Εργατικά Συμβούλια, ΙαπωνίαTopicΝαιΝαιNoΌχι -
French17/06/15
Nationalisation et/ou contrôle ouvrier ? Cette question, une partie du mouvement ouvrier britannique se la pose au début du 20e siècle. Le terme de contrôle ouvrier (worker’s control) est parfois ambigu dans la culture politique britannique puisqu’il peut signifier tout à la fois le contrôle ouvrier ou ce que nous appelons l’autogestion qui dépasse le simple contrôle. En fait, en anglais, c’est le contexte qui en précise le contenu, avant que l’usage, peu répandu, de self-management apparaisse.
Les deux premières décennies du 20e siècle sont marquées, au Royaume-Uni par une forte mobilisation sociale. À l’été 1910, Tom Mann, dirigeant syndical, publie une brochure The Way to Win où il défend l’unité syndicale et le contrôle ouvrier et même la gestion de toute la société par les syndicats, perspective rejetée par le Labour Party. Son influence atteint les franges les plus radicalisées du mouvement syndical. Plusieurs directions syndicales revendiquent le contrôle conjoint entre l’État et les syndicats dans les entreprises publiques ou à nationaliser. D’autres demandent que les consommateurs soient également associés à ce contrôle ou à cette gestion. Le syndicat des postes élabore également un plan précis d’autogestion du service public où, dans un premier temps, la gestion est partagée entre l’État et les syndicats.
Pour la nationalisation, oui mais qui gère ?
Les syndicats des transports ferroviaires demandaient la nationalisation des chemins de fer, dès 1910, comme solution aux mauvaises conditions de travail. Cependant, certains courants syndicaux ne considéraient pas que la nationalisation pouvait être la solution des problèmes ouvriers. Ils avançaient que seule la gestion des chemins de fer par les travailleurs eux-mêmes pouvait garantir l’amélioration de leurs conditions de travail. En 1919, un autre syndicat de ce secteur déclare qu’« aucun système de propriété étatique ne sera acceptable pour les organisations syndicales, si elle ne leur donne pas la mesure nécessaire de contrôle et de responsabilité dans la sécurité et le fonctionnement des chemins de fer. » Dans le secteur minier les revendications de nationalisation et de contrôle ouvrier étaient également liées. Mouvement à la base, en dehors des syndicats, le South Wales Reform Committee, est précurseur. En 1912, il récuse la nationalisation et demande que l’industrie minière soit placée sous le contrôle des syndicats.
Pour l’unification syndicale et le contrôle ouvrier
En 1910 et 1917, un mouvement à la base se développe dans l’industrie : l’Amalgamation Committee Movement (ACM). Ses deux principaux objectifs étaient l’abolition du salariat et le contrôle ouvrier sur l’industrie. Constatant la division de l’organisation de la classe ouvrière en syndicats séparés par métier, l’ACM revendiquait « un syndicat pour une industrie ». Lors de sa fondation, il définit son but ultime ainsi : « Préparer les travailleurs à leur émancipation économique par leur prise en main des moyens de production et de distribution dans le cadre d’une organisation économique en dehors de tout contrôle du parlement, de parti, de secte religieuse etc. » Pour l’un des dirigeants de l’AMC, l’unification syndicale « formera et disciplinera les travailleurs pour l’accomplissement de leur mission historique, l’établissement de la communauté coopérative. » Des comités locaux se forment mais l’éclatement de la guerre suspend quelques mois leurs activités. Cependant, très vite, les réunions reprennent. Le mouvement est alors agité par un débat : la question de la place à donner aux délégués d’atelier et aux syndicats dans le projet de contrôle. Lors de la conférence de Newcastle en octobre 1917, la décision de fonder un nouveau syndicat est prise par 37 000 votants (200 000 bulletins de vote avaient été distribués). Le mouvement revendiquait alors 150 000 membres. Cependant, certains militants renâclent à cette perspective et proposent la fusion avec le mouvement des délégués ouvriers. Rapidement, l’AMC s’étiole. De mouvement pour l’unification syndicale et pour le contrôle ouvrier, il devient un élément supplémentaire de fragmentation syndicale
Délégués et comités ouvriers
La formation à l’été 1915 du comité ouvrier à la Clyde (du nom du fleuve qui baigne la région industrielle de Glasgow) marque le début d’un mouvement original dans la classe ouvrière britannique qui disparaît en 1922. L’année 1915 avait vu se développer un fort mouvement social fait de grèves sauvages pour des hausses de salaires et au sein duquel se forme un comité ouvrier composé de 200 délégués d’entreprises. La première grève depuis le début de la guerre éclate sur les terres de la Clyde : 10 000 ouvriers sont mobilisés. La question du contrôle ouvrier est au centre de la politique du mouvement des délégués. Il s’oppose à la « dilution » (recours massif à une main-d’œuvre peu ou pas qualifiée et/ou féminine dans l’industrie pour satisfaire aux besoins des efforts de guerre). Cette « dilution » était vécue comme une menace contre les salaires et les réactions ouvrières étaient empreintes d’un certain corporatisme. De leur côté, si les syndicats s’opposaient à la « dilution », ils disaient bien vouloir l’accepter uniquement pendant la durée de la guerre et réclamaient son annulation après celle-ci. En décembre 1915, Lloyd Georges, alors ministre des munitions, se rend à la Clyde. Il déclare ne pas vouloir rencontrer les délégués ouvriers. Mais il se ravise, comprenant que ceux-ci sont incontournables. Le 25 décembre, il rencontre 3 000 délégués et est hué. L’hebdomadaire The Worker, le journal du comité ouvrier de la Clyde, est interdit et trois de ses responsables arrêtés. Pour Lloyd George, ce voyage en terres écossaises est un échec et les employeurs hésitent à mettre en œuvre la « dilution ». Le ministre aux munitions décide de jouer la division. La tactique est gagnante : des délégués de l’entreprise de Parkhead acceptent les conditions gouvernementales. De leurs côtés, les travailleurs et leurs délégués, qui refusent encore la « dilution », hésitent à s’opposer frontalement au gouvernement – nous sommes en période de guerre – sur une question aussi sensible que la question de l’approvisionnement en munitions. L’opinion publique pourrait ne pas suivre. Des discussions s’engagent avec le gouvernement où le comité de la Clyde défend ses positions jusqu’au bout, mais au bout du compte doit reconnaître sa défaite.
Le vent d’Octobre
De nombreux comités ouvriers qui se créeront par la suite s’inspireront du programme du comité de la Clyde. De nombreuses questions n’avaient pas pour autant été éclaircies. Le contrôle de l’industrie par les travailleurs était-il suffisant pour renverser le capitalisme sans s’occuper de la machine d’État ? La révolution russe d’octobre 1917 allait apporter sa réponse à cette question dont les partisans pour le contrôle ouvrier allaient s’inspirer. En 1918, le comité de la Clyde, dans un document Direct Action signé de deux animateurs du comité, Gallacher et J.R. Campbell, demande que les terres, les mines, les usines… deviennent « la propriété communale du peuple », que les forces armées soient « démocratiquement contrôlées », les classes sociales « abolies ». Pour atteindre ces objectifs, tous les pouvoirs doivent être transférés « au congrès fédéral des conseils administratifs du peuple composés des délégués des classes laborieuses. »
Cependant, le mouvement multiforme pour le contrôle ouvrier était divisé. Lorsque les mineurs luttèrent, en 1919, pour la nationalisation de leurs entreprises et le contrôle partagé, le mouvement des comités ouvriers se désintéressa de cette lutte au motif que les mineurs demandaient le contrôle conjoint avec « l’État capitaliste ». De plus, en 1921, une évolution politique sur la question du contrôle se produisit. La section de l’industrie mécanique et la construction navale produit un long document d’orientation où la nécessité de détruire l’État bourgeois est affirmée tout en préconisant que « les syndicats partageront avec l’État le contrôle et la gestion de larges pans de l’industrie… » Le niveau de ce contrôle « dépendra des circonstances » car les auteurs ne pensaient pas que « la masse des travailleurs qui avaient vécu… sous le contrôle des fonctionnaires du capitalisme soient soudainement capables de choisir ceux qui, venant d’en bas des ateliers, seront capables ou compétents pour choisir ceux assumeront la gestion de leur industrie. » En conclusion, les auteurs du document reconnaissaient que le contrôle et la gestion, pour une courte ou longue durée « se ferait par le haut. » Certains dirigeants ouvriers écossais étaient désormais à l’école russe !
Le paysage que nous venons de décrire sur l’émergence de la question du contrôle ouvrier au Royaume-Uni au début du 20e siècle n’est pas complet. De nombreux autres acteurs ont participé activement à son élaboration dont divers courants syndicaux ou politiques. La question du contrôle ouvrier restera au Royaume-Uni dans les décennies suivantes un mot d’ordre pratique de lutte et un élément programmatique. Il ressurgira ainsi dans les années 1960 et 1970.
Pour aller plus loin
Branko Pribicevic, The Shop Stewards’ Movement and Workers’ Control 1910 1922, Oxford, Blackwell, 1959.
Association Autogestion
8 juin 2015
http://www.autogestion.asso.fr/?p=5241Αρχές του 20ού αιώνα – Εργατικά Συμβούλια και Εργατικός Έλεγχος κατά τη διάρκεια Επαναστάσεων, Patrick Le Tréhondat, Μεγάλη Βρετανία, ΕυρώπηAuthorsΝαιΝαιNoΌχι -
Portuguese, Portugal16/06/15Venezuela – Falcón - Península de Paraguaná - Punta Cardón. De 22 a 26 Julho 2015.I. AntecedentesDesde 2007, o Encontro Internacional " A Economia dos Trabalhadores é realizada a cada dois anos, articulando um espaço de debate entre os trabalhadores, ativistas sociais e políticos, intelectuais e acadêmicos sobre os problemas e potencialidades do que nós chamamos de" economia dos trabalhadores e trabalhadoras"com base em autogestão e defesa dos direitos e interesses da população que vive em seu trabalho sob as condições atuais do capitalismo neoliberal globalizado. Neste encontro, as experiências de autogestão geradas pelos povos da América do Sul, como as empresas recuperadas da Argentina, Uruguai e Brasil, os movimentos cooperativistas dos trabalhadores, as experiências de controle dos trabalhadores e gestão conjunta da Venezuela bolivariana, economia solidária e outras lutas pela auto-organização do trabalho e autogestão da economia, marcaram os eixos de debate. Uma discussão cada vez mais necessária, em que novos e antigos problemas da classe trabalhadora, atualizado nestes tempos de hegemonia neoliberal global deve ser rediscutidos e recriados.Assim, quatro reuniões internacionais, com a participação de colegas de 30 países da América, Europa, África e Oceania, em Buenos Aires (2007 e 2009), Cidade do México (2011) e João Pessoa, Brasil(2013). Na última reunião, foi decidido que a próxima, em julho de 2015, será realizada na Venezuela (Estado Falcon-Península de Paraguaná), e promover a organização de reuniões por região nos anos seguintes. Com grande sucesso, estes encontros regionais foram realizados, o primeiro na Europa, na fábrica recuperada frnacesa Fralib, em Gémenos, Marselha, 31 de janeiro e 01 de fevereiro de 2014. Também foi feito o Encontro Sul-Americano, de 3 a 4 outubro, em uma fabrica recuperada argentina, Têxteis Pigüé, o que significou o retorno desses debates para a Argentina, onde começou este processo de discussão internacional. Posteriormente, em 6, 7 e 8 de novembro, foi feito o último encontro regional, correspondente à América do Norte e Central e do Caribe na Cidade do México. Este evento aconteceu nas instalações da Universidade dos Trabalhadores do México, como parte de uma grande mobilização popular para os momentos terríveis que passa o povo mexicano, entre outros, uma declaração de solidariedade pelo esclarecimento do desaparecimento dos estudantes de Ayotzinapa, porque o encontro "A economia dos trabalhadores" não é apenas um espaço para debate, mas o compromisso com as lutas da classe trabalhadora e dos povos do mundo.II.-FundamentaçãoNos países do Terceiro Mundo, especialmente na América Latina, amplos movimentos sociais, organizações populares e movimentos de trabalhadores passaram a desenvolver processos de organização de base que em muitos casos têm sido expressos na autogestão das unidades econômicas produtivas ou de serviços, incluindo populares no caso de empresas recuperadas por seus trabalhadores e outras formas de co-gestão, controle dos trabalhadores e autogestão do trabalho, tanto urbanas como rurais. Em alguns casos, esses movimentos populares ganharam influência a nível do governo, como pode ser visto em vários países da América do Sul, colocando a questão do papel dos Estados como potenciais intensificadores desses processos, bem como objetos de disputada e aparato de poder tradicional, e colocando em discussão novamente a relação entre o poder do Estado e da autonomia do movimento popular.O Encontro "A Economia dos Trabalhadores 'visa estas e outras questões relacionadas com a luta dos trabalhadores em diferentes perspectivas e debate entre os contextos nacionais, regionais e internacionais, articulando o mundo academico comprometido com essas lutas com trabalhadores e ativistas social. Pesquisar e formar um espaço de debate que se desenvolveu a partir da perspectiva de experiências de autogestão econômica dos trabalhadores como um ponto de partida. Empresas recuperadas, experiências de cooperativas de trabalho de auto-gestão, movimentos de trabalhadores sindicalizados, os trabalhadores rurais, movimentos sociais, movimentos políticos e intelectuais, entre outros, desenvolveram este encontro, que participaram de edições sucessivas de mais de 30 países.Reiteramos aqui o que observamos em documentos de chamadas anteriores: "embora de forma desigual e não hegemônica, em todos os setores manifestações de uma classe trabalhadora cada vez mais diversificadas e que apresentam alternativas que não não se limitam à esfera econômica, mas também alcançar áreas que vislumbra uma sobreposição com processos culturais, com base em relações não-capitalistas, resultam espaços prefigurativo onde eles podem rediscutir relações internas de poder e de gênero, bem como as relações com a comunidade. Estes processos presentes em fábricas recuperadas e emergentes empresas autogestionárias, permitem pensar que homens e mulheres trabalhadores a partir do planejamento consciente podem apresentar à humanidade um modelo alternativo ao capitalismo.É então que a proposta do Encontro " AEconomia dos Trabalhadores" é desenvolver uma sistemática com base nas experiências, tanto crítica e resistência à gestão da economia por parte dos capitalistas, como na formação próprias formas de condução do classe trabalhadora. Portanto, a chamada para o V Encontro Internacional na Venezuela, na sequência da iniciativa dos trabalhadores do Conselho Socialista de Trabalhadores da Vtelca e um grupo de organizações da classe trabalhadora venezuelana. Desde 2011, os trabalhadores da Zona Franca deParaguaná "Donato Carmona" vem articulando um conjunto de ações que permitiram revelar as contradições do sistema capitalista global e, por sua vez, assumir o seu papel histórico como a classe trabalhadora e foi se formando na Venezuela um movimento nacional para o controle dos trabalhadores e os conselhos socialista dos Trabalhadores. Ambos têm o papel organizacional do V Encontro.III: Áreas de conhecimentoV Reunião a ser realizada na Venezuela serão organizados em tabelas de produção de idéias para as seguintes áreas:• Crise do capitalismo global e na América Latina: análise e respostas a partir da economia e trabalhadores.• Debates sobre a autogestão, co-gestão, o controle dos trabalhadores, cooperativas, empresas de produção social e outras formas de fazer economia a partir dos trabalhadores.• Problemas de construção de uma economia política de trabalho: gestão, produção e integração da produção, tecnologia, situação jurídica.• governo do povo, os municípios, propriedade social e território.• O papel da classe operária na transformação do Estado.• Desafios do sindicalismo e outras formas de organização dos trabalhadores no capitalismo neoliberal global.• O trabalho precário, servil e informal: a exclusão social ou reformulação das formas de trabalho no capitalismo global?• sistema de Educação para gestão participativa, protagônica e democrática dos trabalhadoresIV.-Metodologia de Reunião.Ao longo dos vários encontros internacionais e regionais, desenvolveu-se uma metodologia de discussão e coordenação, que é organizado em diferentes instâncias que se destinam a facilitar a participação e profunda discussão detalhada dos eixos acima. Os eixos são destinadas a organizar o debate mas não limitam as possibilidades de temas estritamente explícitados. Os diferentes níveis de discussão são mesas com expositores locais e internacionais selecionados pelo comitê organizador; oficinas com apresentações e tópicos especiais; e comissões de trabalho. Além disso, espaços para atividades culturais relacionadas.1. Mesas expositivas: são mesas compostas por componentes selecionados pela organização de acordo com os temas. Elas são organizadas a partir dos eixos e envolve a combinação de expositores nacionais com trabalhadores internacionais, manuais e intelectuais, de acordo com o caso. Eles servem como gatilhos para o debate. Em cada mesa há um tempo para exposições e para perguntas ou declarações de participantes. As mesas estão no espaço central e não se sobrepõem a outras atividades.2. Os grupos de trabalho: organizados por eixos e são simultâneos. Nas mesas se agrupam as apresentações e exposições dos trabalhadores sobre suas experiências (sem papel escrito, mas um breve resumo do conteúdo). Haverá também workshops e grupos de discussão sobre temas específicos propostos por uma das organizações participantes ou da comissão organizadora.3. Comissões: são espaços abertos sem expositores predeterminados, com discussão sobre os temas do encontro. Eles se alimentam de conteúdos criados em palestras e mesas de trabalho.V. Prazos:1-Prazo para envio de resumos: 15 de maio de 20152. Prazo para submissão de trabalhos completos e propostas de apresentação para grupos sociais e trabalhadores: 27 de junho de 2015.3. Os trabalhos podem ser submetidos preferencialmente em Inglês, Espanhol, Francês e Português. Eles devem ser enviados em formato Word ou ODT, em Times New Roman 12 e espaçamento 1,5 máximo de 15 páginas.4. A reunião é de livre acesso, registro junto à comissão organizadora.VI Reunião Sede:A reunião será realizada em Punto Fijo, Paraguana, Estado de Falcon. Será desenvolvido na Zona Franca Industrial Paraguaná "Donato Carmona" Estado Falcon, República Bolivariana da Venezuela.VII.-Equipe Organizadora em Punto Fijo:Conselho Integrado de Trabalhadores (CIT) da Zona Franca Industrial Paraguaná. VTELVA composto de trabalhadores; VIT; VIETVEN e UNERVEN.2015 V Encontro de Coordenação na Venezuela-Falcon-Paraguana Peninsula:• Franklin Medina, trabalhador da Universidade Bolivariana da Venezuela. Telefone 04146968644, e-mail franklinmedina45@gmail.com• Maximiliano Zapata, trabalhador da Venezolana de Telecomunicaciones CA Telefone 04266691827, e-mail maxzm7@gmail.com• Oscar E. Galicia, trabalhador da Venezolana de Telecomunicaciones CA Telefone 04265644050, e-mail galicia.vtelca@gmail.com• Oscar J Galicia, trabalhador da Venezolana de Telecomunicaciones CA Telefone 04265642887, e-mail zamarrojesus@gmail.com• Jaime Corena, Trabalhador da Corpivensa. Telefone 04168649255, e-mail salomonxyz1952@gmail.comComissão co-organizador na Venezuela:Movimento Nacional para o controle dos trabalhadores.Frente Nacional de Luta da Classe Trabalhadora.Juventude Venezuelana pela industrialização socialista JUVINDUS.Movimento Gayones.Escola Cocriana de trabalhadores socialistas (Edo. Falcon).MEGUN / Movimento Estudantil Pessoas Unexpo (Edo. Miranda).Comitê Internacional de OrganizaçãoPrograma Escola Aberta. Seube, Faculdade de Filosofia e Letras da Universidade de Buenos Aires. Argentina.Têxteis Pigüé cooperativa. Argentina.INCUBES-Universidade Federal da Paraíba, Brasil.área de estudos do trabalho do Departamentode relações sociais da Universidade Autônoma Metropolitana-Xochimilco, México.Núcleo de Solidariedade Técnica (SOLTEC), UFRJ, Brasil.Programa Processos de reconfiguração do Estado, a força social e construção de hegemonias, Instituto de Antropologia, FFyL, UBA.Unidade de Extensão da Faculdade de Ciências Social da Universidade da República, Uruguai.Carrera Relações do Trabalho, Universidade Nacional de Jauretche (UNAJ), ArgentinaAssociação de autogestão(França)Rede Workers Control.net (International)Officine Zero e Ri-Maflow, fábricas recuperadas (Itália)Centro de Justiça Global (México / EUA)ICEA (Instituto de Ciências Econômicas e de autogestão, Estado Espanhol)Centro de Aprendizagem, Economia Social e Trabalho (CLSEW), Universidade de Toronto, CanadáCasa dos trabalhadores, Córdoba, Argentina.Fórum da Juventude (Colômbia)Trabalhadores da fábrica Vio.Me (Thessaloniki, Grécia)Programa de Antropologia e História da relação capital-trabalho no contexto contemporâneo, Universidade Nacional de Córdoba.Contato comissão organizadora internacional:Andrés Ruggeri (Programa Escola Aberta, UBA, Argentina): andres.ruggeri@gmail.comComunicação emPortuguês: Flávio Henriques Chedid (SOLTEC, UFRJ, Brasil): flaviochedid@gmail.comInglês: Marcelo Vieta (Universidade de Toronto): marcelo.vieta@utoronto.caFrancês: Richard Neuville (Asociation pour l'autogestão, França): neuville.richard@wanadoo.frRelatórios, registro e apresentação de propostas para quintoencuentrovenezuela@gmail.comΑνακτημένες Επιχειρήσεις, Self-directed Enterprises, Εργατική Αυτοδιαχείριση, Εργατικός Έλεγχος, Εργατικά Συμβούλια, 21ος αιώνας – Εργατικός Έλεγχος στη Σύγχρονη Εποχή, Βενεζουέλα, Λατινική ΑμερικήTopicΝαιΝαιCurrent DebateΌχι
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French08/06/15
Le gouvernement conservateur d’Edward Heath décide de fermer les chantiers navals de Glasgow dont l’État est actionnaire significatif. Les salariés prennent alors le contrôle de l’entreprise et honorent le carnet de commande en cours. Après 16 mois de lutte, le gouvernement cédera et apportera les fonds nécessaires à la poursuite de l’activité.
Les chantiers navals écossais de l’Upper Clyde Shipbuilders (UCS) sont nés en 1968 de la fusion de plusieurs entreprises. L’État détenait 48,40 % des actions. En 1971, le gouvernement conservateur d’Edward Heath annonça refuser soutenir plus avant ce « canard boiteux ». Après le refus du gouvernement d’apporter un soutien financier à l’entreprise, celle-ci entra dans une procédure de liquidation, bien que son carnet de commandes était rempli. Le même gouvernement de droite qui nationalisera, dans la même période, Rolls-Royce pour la sauver de la faillite.
Sur les chantiers, 6 000 emplois sur 8 5000 devaient être supprimés. De plus, 10 à 20 000 travailleurs employés chez des sous-traitants étaient concernés. Du côté syndical, pour s’opposer à la fermeture des chantiers, plutôt que de s’engager dans la grève, forme traditionnelle d’action, il fut choisi d’entamer une « grève active » et de réaliser le carnet de commande. Cette stratégie audacieuse avait été initiée par un groupe de jeunes délégués dont Jimmy Reid, Jimmy Airlie, Sammy Gilmore, et Sammy Barr, dont certains étaient membres du parti communiste, bien, que ce dernier s’opposait à l’autogestion. L’idée était de démontrer en pratique la viabilité de l’entreprise et surtout que celle-ci pouvait continuer à fonctionner sous gestion ouvrière. La décision est prise le 13 juin 1971 au cours de la rencontre de 200 délégués. Devant une foule innombrable des travailleurs des chantiers, Jimmy Reid déclare :
« Nous n’allons pas faire grève. Nous n’allons pas faire grève avec occupation. Rien ni personne ne rentrera, ni ne sortira sans notre permission. Et il n’y aura ni hooliganisme, ni vandalisme, il n’y aura pas d’ivrognerie, car le monde nous regarde. Le monde est témoin de la nouvelle tactique des travailleurs. »
Étrangement, ces paroles ressemblent à ce que devait dire trente ans plus tard, un autre ouvrier d’un chantier naval situé plus de mille kilomètres à l’est. Cela se passait lors de l’occupation chantier naval de Gdansk (Pologne) avec Lech Walesa, futur dirigeant du syndicat Solidarnosc promoteur d’un projet de République autogérée.
Prise de controle
Le 29 juillet 1971, le gouvernement déclare sa décision de fermeture des chantiers irréversible. Le lendemain, la prise de contrôle ouvrier des chantiers prend effet. Les gardiens des portes des chantiers sont alors informés de la nouvelle situation. Toute entrée ou sortie est désormais sous la supervision des délégués des travailleurs. La police, prudente, déclare ne pas vouloir intervenir.
Un comité de coordination réunit les délégués des chantiers qui représentent tous les métiers de l’entreprise, y compris les services administratifs. D’autres réunions de délégués avaient lieu par secteur d’activité. Les décisions concernant les orientations générales de la lutte étaient prises dans des assemblées plus larges. Les 300 travailleurs qui avaient été, d’ores et déjà, déclarés licenciés continuaient à travailler sous la responsabilité des délégués. Leurs salaires leur étaient versés par le comité financier de la lutte, même si le refus des licenciements était une revendication centrale du mouvement. Soutenir cette lutte qui était devenue un enjeu national pour le mouvement ouvrier, les membres des syndicats de toute la Grande Bretagne versaient 50 pence par semaine à un fonds de soutien aux Clyde. Le comité des délégués contrôlait, par ailleurs, le bon versement des paies de ceux qui étaient encore sous contrat avec la Clyde. Les bateaux continuaient ainsi d’être construits sous le contrôle des travailleurs.
Ce choix déconcertant de lutte gagna également la sympathie de la ville de Glasgow, où étaient situés les chantiers navals, et une des manifestations de soutien rassembla 80 000 personnes. John Lennon apporta 5 000 £ à la caisse de soutien à la lutte. La stratégie était d’étendre le conflit hors de l’entreprise pour construire un rapport de force avec le gouvernement et qu’il irrigue toute la société écossaise. Par exemple, lors de l’élection du recteur de l’université de Glasgow, les étudiants présentèrent la candidature de Jimmy Reid, un des animateurs de la lutte 1 qui fut élu contre deux « personnalités universitaires distinguées » et exercera, par la suite, cette fonction universitaire.
Les liquidateurs des chantiers navals, qui étaient sur place, durent accepter l’occupation de l’entreprise. Ils devaient s’apercevoir, eux aussi, très vite, que le chantier naval était passé le controle de travailleurs qui s’exercera de juillet 1971 à novembre 1972. De fait, leur tâche était devenue impossible.
Qui était réellement propriétaire de l’entreprise ? Une situation de double pouvoir s’était instaurée dans l’entreprise. Une forme d’appropriation sociale rampante et partielle se construisait au fur et à mesure que les travailleurs exerçaient un pouvoir, tout nouveau pour eux, sur l’entreprise. Une nouvelle légalité sur le droit de propriété des moyens de production s’était instaurée. Une forme de démembrement de celui-ci par lequel les travailleurs se considéraient légitimes à disposer du droit de gestion de l’outil de travail et dont les propriétaires, de facto, étaient dépouillés. Il n’est pas question de magnifier la nature de la lutte. Les carnets de commandes dépendaient des entreprises capitalistes et le Royaume Uni ne connaissait pas un processus de transformation sociale. Cependant, l’expérience de la Clyde constitue bien ce temps germe qui inspire et même éduque une classe dominée sur ses capacités et son pouvoir de prendre les postes de commande pour au bout du processus, fait d’avancées et de reculs, constituer une alternative révolutionnaire à la société capitaliste.
Après 16 mois de lutte, le gouvernement conservateur accepta de soutenir l’UCS (35 millions de £ d’aide). La liquidation est abandonnée et les emplois sauvés. Plus tard, l’entreprise fut alors restructurée et séparée en deux entités. Deux chantiers sur trois restèrent en activité. En 1977, le gouvernement travailliste d’Harold Wilson nationalisera les chantiers navals, revendication des travailleurs.
Jimmy Reid (1932-2010). Militant syndical, figure emblématique du mouvement, membre du parti communiste au moment de la lutte de la Clyde, il rejoint plus tard le parti travailliste puis le Scottish National Party en 2005 et soutient l’indépendance écossaise. ↩
Association Autogestion
8 juin 2015
http://www.autogestion.asso.fr/?p=55831960-2000 – Εργατικός 'Ελεγχος ενάντια στην Καπιταλιστική Αναδιάρθρωση, Patrick Le Tréhondat, Εργατικός Έλεγχος, Μεγάλη Βρετανία, ΕυρώπηTopicΝαιΝαιNoΌχι -
French02/06/15
Pendant près de 20 ans, l’Institut for Worker’s Control (IWC) a défendu, au Royaume Uni, le drapeau du contrôle ouvrier et de l’autogestion dans les syndicats et les partis de gauche, notamment au sein du parti travailliste. Ses membres ont influencé de nombreuses luttes ouvrières dans ce sens. Un héritage à ne pas oublier.
L’IWC a été fondé en 1968 lors de la 6e conférence sur le controle ouvrier qui s’est tenu l’université de Nottingham à l’initiative de Michael Barratt Brown, Ken Coates et Tony Topham. Dans les années précédentes, de nombreuses autres conférences, sous le label Workers’ Control, avaient eu lieu, toujours avec la participation de syndicalistes, de membres de la gauche du parti travailliste et d’universitaires. En 1965, deux conférences auront lieu dont l’une avait pour thème « l’ouverture des livres de comptes » qui sera pendant plusieurs années un thème de campagne de l’IWC. La même année, le groupe de travail de Sheffield produit un plan détaillé pour le contrôle ouvrier dans la sidérurgie et les docks.
Un outil de réflexion et d’action
L’IWC se définissait comme « un instrument de recherche et d’éducation pour coordonner les discussions et l’information entre les groupes pour le contrôle ouvrier et les syndicats, fournir des conférenciers et produire des publications sur la démocratie et le contrôle ouvrier. » En 1969, Michael Barratt Brown et Ken Coates reviennent sur les conditions de création de l’IWC dans la brochure The « Big Flame » and What is the IWC?, (La « Grande Flamme » était le nom d’un fameux documentaire de 1969 réalisé par Ken Loach sur l’occupation des docks à Liverpool). Ils constatent qu’en 1968 « la revendication tant des étudiants que des travailleurs d’un contrôle sur les vies est à l’évidence un phénomène international ». Et citent, à l’appui de cette affirmation, outre les développements des luttes en Grande-Bretagne, le Mai 68 français et « la magnifique résistance des étudiants et travailleurs tchécoslovaques » ainsi que d’autres mouvements internationaux. Ils mentionnent également la contribution des expériences algérienne et yougoslave « où des expériences d’autogestion ont eu lieu. » Ils rappellent également « que le président de l’IWC est un docker londonien et ce n’est pas pour rien que la première émission de la BBC sur l’IWC était consacrée à la grève des dockers [de Liverpool] qui avaient géré eux-mêmes les docks [pendant le conflit] jusqu’à l’arrivée de l’armée et de la police pour briser le mouvement. » Enfin, ils précisent que « l’Institut ne cherche pas à prendre la place ou à usurper le rôle des syndicats ou des partis du mouvement ouvrier dans l’élaboration de leur stratégie, mais plutôt à leur proposer un forum ouvert et utile sur une question cruciale. »
Fin 1973, l’IWC avait déjà publié 38 brochures et en publiera 93 au cours de son existence. La première date de 1968 et est signée Hugh Scanlon (dirigeant du syndicat Amalgamated Union of Engineering Workers et qui avait rompu avec le parti communiste en 1954), The Way Forward for Workers’ Control, (Le chemin vers le controle ouvrier). Relevons également parmi les titres publiés The New Society: Planning and Workers’ Control (La nouvelle société : planification et contrôle ouvrier) signé John Eaton de 1972 ou bien encore, en 1973, par Walter Kendall, State Ownership, Workers’ Control and Socialism, (Propriété d’État, contrôle ouvrier et socialisme).
Deux brochures sont consacrées au contrôle ouvrier dans l’industrie automobile, deux également dans la sidérurgie et une dans le secteur minier et les docks et même une sur « le contrôle des fermiers » dans le domaine agricole. En 1973, Michael Barratt Brown and Stuart Holland publiera Public Ownership and Democracy (Propriété publique et démocratie). Seront également proposés en 1969, une contribution d’Ernest Mandel, A Socialist Strategy for Western Europe (Une stratégie socialiste pour l’Europe de l’Ouest) et d’Antonio Gramsci, Soviets in Italy, (Des soviets en Italie).
Gestion ouvrière en actes
L’IWC n’était pas à l’écart des luttes ouvrières et inspira nombre d’entre elles. En 1972, lorsque l’entreprise de chaussures Sexton, Son and Everard annonce sa mise en faillite, les 700 salariés décident l’occupation de l’entreprise et la prise de contrôle des machines et des stocks. Mais avant que ces décisions soient mises en œuvre, un plan de reprise est trouvé. Il ne garantit que 500 emplois et exclut 45 travailleuses de l’unité de production de Fakenham. Celles-ci refusent ce plan qui conduit à leurs licenciements et les apaisantes consignes de l’organisation syndicale qui, de fait, les abandonnent parce qu’elles sont des femmes. Les groupes féministes ne s’y trompent pas et soutiennent ardemment la lutte des ouvrières de Fakenham qui décident d’occuper l’entreprise et la déclarent « sous contrôle ouvrier ». Elles reprennent la production grâce aux stocks et aux machines gardés sous leur controle. Les chaussures produites portent désormais l’étiquette « Fakenham Occupation Workers ». Après 18 semaines d’occupation et de production, elles obtiennent un soutien financier d’une fondation et fondent leur coopérative Fakenham Enterprises qui fonctionnera plusieurs années.
En 1974, l’IWC accueillit avec espoir l’arrivée des travaillistes au pouvoir, en particulier son engagement en faveur de la « démocratie industrielle ». La présence de Tony Benn, soutien de l’IWC, au gouvernement comme secrétaire d’État à l’industrie constituait un point d’appui. Ce dernier apporta, malgré l’opposition d’autres membres du gouvernement, un soutien financier de l’État à trois coopératives de production nées d’un refus de fermeture d’entreprise.
Cependant, les espoirs furent de courtes durées, car la commission qui devait explorer la question de la démocratie industrielle n’alla pas plus loin que d’évoquer le modèle de la co-gestion allemande (qu’une des brochures de l’IWC dénonçait) et le dossier fut clos. Malheureusement, au cours de la décennie 1975-1985, les reculs accumulés par le mouvement social, notamment syndical, et le tournant droitier de plus en plus prononcé du Labour réduisent l’espace politique pour les idées autogestionnaires et l’IWC disparaît au début des années1980. Il laisse derrière lui une riche somme d’écrits et d’expériences.
Certaines brochures du l’IWC sont disponibles en fichier pdf sur le site de Socialist Renewal
Association Autogestion
1er juin 2015
http://www.autogestion.asso.fr/?p=51921960-2000 – Εργατικός 'Ελεγχος ενάντια στην Καπιταλιστική Αναδιάρθρωση, Patrick Le Tréhondat, Εργατική Αυτοδιαχείριση, Εργατικός Έλεγχος, Μεγάλη Βρετανία, ΕυρώπηTopicΝαιΝαιNoΌχι -
French27/05/15Un an après la signature de fin de conflit avec le géant Unilever, les anciens salariés de Fralib, devenus sociétaires de la coopérative SCOP-TI, présentaient leurs deux nouvelles gammes de produits.
Un an après la signature de fin de conflit avec le géant Unilever, les anciens salariés de Fralib, devenus sociétaires de la coopérative SCOP-TI, présentaient leurs deux nouvelles gammes de produits. Les machines vont prochainement reprendre du service afin de remplir les rayons des distributeurs pour l’automne, période propice à la consommation des boissons chaudes. Une nouvelle histoire d’une production éthique et écologique est en train de s’écrire.
Mardi 26 mai 2015, mobilisation des grands jours à Gémenos (13) chez les Fralib, pardon les SCOP-TI comme on doit les appeler dorénavant. Un an, jour pour jour, après la signature du protocole d’accord avec Unilever, les nouveaux sociétaires de la coopérative dévoilaient à la presse, et aux nombreux amis qui les ont soutenu tout au long de leur lutte, la nouvelle marque sous laquelle, ils allaient commercialiser leur production. 13H30, Gérard Cazorla, le nouveau président du Conseil d’administration, annonce que la marque sera dévoilée à 13h36 précise. Et devinez pourquoi ? 1336 jours de lutte, la marque s’appellera donc 1336 !
En réalité il y aura deux marques. 1336 sera la marque destinée à la grande distribution et déclinée en 16 parfums de thés et d’infusions, dont une infusion pomme-olive comme pour rappeler les anciennes usines normande et provençale de l’ancienne Fralib aujourd’hui fermées. Décidément, on aime les symboles chez les SCOP-TI ! Un packaging soigné avec un slogan « Eveille les consciences, réveillent les papilles » qui résume la philosophie du produit. Un packaging qui nous ramène à l’essentiel : des produits de qualité ayant définitivement rompu avec les parfums de synthèse – doux euphémisme pour parler de produits chimiques – qu’Unilever avait introduit il y a maintenant près de quinze ans. Un texte sur le packaging qui explique la signification de ces 1336 jours de lutte et le pourquoi de cette gamme. « Nous voulons que SCOP-TI soit synonyme de qualité tout en étant accessible au plus grand nombre » explique clairement Gérard Cazorla. La deuxième gamme s’appellera tout simplement SCOP-TI, du nom de l’entreprise. Dans celle-ci, exclusivement des produits certifiés bio et commercialisés dans les filières alternatives telles que des supermarchés bio ou des associations de consommateurs de type AMAP. 9 produits ont été présentés dans cette gamme dont le conditionnement se fera en sachets mousseline.
Le choix des fournisseurs en dit long sur la rupture opérée avec ce qui se pratiquait antérieurement. Des accords ont été passés avec le syndicat du tilleul des Baronnies (Drôme) et Herbier du Diois, un groupement régional de producteurs. « Nous essayons de nous fournir en local dès que cela est possible, explique Gérard Cazorla, malheureusement la verveine, par exemple, a disparue de France. » Pour les thés, SCOP-TI a choisi de développer une démarche de coopération avec des producteurs qu’ils connaissent comme en témoigne le récent voyage d’Olivier Leberquier, ancien délégué syndical CGT, au Vietnam.
Tout salarié sait qu’un conflit est usant tant l’incertitude et les enjeux sont grands. On imagine sans peine les vicissitudes personnelles qu’ont connu les Fralib avec pas loin de quatre ans de conflit et occupation d’usine. Ce mardi, l’ambiance était clairement à la détente et à la convivialité lors de cette présentation. Tous les esprits sont désormais tournés vers le futur avec la présentation de ces gammes. Les anciens salariés de Fralib qui ont souhaité participer à la coopérative sont embauchés au fur et à mesure de la fin de leurs indemnités de chômage. « On a signé les contrats de travail de 11 personnes la semaine dernière, 7 de plus ce matin et il y en aura d’autres prochainement » explique Xavier Imbernon, un des nouveaux salariés sociétaires. A quel niveau de salaire ? Les coopérateurs devant jouer la prudence, il a été jugé bon de les réduire par rapport à l’époque d’Unilever, sachant que tout résultat supplémentaire engrangé par la SCOP reviendra aux salariés. « On a éliminé ce qui coûte le plus, l’actionnaire proclame Olivier Leberquier. Nous avons plus de marge au niveau économique pour rentabiliser l’entreprise. » Il a été décidé par les salariés en Assemblée générale de ne plus retenir que trois niveaux de salaires avec une différence de seulement 30 % entre le plus haut et le plus bas. Il semblerait que le premier niveau soit aux environs de 1500 euros nets. « On a adopté un niveau de salaire suffisant pour pouvoir vivre » résume Gérard Cazorla.
Mais pour payer ces salaires, quel chiffre d’affaires et quelles marges peut-on espérer ? Les coopérateurs ne cachent pas que des négociations sont en cours pour réaliser du travail à façon pour des marques de distributeurs (MDD). A côté de cela, l’entreprise s’est associée à quatre commerciaux indépendants pour lancer les deux gammes de la coopérative afin de lui apporter son indépendance à long terme. Thomas Blanchard, 10 ans de présence chez Nestlé et une bonne expérience de vente en GSA (Grande surface alimentaire) ne cache pas les raisons qui l’ont amené à travailler avec SCOP-TI : « Je travaille dans un esprit de patriotisme économique. Je refuse que l’on accepte la fatalité de la désindustrialisation. Nous avons des outils de production en état de marche qui doivent servir. » Il nous indique que des pourparlers sont en cours avec de grandes enseignes de la distribution pour la gamme 1336. « Notre objectif est de réaliser 200 tonnes en 2016 avec un part de marché de 3 %. » Objectif ambitieux mais à la hauteur de ce que réclament désormais les consommateurs : des produits de qualité avec une transparence totale sur les filières d’approvisionnement. N’est-ce pas ce que met aujourd’hui en pratique SCOP-TI ?
Dans la lutte, une association de soutien, Force et bon thé, s’était créée. Avec le lancement de la coopérative, cette association aura tout son rôle à jouer pour aider au rayonnement de SCOP-TI, souscrire au capital de la coopérative – l’association est le 58e membre de celle-ci – et d’être un lieu de rencontre privilégié avec les citoyens. Christian Affagard, ancien délégué de la CFE-CGC, aujourd’hui à la retraite, s’est proposé de devenir son président. Une association qu’il faut rejoindre massivement, d’autant que la cotisation ne s’élève qu’à 13,36 euros. Cela ne s’invente pas !
Ce sera donc dans les prochains mois que tout se jouera pour SCOP-TI. Une première étape de constitution de la coopérative, de définition des produits est désormais réalisée. Les machines vont recommencer à tourner tout l’été de façon à « être présent dans les rayons à l’automne, période propice pour recommencer à s’abreuver de boissons chaudes » comme l’indiquait Olivier Leberquier. Une autre façon de concevoir la production est en train de se construire sur les ruines que nous laissent les financiers : une production utile et à finalité sociale et écologique. Comme le rappelait Olivier, « Cette lutte, on l’a faite pour pouvoir vivre et faire vivre nos familles ; on ne rêve pas d’être milliardaires. » Souhaitons leur bonne chance et gageons que demain, dans les bars, le serveur nous demandera spontanément : une 1664 ou un 1336 ?
Association Autogestion
27 mai 2015
http://www.autogestion.asso.fr/?p=5224Benoît Borrits, Συνεταιριστικό Κίνημα, Fralib, Ανακτημένες Επιχειρήσεις, Εργατική Αυτοδιαχείριση, 21ος αιώνας – Εργατικός Έλεγχος στη Σύγχρονη Εποχή, Γαλλία, ΕυρώπηTopicΝαιΝαιNoΌχι -
French22/05/15
Même si c’est dans les campagnes que les socialisations anarchistes les plus systématiques ont eu lieu, la révolution a aussi été une réalité dans les villes. En Espagne à cette époque, au moins deux millions de personnes, sur une population totale de 24 millions, travaillaient dans l’industrie, 70 % de celle-ci étant concentrée sur une seule région, la Catalogne. Ici, dans les heures qui ont suivi l’offensive fasciste, les travailleurs ont pris le contrôle de 3000 entreprises. Ceci incluait tous les services de transport, de livraison, d’électricité et d’énergie, de gaz et de traitement des eaux, les usines d’automobiles et de mécanique, les mines, les cimenteries, les usines de textile et de papiers, les centrales chimiques et électriques, les usines de bouteilles en verre, les parfumeries, l’agro-alimentaire et les brasseries.
C’est dans les zones industrielles que les premières collectivisations ont eu lieu. La veille du putsch militaire, une grève générale avait été appelée par la CNT. Une fois la période des premiers combats passée, il était clair que l’étape suivante consistait à s’assurer que la production allait se maintenir. Une bonne partie de la bourgeoisie favorable au général Franco a fui après la défaite de l’insurrection des forces armées. Les usines et ateliers possédés par ceux-ci furent immédiatement saisis et remis en route par leurs travailleurs. D’autres secteurs de la bourgeoisie refusaient de maintenir les usines en fonctionnement et les fermaient, ce qui revenait à aider indirectement Franco. La fermeture des usines et ateliers augmentait le chômage et la pauvreté, ce qui faisait le jeu de l’ennemi. « Les travailleurs l’ont instinctivement compris et ont mis en place dans presque tous les ateliers des comités de contrôle qui avaient comme objectif de surveiller la progression de la production et de vérifier la situation financière des propriétaires de chaque établissement. Dans de nombreux cas, le contrôle était transféré à un comité de direction dans lequel les patrons étaient traités de la même façon que les travailleurs et payés de façon identique. C’est ainsi qu’un nombre significatif d’usines et d’ateliers de Catalogne passèrent dans les mains des travailleurs présents. » 1
Il était de la plus haute importance de créer, sans tarder, une industrie de guerre capable de fournir le front et de remettre en fonctionnement les systèmes de transport afin d’acheminer les milices et les munitions sur le front. C’est ainsi que les premières expropriations d’industries et de services publics ont eu lieu afin d’assurer une victoire sur le fascisme, permettant aux militants anarchistes de profiter de la situation pour avancer dans leurs objectifs révolutionnaires.
Le rôle de la CNT
Cette révolution sociale se comprend mieux si elle est replacée dans le contexte d’une histoire relativement longue de traditions ouvrières et de luttes sociales. La CNT, qui était la force motrice des collectivisations, existait depuis 1910 et rassemblait 1,5 million de membres en 1936. Le mouvement anarcho-syndicaliste a existé en Espagne depuis 1870. De sa naissance à la réalisation, certes partielle, de son idéal ultime durant cette révolution sociale, il avait une histoire d’engagements permanents dans des luttes sociales intenses, « grèves partielles et générales, sabotages, manifestations publiques, rassemblements, luttes contre les casseurs de grève, emprisonnements, déportations, procès, soulèvements, lock-outs et même quelques attentats. » 2
Les idées anarchistes étaient très répandues en 1936. La diffusion des publications anarchistes de cette époque nous en donne une idée : il y avait deux quotidiens anarchistes, l’un à Barcelone, l’autre à Madrid, tous deux organes de la CNT avec une diffusion comprise entre 30 000 et 50 000. S’y rajoutaient dix périodiques en plus de quelques revues anarchistes dont la diffusion pouvait aller jusqu’à 70 000. Dans tous les papiers, pamphlets et livres anarchistes, comme dans leurs syndicats et réunions de groupe, la question de la révolution sociale était continuellement et systématiquement débattue. Ainsi, la nature radicale de la classe ouvrière espagnole, politisée par la confrontation et les luttes, conjuguée à l’influence des idées anarchistes signifiait que dans une situation révolutionnaire, les anarchistes étaient capables d’obtenir un soutien populaire massif.
La CNT avait comme fondement une profonde tradition démocratique. Les décisions concernant tout sujet local et immédiat tel que les salaires et conditions de travail étaient dans les mains des adhérents locaux qui se rencontraient régulièrement en assemblée générale. L’aide mutuelle et la solidarité entre les travailleurs était encouragée et présentée comme le facteur essentiel du succès d’une grève. La CNT organisait tous les travailleurs sans distinction de qualifications. En d’autres termes, les travailleurs étaient encouragés à ne former qu’un seul syndicat avec des sections pour chacune des industries plutôt que des syndicats différenciés par métier à l’intérieur d’une industrie. Autant la tradition démocratique que la nature industrielle du syndicat ont fortement influencé les structures des collectifs révolutionnaires, qui généralement, sont nés à partir et formés par les syndicats de l’industrie déjà en place.
Un autre aspect important de la CNT qui a pesé en faveur de la révolution était l’utilisation de l’action directe. « La CNT a toujours préconisé ‘l’action directe par les travailleurs eux-mêmes’ comme moyen de résolution des conflits. Cette politique encourageait la réciprocité et la confiance en soi à l’intérieur du syndicat et de ses membres, ce qui formait une culture de type ‘si on veut quelque chose, mieux vaut le faire soi-même’ » 3. Au final, la structure fédérale de la CNT qui était basée sur l’autonomie locale et avait créé une forme stable tout en étant fortement décentralisée, a encouragé les initiatives et la confiance en soi, qualités indispensables qui ont grandement contribué au succès de la révolution.
Gaston Leval souligne l’importance qu’a cette culture de la démocratie directe et de la la réciprocité lors des situations révolutionnaires lorsqu’il compare le rôle de la CNT à celui de l’UGT lors de la collectivisation des chemins de fer. Décrivant la manière hautement organisée, efficace et responsable avec laquelle les transports ferroviaires ont été remis en service sous contrôle révolutionnaire en seulement quelques jours, il écrit « Tout ceci a été réalisé sur la seule initiative des syndicats et militants de la CNT. Ceux de l’UGT qui prédominaient parmi les personnels administratifs sont restés inactifs, tellement habitués qu’ils étaient à obéir aux ordres émanant d’en haut, qu’ils attendaient. Ne recevant ni ordre, ni contre-ordre, et voyant nos camarades aller de l’avant, ils ont fini par suivre la puissante vague qui nous a tous portés. » 4
Cette histoire de luttes et d’organisation ainsi que la nature anarcho-syndicaliste de leur syndicat a donné aux militants de la CNT l’expérience nécessaire d’auto-organisation et d’initiatives qui a pu naturellement et effectivement être réutilisée le moment venu dans la réorganisation d’une société selon les principes anarchistes. « Il est clair que la révolution sociale qui a eu lieu n’est pas venue d’une décision des organes de direction de la CNT… Elle est arrivée spontanément, naturellement et pas… parce que ‘le peuple’ en général aurait soudainement été capable de miracles, grâce à une vision révolutionnaire qui les aurait soudainement inspirés, mais parce que, et il faut le répéter, parmi ces personnes, il y a avait une minorité importante qui était active, forte, guidée par un idéal qui s’est inscrit dans des années de lutte qui ont débuté à l’époque de Bakounine et de la Première Internationale. » 5
Démocratie anarchiste en action dans les collectifs
Les collectifs étaient les organes d’autogestion des travailleurs sur les lieux de travail. Augustin Souchy écrit : « Les collectifs organisés durant la guerre civile espagnole étaient des associations économiques de travailleurs sans propriété privée. Le fait que des usines collectives étaient gérées par ceux qui y travaillaient ne signifiait pas que celles-ci étaient devenues leur propriété privée. Le collectif n’avait aucun droit de vendre ou de louer tout ou partie de l’usine ou de l’atelier collectivisé. Le dépositaire était la CNT, la Confédération Nationale des Associations de Travailleurs. Mais même la CNT n’avait pas le droit de faire ce qu’elle voulait. Tout devait être décidé et ratifié par les travailleurs eu-mêmes au travers de conférences et de congrès. » 6
En conservant cette tradition démocratique de la CNT, les collectifs industriels avaient une structure d’organisation de délégués partant de la base pour aller vers le sommet. L’unité de base de prises de décision était l’assemblée des travailleurs, qui élisait des délégués aux comités de gestion qui supervisaient le fonctionnement quotidien de l’usine. Le comité de gestion élu était chargé d’appliquer le mandat décidé dans les assemblées, devait rendre compte et était responsable devant l’assemblée des travailleurs. Le comité de gestion communiquait ces observations au comité administratif central.
Généralement, chaque industrie avait un comité administratif central constitué par un délégué de chaque branche de travail ou de travailleurs de cette industrie. Par exemple, à l’industrie textile d’Alcoy, il y avait cinq branches : tissage, filage, tricotage, bonneterie et cardage. Les travailleurs de chacun de ces métiers élisaient un délégué pour les représenter dans le comité administratif de l’industrie. Le rôle de ce comité, qui intégrait quelques experts techniques, était, entre autres, de diriger la production en fonction des instructions reçues à l’Assemblée générale des travailleurs, de compiler les rapports et les statistiques sur l’avancement des travaux et de s’occuper des questions de financement et de coordination. Selon Gaston Leval, « l’organisation générale reposait ainsi sur la division du travail tout en étant industriellement structurée. » 7
À tout moment, l’assemblée générale du Syndicat des travailleurs était l’instance de décision ultime. « Toutes les décisions importantes [étaient] prises par les assemblées générales de travailleurs… [qui] étaient largement suivies et régulièrement tenues… si un administrateur faisait quelque chose que l’assemblée générale n’avait pas autorisé, il y a avait de fortes chances qu’il soit destitué à la prochaine réunion. » 8 Les rapports des différents comités devaient être examinés et discutés à l’assemblée générale pour être finalement mis en œuvre si la majorité l’estimait utile. « Nous ne faisions donc pas face à une dictature administrative, mais plutôt à une démocratie fonctionnelle, dans laquelle chaque type de travail avait son rôle à jouer qui avait été défini après examen par l’assemblée. » 9
Avancer dans le cadre de la Révolution
La socialisation totale de l’industrie ne s’est pas faite en un jour mais a été un processus graduel et permanent. Tout comme les collectifs industriels n’ont pas procédé partout de la même façon, le degré de socialisation et la méthode exacte d’organisation variaient d’un endroit à l’autre. Comme cela a été mentionné en introduction, alors que certains lieux de travail ont été immédiatement saisis par les travailleurs, dans d’autres, ils se sont appropriés leurs lieux en commençant par créer un comité de contrôle dont l’objectif était de s’assurer de la poursuite de la production. À partir de là, l’étape suivante était la prise de contrôle du lieu de travail.
Au début, lorsque la poursuite de la production était la tâche la plus urgente, il n’y avait que peu de coordination entre les différents ateliers et usines. Ce manque de coordination a posé différents problèmes que Leval a pointé : « Les industries locales sont passées dans des étapes identiques dans cette révolution… au départ, les comités nommés par les travailleurs employés dans celles-ci [ont été organisés]. La production et la vente continuaient dans chacune. Mais très vite, il devenait clair que cette situation générait de la concurrence entre les usines… créant des rivalités qui étaient incompatibles avec la perspective socialiste et libertaire. Ainsi, lorsque la CNT a lancé le mot d’ordre ‘Toutes les industries doivent être organisées par les syndicats, totalement socialisées, alors le régime de solidarité que nous avons toujours préconisé s’est installé une fois pour toutes » 10
Le besoin de résoudre cette situation – dans laquelle les travailleurs avaient établi le contrôle des lieux de travail alors que ces différents lieux opéraient indépendamment et en concurrence entre eux -, de compléter le processus de socialisation et d’éviter les dangers d’une collectivisation partielle était une tâche pour laquelle de nombreux travailleurs étaient préparés. Un manifeste du syndicat de l’industrie du bois publié en décembre 1936 soulignait que le manque de coordination et de solidarité entre travailleurs de différentes usines et industries pouvait mener à une situation dans laquelle les travailleurs des industries les plus favorisées et performantes deviendraient les nouveaux privilégiés, laissant les autres à leur difficultés et sans ressources, ce qui en retour pouvait conduire à la formation de deux classes : « les nouveaux riches et les plus pauvres des pauvres. » 11
Ainsi, des efforts supplémentaires ont été réalisés par les collectifs pour ne pas se concurrencer en terme de profits mais au contraire, pour partager le surplus au sein de toutes les industries. Par exemple, les tramways de Barcelone, qui étaient particulièrement rentables, ont contribué financièrement au développement des autres systèmes de transport de la ville et les ont aidé à passer leurs difficultés passagères. Il y eu aussi d’autres exemples de solidarité entre les industries. À Alcoy, par exemple, lorsque le syndicat de l’impression, des papiers et des cartons a eu des difficultés, les 16 autres syndicats qui formaient la Fédération locale d’Alcoy ont apporté une assistance financière qui a permis au syndicat de survivre.
Alors qu’il était question d’avancer vers une société anarchiste, il était aussi important d’avoir une organisation industrielle efficace. Dans le manifeste publié par le Syndicat des industries du bois, il était indiqué que « Le syndicat du bois souhaitait non seulement avancer sur la voie de la Révolution, mais aussi l’orienter dans l’intérêt de notre économie, de l’économie du peuple. » 12 En décembre 1936, un plénum de syndicats s’est rencontré et a fait l’analyse qu’il était indispensable de réorganiser le système industriel capitaliste inefficace et d’avancer vers une socialisation totale. Le compte-rendu de ce plénum indiquait :
« Le principal défaut de la plupart des petites unités de fabrication est la fragmentation et le manque de préparation technique et commerciale. Ceci empêche leur modernisation et leur regroupement dans des unités de production plus performantes, avec de meilleurs équipements et une coordination plus efficace… Pour nous, la socialisation doit corriger les carences de ces systèmes d’organisation dans toutes les industries… Pour socialiser une industrie, nous devons consolider les différentes unités de chaque branche en accord avec un plan directeur et général qui évitera la concurrence et d’autres difficultés empêchant une bonne et efficace organisation de la production et de la distribution… » 13
Les efforts réalisés pour s’occuper des petits ateliers et des usines coûteuses et en mauvaise santé étaient une caractéristique importante du processus de collectivisation. Comme pour la culture des champs, il était ressenti qu’avec le fonctionnement des ateliers et des usines « la dispersion des forces représentait une énorme perte d’énergie, une utilisation irrationnelle du travail humain, des machines et des intrants, une redondance sans intérêt des efforts » 14 Par exemple, dans la ville de Granollers, « Toutes les initiatives tendant à améliorer le fonctionnement et la structure de l’économie locale pouvaient être attribuées au… [syndicat]. Ainsi, en une période très brève, sept salons de coiffure collectivisés ont été créés à travers ces efforts, remplaçant un nombre important d’établissements miteux. Tous les ateliers et petites usines de production de chaussures ont été remplacés par une grande usine dans laquelle seules les meilleures machines étaient en fonctionnement et dans laquelle des conditions sanitaires respectant la santé des travailleurs étaient respectées. Des améliorations similaires ont été réalisées dans l’industrie métallurgique où de nombreuses fonderies, petites, sombres et étouffantes ont été remplacées par quelques grandes unités de production dans lesquelles l’air et le soleil pouvaient pénétrer. La socialisation allait de pair avec la rationalisation. » 15
Place à la créativité
Les tramways de Barcelone
Comme cela était le cas avec les collectivisations dans la campagne, l’autogestion ouvrière dans les villes s’accompagnait d’une remarquable amélioration des conditions de travail et de productivité. Prenons pour exemple les tramways de Barcelone. Cinq jours après la fin des combats, les lignes de tramways ont été dégagées et réparées et 700 tramways ont été mis en service, au lieu des 600 habituels, tous peints avec les couleurs rouge et noir de la CNT-FAI. L’organisation technique des des tramways et de la circulation a été améliorée, de nouveaux systèmes de sécurité et de signalisation ont été mis en place et les lignes de tramways ont été étendues. Une des premières mesures de la collectivisation des tramways a été le renvoi des directeurs excessivement payés, ce qui a permis de réduire le prix pour les passagers. Les salaires se rapprochaient d’une égalité totale avec les travailleurs qualifiés qui ne gagnaient qu’une peseta de plus que les autres. Les conditions de travail ont été largement améliorées avec l’apport de nouveaux locaux pour les travailleurs. Un nouveau service médical a été organisé qui couvrait non seulement les travailleurs mais aussi leurs familles.
La socialisation de la médecine
La socialisation de la médecine a été une autre réalisation remarquable de la révolution. Après le 19 juillet, les personnels religieux qui administraient les services sanitaires ont disparu du jour au lendemain des hôpitaux, des dispensaires et des autres institutions de charité, imposant l’improvisation immédiate de nouvelles méthodes d’organisation. À cet effet, le syndicat des services sanitaires s’est constitué en septembre 1936 à Barcelone et après quelques mois se composait de 7000 professionnels de la santé, parmi lesquels 1000 étaient des docteurs avec diverses spécialisations. Inspiré par un idéal social, l’objectif du syndicat était de réorganiser la pratique de toute la médecine et des services de santé publique. Ce syndicat était membre de la Fédération nationale pour la santé publique, une section de la CNT qui en 1937 comptait 40 000 membres.
La région de Catalogne était divisée en 35 centres d’importances variables, dépendant de la densité de la population de telle façon qu’aucun village ou hameau ne soit sans protection sanitaire et soins médicaux. En un an, dans la seule Barcelone, six nouveaux hôpitaux ont été créés, dont deux militaires pour les blessés de guerre, ainsi que neuf nouveaux sanatoriums installés dans diverses propriétés expropriées en différents endroits de Catalogne. Alors qu’avant la révolution, les docteurs se concentraient dans les régions riches, ils étaient désormais envoyés là où on en avait le plus besoin.
Usines et ateliers…
Dans les usines aussi, l’innovation était au rendez-vous. De nombreux lieux de travail, une fois sous contrôle des travailleurs, ont été reconvertis pour la fabrication de matériel de guerre à destination des troupes anti-fascistes. C’était le cas de la métallurgie de Catalogne qui a été complètement repensée. À titre d’exemple, quelques jours après le 19 juillet, la société de construction automobile Hispano-Suiza a été transformée en usine de fabrication de véhicules blindés, d’ambulances, de fusils et de munitions à destination du front. Un autre exemple est l’industrie optique qui n’existait quasiment pas avant la révolution. Les petits ateliers éparpillés un peu partout ont été volontairement regroupées dans un collectif qui a construit une nouvelle usine. « En peu de temps, l’usine a su produire des lunettes, des télémètres, des binoculaires, des instruments de surveillance, des verres industriels de différentes couleurs et quelques instruments scientifiques. Elle construisait et réparait aussi des équipements destinés aux différents fronts… Ce que les capitalistes n’ont pas réussi à faire a été accompli par la capacité créative des membres de l’Union des travailleurs de l’optique de la CNT » 16
Un bon exemple de la taille de certains collectifs industriels était l’industrie textile qui fonctionnait efficament et employait « au moins un quart du million de travailleurs du textile des nombreuses usines éparpillées dans différentes villes… La collectivisation de l’industrie textile démonte une bonne fois pour toute cette légende qui voudrait que les travailleurs soient incapables de gérer une grande entreprise. » 17
L’une des premières étapes vers la construction d’une société anarchiste est l’égalisation des salaires. Ceci est nécessaire afin de mettre un terme aux divisions de la classe travailleuse, divisions qui ne servent qu’à l’affaiblir en tant que telle. Dans les collectifs industriels, cela ne s’est pas souvent produit immédiatement et il existait parfois de très faibles différences entre les techniciens et les autres travailleurs. Les salaires étaient décidés par les travailleurs eux-mêmes aux assemblées générales des syndicats. Lorsque des différences, entre ceux qui avaient des responsabilités techniques et les autres, étaient acceptées par la majorité, ceci était souvent vu comme une mesure temporaire pour éviter de provoquer des conflits à cette étape de la révolution et pour assurer à tout prix la continuité de la production. Les hauts salaires des dirigeants étaient abolis et les anciens patrons avaient la possibilité de quitter ou de travailler comme les autres, ce que souvent ils acceptaient.
Avec la fin du profit privé comme facteur principal de motivation dans l’organisation de l’industrie, les industries pouvaient être réorganisées d’une façon plus efficace et rationnelle. Par exemple, il y avait de nombreuses unités de génération d’électricité éparpillées dans toute la Catalogne qui produisaient de petites quantités insignifiantes et qui, mis à part le bénéfice que pouvait en retirer son propriétaire, n’avaient aucun intérêt. Le système de fourniture d’électricité a été totalement réorganisé, avec fermeture des unités inutiles. Au final, l’économie de travail pouvait être utilisée pour des améliorations tel ce nouveau barrage près de Flix, construit par 700 travailleurs, qui a permis d’augmenter considérablement l’électricité fournie..
Participation des femmes dans les collectifs
Un changement majeur apporté durant la révolution était l’inclusion massive des femmes dans la force de travail. La CNT commençait à sérieusement promouvoir la syndicalisation des travailleuses. Dans l’industrie textile, le travail aux pièces pour les femmes a été aboli et les travailleurs à domicile intégrés dans les usines, ce qui signifiait généralement une augmentation des salaires et des heures travaillées. La prise en charge des enfants et du ménage était cependant toujours réservée aux femmes et beaucoup de femmes trouvaient difficile de combiner les deux. De temps en temps, la prise en charge des enfants était dispensée par le collectif. Par exemple, les syndicats du bois et du bâtiment de Barcelone, tout en construisant une zone récréative avec piscine, ont reconverti une église en garderie et école pour les enfants des travailleurs.
Les « Femmes libres », l’organisation féminine anarchiste, ont organisé des « secciones de trabajo » – section de travail – qui intervenaient dans des secteurs spécifiques du commerce et de l’industrie et coopéraient avec les syndicats respectifs de la CNT. Ces « secciones de trabajos » ont aidé à la mise en place des garderies dans les usines et les ateliers et ont aussi constitué des écoles et centres de formation pour permettre aux femmes de travailler dans les usines. Ces programmes éducatifs ont aidé les femmes à accéder au travail qui était, jusqu’à présent, réservé aux hommes. Par exemple, l’une des premières femmes habilitées à conduire des tramways à Barcelone décrivait ainsi son travail : « Ils nous ont pris comme apprenties, mécaniciennes ou conductrices, et nous ont réellement appris ce qu’il fallait faire. Si vous aviez pu voir la tête des passagers [quand le conducteur était une femme], je crois que les camarades des transports, qui ont été si gentils et coopératifs à notre égard, se seraient fait plaisir. » 18
Cependant, il est inexact de prétendre que les femmes ont réussi à établir l’égalité dans les collectifs. Des différences de rémunération entre hommes et femmes continuaient à exister. De même, à l’exception de quelques cas exceptionnels, les femmes étaient sous-représentées dans les comités d’usine et autres positions électives à l’intérieur des collectifs. Le maintien du rôle domestique traditionnel de la femme était sans aucun doute un des facteurs qui contribuait à limiter une participation plus active des femmes dans les collectifs et cette question, comme d’autres qui touchaient les femmes en particulier (comme les congés maternité) n’étaient pas la priorité du moment. Même si de nombreuses femmes ont rejoint la force de travail durant la révolution, l’égalité dans la répartition des revenus n’était pas atteinte. Parce que la vision anarcho-syndicaliste de l’organisation sociale était basée sur la force de travail, les personnes qui n’étaient pas dans les collectifs de travail se trouvaient effectivement exclues des processus de décisions dans les domaines économique et social.
Difficultés et faiblesses
Limites
La révolution dans les campagnes était plus avancée que les collectivisations qui ont eu lieu dans les régions industrielles. Beaucoup de collectifs agricoles ont réussi à atteindre un stade de communisme libertaire fonctionnant sur le principe « de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». La production comme la consommation étaient socialisées. « Chez eux, il n’y avait plus de différences de niveau de vie ou d’intéressement, plus de conflit d’intérêt entre groupes plus ou moins séparés. » 19 Ceci n’était pas le cas de la collectivisation dans les villes où des aspects de l’économie monétaire capitaliste continuaient d’exister ainsi qu’une proportion significative de la bourgeoisie, des institutions étatiques et des partis politiques traditionnels. La collectivisation était limitée à l’autogestion ouvrière des lieux de travail dans le contexte du capitalisme, avec des travailleurs faisant fonctionner les usines, vendant des biens et partageant les profits. Ceci a conduit Gaston Leval à décrire les collectifs de travail comme une sorte de « néocapitalisme, une autogestion faisant le pont entre le capitalisme et le socialisme, dont le maintien n’aurait pu se faire si la révolution avait été capable de s’étendre pleinement sous la direction de nos syndicats. » 20
Que s’est-il passé ?
Quoiqu’il en soit, la révolution a été incapable de s’étendre elle-même principalement parce qu’il y avait un défaut de consolidation politique de ces avancées dans le contrôle des usines à la base et la poursuite du travail de socialisation. Au lieu d’abolir l’État au déclenchement de la révolution, lorsqu’il avait perdu en crédibilité et n’existait que par lui-même, on l’a autorisé à poursuivre son existence dans le cadre d’une collaboration de classe sous la direction de la CNT (au nom de l’unité antifasciste), lui rendant ainsi sa légitimité. C’est ainsi qu’il y a eu une période de double pouvoir dans lequel les travailleurs en avaient une grande part dans les entreprises et dans la rue mais dans lequel l’État était capable de reconstruire lentement sa base jusqu’à ce qu’il puisse à nouveau agir contre la révolution et reprendre le pouvoir. Les défauts économiques de la révolution – le fait que le système financier n’était pas socialisé, que la collectivisation manquait d’unité à l’échelle nationale, que les collectifs de travail n’ont pas été plus loin qu’au mieux une coordination à l’échelle de l’industrie – est inextricablement lié à cette erreur politique majeure qui constitue une trahison des principes anarchistes.
Afin de réaliser le communisme libertaire avec une production basée sur les besoins et une propriété commune des moyens de production et de ce qui est produit, il était nécessaire de remplacer le système financier capitaliste par une économie socialisée alternative basée sur l’unité fédérative de la totalité de la force de travail comme moyen de prendre des décisions pour la totalité de l’économie. Ceci exige la formation de congrès des travailleurs et une structure de coordination fédérale qui unifiera les collectifs de tout le pays afin de permettre une planification et une coordination effective pour l’économie dans son ensemble. Ce nouveau système d’organisation politique et économique doit remplacer le gouvernement et l’économie capitaliste de marché. Comme Kropotkine le disait, « une nouvelle forme d’organisation économique nécessitera obligatoirement une nouvelle forme de structure politique. » 21 Cependant, tant que la structure politique capitaliste – pouvoir d’État – se maintiendra, la nouvelle organisation économique ne pourra pas se développer et la coordination complète de l’économie était contrariée.
Contre-révolution
Les collectifs industriels ne pouvaient avancer de la même façon que les collectifs agricoles « à cause de facteurs contradictoires et d’une opposition créée par la co-existence d’antagonismes sociaux émanant de différentes classes. » 22 Dans la ville industrielle d’Alcoy, par exemple, où les syndicats avaient immédiatement obtenu le contrôle de toutes les industries sans exception, l’organisation de la production était excellente. Cependant, Leval soulignait que « le point faible était, comme ailleurs, l’organisation de la distribution. Sans l’opposition des commerçants et des partis politiques, effrayés par la menace d’une socialisation totale, qui combattaient ce programme ‘trop révolutionnaire’, il eut été possible de faire mieux… Pour les socialistes, républicains et communistes qui cherchaient à empêcher notre succès, y compris par le rétablissement de l’ordre ancien ou le maintien de ce qu’il en restait. » 23 Les forces contre-révolutionnaires étaient capables de s’unir dans leur opposition aux changements révolutionnaires qui avaient lieu en Espagne et d’utiliser le pouvoir d’État pour s’en prendre aux collectifs. Depuis le début, l’État a conservé le contrôle de certaines ressources, telles que les réserves d’or. À travers le contrôle des réserves d’or et le monopole du crédit, l’Etat républicain était capable de prendre certains aspects de l’économie en dehors du contrôle de la classe ouvrière et de miner ainsi les progrès de la révolution.
Afin de reprendre le contrôle sur les collectifs, de minimiser leur rôle et de s’opposer aux avancées de la classe ouvrière dans le sens d’une unification et d’une régulation économique par le bas, l’État catalan a émis le décret de collectivisation d’octobre 1936. Ce décret « légalise » les collectifs tout en les empêchant de se développer vers le communisme libertaire en obligeant chaque atelier et chaque usine à vendre ce qu’il produit de façon indépendante. L’État a tenté de contrôler les collectifs à travers le décret en créant des comités administratifs qui étaient responsables devant le ministère de l’économie. Le décret ne permettait aussi que la collectivisation des usines de 100 travailleurs et plus.
Comme nous l’avions précédemment indiqué, les militants de la CNT ont combattu ce système pour lui préférer une plus grande coordination entre les lieux de travail. Dans leur presse et leurs réunions de syndicat et de collectif, ils travaillèrent à convaincre leurs collègues des dangers de la collectivisation partielle, de la nécessité de conserver le contrôle de la production dans leures seules mains et d’éliminer la bureaucratie que le décret de collectivisation tentait de créer. Ils n’y ont que partiellement réussi et le collectif industriel tendait vers plus de socialisation. Cependant, ils ont souffert de difficultés à obtenir des matières premières ainsi que d’attaques contre-révolutionnaires permanentes. Des tentatives de sabotage ont eu lieu contre le fonctionnement des collectifs. Ceci inclut des ruptures de livraison en provenance de la campagne et le refus systématique de financement et d’approvisionnement en matières premières pour de nombreux collectifs, y compris ceux de l’industrie de guerre, à moins qu’ils n’acceptent le contrôle de l’État.
C’est ainsi qu’en mai 1937, des batailles de rues éclatent lorsque les troupes du gouvernement se retournent contre les collectifs urbains tels que le centre téléphonique de Barcelone contrôlé par la CNT. En août 1938, toutes les industries de guerre ont été placées sous le contrôle direct du gouvernement.
« Dans tous les cas où les collectifs ont été sabordés, il y eut une chute substantielle de la productivité et du moral : un facteur qui contribuera sans doute à la défaite finale de la République espagnole devant les troupes franquistes en 1939. » 24
Conclusion
En dépit des limites de la révolution industrielle en Espagne, il a été démontré clairement que la classe ouvrière est parfaitement capable de diriger des usines, ateliers et services publics sans patrons ou managers qui les dirigent. Il est démontré que les méthodes anarchistes d’organisation, avec des décisions construites du bas vers le haut, peuvent très bien fonctionner avec une industrie à grande échelle impliquant la coordination de milliers de travailleurs répartis dans différentes villes. La révolution nous a aussi donné un aperçu du pouvoir créatif et constructif des gens ordinaires une fois qu’ils ont le contrôle de leur vie. La classe ouvrière espagnole ne s’est pas contentée de maintenir la production durant la guerre mais a, dans bien des cas, réussi à l’augmenter. Ils ont amélioré les conditions de travail et inventé de nouvelles techniques et procédés sur leurs lieux de travail. Ils ont créé, à partir de rien, une industrie de guerre sans laquelle la guerre contre le fascisme n’aurait pu être menée. La révolution a aussi montré que sans la concurrence inhérente au capitalisme, l’industrie peut être organisée d’une façon bien plus rationnelle. Finalement, elle a démontré combien la classe ouvrière organisée et inspirée par un grand idéal a le pouvoir de transformer la société.
- Gaston Leval, Collectives in Spain, http://dwardmac.pitzer.edu/Anarchist_Archives/leval/collectives.html ↩
- Gaston Leval, Collectives in the Spanish Revolution, Freedom Press, 1975, chapter 2, pg54. ↩
- Kevin Doyle, The Revolution in Spain, http://www.struggle.ws/talks/spain_feb99.html ↩
- Gaston Leval, Collectives in the Spanish Revolution, Freedom Press, 1975, ch 12, pg 254 ↩
- ibid, chapitre 4, p. 80. ↩
- Flood et al, Augustin Souchy cité dans I.8.3, http://www.geocities.com/CapitolHill/1931/secI8.html#seci83 ↩
- Gaston Leval, Collectives in the Spanish Revolution, Freedom Press, 1975, ch 11, pg234. ↩
- Robert Alexander cité dans The Anarchist FAQ, I.8.3, http://www.geocities.com/CapitolHill/1931/secI8.html#seci83 ↩
- Gaston Leval, Collectives in Spain, http://dwardmac.pitzer.edu/Anarchist_Archives/leval/collectives.html ↩
- Gaston Leval cité dans The anarchist FAQ, I.8.4 ↩
- Extrait du Manifeste du syndicat CNT de l’industrie du bois, cité dans Gaston Leval, The Spanish Revolution, Freedom Press, 1975, ch 11, pg231. ↩
- ibid, ch 11, pg230. ↩
- Cité par Souchy, mentionné dans the Anarchist FAQ, section I.8.3, http://www.geocities.com/CapitolHill/1931/secI8.html#seci83 ↩
- Gaston Leval, Collectives in the Spanish Revolution, Freedom Press, 1975, ch 12, pg259 ↩
- Ibid, ch 13, pg287. ↩
- The Anarchist Collectives: Workers’ Self-management in the Spanish Revolution, 1936-1939, Ed. Sam Dolgoff, Free Life Editions, 1974, chapitre 7. http://www.struggle.ws/spain/coll_innov.html ↩
- Augustin Souchy, Collectivization in Catalonia, http://www.struggle.ws/spain/coll_catalonia_dolgoff.html ↩
- Pura Perez Arcos cité par Martha A. Ackelsberg, Free Women of Spain, anarchism and the struggle for the emancipation of women, Indiana University Press, 1991, chapitre 5, page 125. ↩
- Gaston Leval, Collectives in the Spanish Revolution, Freedom Press, 1975, chapitre 11, page 227. ↩
- ibid, chapitre 11, page 227. ↩
- Kropotkin cité dans The anarchist FAQ, I.8.14, http://www.geocities.com/CapitolHill/1931/secI8.html#seci814 ↩
- Gaston Leval, Collectives in the Spanish Revolution, Freedom Press, 1975, chapitre 11, page 227 ↩
- ibid, chapitre 11, page 239. ↩
- Lucien Van Der Walt, The Collectives in Revolutionary Spain, http://www.struggle.ws/spain/coll_l.html ↩
Republished from
http://libcom.org/library/industrial-collectivisation-spanish-revolution-hogan
Translated by Benoît Borrits
Αρχές του 20ού αιώνα – Εργατικά Συμβούλια και Εργατικός Έλεγχος κατά τη διάρκεια Επαναστάσεων, Deirdre Hogan, Καταλήψεις Χώρων Εργασίας, Εργατική Αυτοδιαχείριση, Ισπανική Επανάσταση 1936, Ισπανία, ΕυρώπηTopicΝαιΝαιNoΌχι -
French11/05/15
« Point un. Une autogestion démocratique entre les membres », voila ce qu’affirme fièrement le site de la toute nouvelle coopérative turque Kazova qui propose des « pulls sans patron ». Un aboutissement de 2 années de lutte pour ces travailleurs qui se sont retrouvés, en 2013, à la rue en raison des malversations de deux patrons voyous.
En janvier 2013, après quatre mois de non-versement de leurs salaires, les 94 salariés de l’entreprise textile Kazova d’Istanbul, fondée en 1946, furent surpris que leurs patrons leur proposent de prendre une semaine de congés. À leur retour, promettaient-ils, les salaires en retard seraient versés. Cependant, la semaine de « vacances » écoulée, qui ressemblait plutôt à un lock-out, ils apprennent, avec stupéfaction leurs licenciements, en raison « d’une absence de plus de trois jours non justifiée ». Face à cette brutale décision, les travailleurs abasourdis sont indécis et hésitent alors sur l’attitude à tenir et le découragement rode. Aymur, une des futurs animatrices de la lutte, propose alors, en vain, l’occupation de l’usine. Profitant de cette période d’incertitude, la direction de l’entreprise commence à vider l’usine et s’empare de 100.000 chandails, 40 tonnes de fil, de plusieurs petites machines, et en sabotent même d’autres. Lorsqu’ils s’en aperçoivent, les travailleurs décident alors de planter leur tente aux portes de l’entreprise pour prévenir tout nouveau vol et préserver autant que possible leur avenir.
En mai 2013, le fort mouvement autour du parc Gezi de Taksim coïncide avec la mobilisation des Kazovas. L’idée qui germe alors dans l’esprit des travailleurs de fonder leur coopérative n’est certainement pas étrangère à cette mobilisation. Sur leur site, les travailleurs revendiquent aujourd’hui cette filiation : « La Coopérative de textile Özgür Kazova est un des plus importants héritages de la résistance du Parc Gezi de Taksim, en mai – juin 2013. » Ceylan, 56 ans, qui travaille depuis 13 ans dans l’entreprise, ajoute que « les manifestations de Gezi nous ont stimulés et nous avons eu le courage d’occuper l’usine le 28 juin [2013]. Sans cette expérience, nous n’aurions jamais osé nous dresser devant la police. »
Une longue mobilisation commence, souvent violemment réprimée par la police, mais qui attire également un soutien et une sympathie de plus en plus larges. Des milliers de personnes viennent visiter l’usine occupée par les salariés. Les travailleurs, de plus en plus audacieux, décident de reprendre la production, grâce des stocks oubliés par les patrons brigands. Plusieurs centaines de pulls sont fabriquées. Les premiers sont envoyés à des familles de prisonniers qui les ont soutenus. D’autres sont vendus à Taksim au cours de différents forums et dans différents réseaux de soutien. Les ventes permettent de se payer et d’accumuler des réserves. Mais, le propriétaire des lieux vend les locaux. Par chance, un autre site de production est trouvé avec l’aide du syndicat de camionneurs qui soutient la lutte depuis le début.
En novembre 2014, la décision de fonder une coopérative est actée et un autre volet long et épuisant de la lutte s’ouvre alors sur le terrain judiciaire afin de pouvoir récupérer les machines restantes. En février 2015, la justice décide finalement que les machines doivent être vendues pour payer leurs salaires dus. Mais les salariés préfèrent en devenir propriétaires en compensation des salaires non versés. Et la production repart de plus belle. Mais la lutte a coûté cher. Ils ne sont, aujourd’hui, plus que onze qui autogèrent la coopérative. Pour Aymur, c’est une nouvelle vie qui commence. Tout en souriant, elle confie qu’« une organisation sans patron, c’est aussi une charge, car la responsabilité collective c’est aussi de prendre les décisions collectivement… et donc apprendre une vie que nous n’avons jamais connue. »
Aujourd’hui la coopérative produit 500 pull-overs par mois, mais pour trouver son équilibre financier, elle doit atteindre les 800 pulls. Ils sont vendus dix fois moins chers que ceux que l’entreprise produisait auparavant qui occupait le segment haut de de gamme du marché. Un des slogans de la lutte était « Des pulls à un prix abordable pour tous ! ». La promesse a été tenue. La coopérative est en relation avec d’autres coopératives comme VioMe en Grèce, car « Point sept : Solidarité avec les luttes sociales » et de conclure : Vive la production sans patron !
Συνεταιριστικό Κίνημα, Patrick Le Tréhondat, Ανακτημένες Επιχειρήσεις, 21ος αιώνας – Εργατικός Έλεγχος στη Σύγχρονη Εποχή, Τουρκία, ΕυρώπηTopicΝαιΝαιNoΌχι -
English02/05/15When the big multinational Unilever shut down a tea processing plant in the south of France, the workers reacted immediately by occupying their factory.
In France there are two cases of recuperated factories occupied by workers during the current crisis. One is the Pilpa Ice Cream Factory, which just started producing organic ice cream and yoghurt as a worker-owned and administered company after a long-lasting struggle. The other is the Fralib Tea Factory. Both were closed by their huge multinational owners to relocate production.
Fralib is an herb and fruit tea processing and packaging factory in Gémenos, near Marseille, South France. The plant produced the tea sold under the famous Thé Eléphant brand created 120 years ago, as well as Lipton tea. In September 2010, Dutch-British transnational food giant Unilever, owner of Lipton, decided to close the plant in France and move production to Poland. The workers reacted immediately, occupying the factory and beginning a boycott campaign against Unilever.
The union Confédération Générale du Travail (CGT), formerly close to the Communist Party, supports the Fralib workers. “The struggle at Fralib started on September 28 2010. In 2010 we had 182 workers. Now we are 76 workers and still fighting,” comments Gérard Cazorla, mechanic and union secretary at Fralib.
The workers want to restart production in the factory under workers’ control and retain the Thé Eléphant brand, claiming it as regional cultural heritage. They want to switch to producing organic herbal teas, mainly linden tea, relying on regional production. As in most other cases, the self-organized struggle of the Fralib workers has three pillars: the project of production; public protest and the construction of a solidarity campaign; and the legal struggle against Unilever.
“We have militant production to make our struggle known and to support the solidarity campaign. We went through a long period without income and we had to live. What allowed us to live all that time was solidarity. I think it is important to make our struggle known in France, in Europe and in the world, and our production helps us. While our prior production was — let’s say — industrial tea, now we produce organic linden tea. With that we show that the machines work and that we know how to make this factory work. That is important so the people can see that Fralib can work without bosses and without Unilever.”
On January 31 and February 1, 2014 Fralib housed the first European Meeting of “The Economy of the Workers.” More than 200 researchers, supporters and workers from five European factories under worker control participated in the meeting inspired by and directly linked to the world meeting of “The Economy of the Workers,” which takes place every two years and had its third meeting in Brazil in 2013.
Researchers from Argentina, Mexico and Brazil also participated in Marseille, as did a worker from the Argentinian textile factory Pigüé. In honor of the meeting and with a nod to the Argentine movement of recuperated factories, the Fralib workers produced boxes of Argentine mate tea. This is not the only link of the Fralib workers to Latin America. The factory occupations in Argentina, so they tell, were their source of inspiration. In a song and video the workers produced to support their struggle the workers call themselves “Los Fralibos”.
The Fralib workers are determined to continue their struggle for a workers’ controlled factory. They can count on the solidarity of many movements and workers they reached out to during the past years of campaigning. The workers accomplished that closing procedures and social plans were revoked several times by court order. Fralib closed officially only in September 2012. In March 2013 Unilever stopped paying the workers’ wages despite a court decision that Unilever had to continue paying them.
In September 2013 the Urban Community of Marseille Provence Métropole bought the land upon which the factory is built for €5.3 million and paid one symbolic euro for the machines in order to support the workers’ efforts. The workers know this is not enough to restart production and continue their struggle, as Cazorla explains:
“In January 2014 Unilever’s social plan was revoked for the third time by the court. Now we are discussing with the Unilever directors while we are building our project. We need the rights to the brand, capital to buy raw material and ability to sell our products or we will not be able to produce and pay 76 workers. We want that money from Unilever as compensation for firing us.”
Reprinted from ROAR Magazine
Dario Azzellini is a writer, documentary filmmaker and political scientist at Johannes Kepler University in Linz, Austria. He is the co-editor, with Immanuel Ness, of Ours to Master and to Own: Workers’ Control from the Commune to the Present (2011, Haymarket Books).
Dario Azzellini, Fralib, Ανακτημένες Επιχειρήσεις, Κοινωνικά Ωφέλιμη Παραγωγή, Εργατική Αυτοδιαχείριση, 21ος αιώνας – Εργατικός Έλεγχος στη Σύγχρονη Εποχή, Γαλλία, ΕυρώπηExperiencesΝαιΝαιNoΌχι -
English02/05/15Guardian 1st May 2015
The liberal UK newspaper, the Guardian - in a special article for May Day 2015 - has recognised "the fast-developing phenomenon" of fabricas recuperadas that around 15,000 workers in more than 300 workplaces have taken over following attempted closure by capital. Examples in France,Spain, Greece, Argentina and Turkey many detailed on this site are discussed. This site, along with autogestion.coop and the Marseille meeting, get a mention on the online version although not in the print.
Read the full article below:
May Day: workers of the world unite and take over – their factories
A 19th-century slogan is getting a 21st-century makeover. The workers of the world really are uniting. At least, some of them are.
The economic meltdown unleashed by the 2008 financial crisis hit southern Europe especially hard, sending manufacturing output plunging and unemployment soaring. Countless factories shut their gates. But some workers at perhaps as many as 500 sites across the continent – a majority in Spain, but also in France, Italy, Greece, and Turkey – have refused to accept the corporate kiss of death.
By negotiation, or sometimes by occupation, they have taken production into their own hands, embracing a movement that has thrived for several years in Argentina.
In France, an average of 30 mostly small companies a year, from phone repair firms to ice-cream makers, have become workers’ co-operatives since 2010. Coceta, a co-operative umbrella group in Spain, reckons that in 2013 alone some 75 Spanish companies were taken over by their former employees – roughly half the total in the whole of Europe.
A gathering in Marseille last year of representatives from worker-controlled factories drew more than 200 delegates from more than a dozen countries – including pioneers from Argentina, whose turn-of-the-century economic crash sparked a wave of fabricas recuperadas that today has left around 15,000 workers in charge at more than 300 workplaces. The fast-developing phenomenon is now a field of academic study; there are websites, such as workerscontrol.net and autogestion.coop, dedicated to it.
No two self-managed ventures launch in the same circumstances, and many face daunting obstacles: bureaucratic inertia and administrative red tape that can delay or even prevent production; legal opposition from former owners; a still-chilly economic climate; outdated machinery, or products no longer in demand. Lifelong union militants can find themselves, for the first time in their lives, making tough commercial decisions.
But many – for the time being at least – are making it work.
Contents
1.France: ‘We decided to fight’
2.Spain: ‘This was new for us’
3.Greece: ‘This is about equality’
4.Argentina: ‘At first it was rough’
5.Turkey: ‘We like coming to work now’
France: ‘We decided to fight’
Twenty minutes’ drive from the old port of Marseille, on a green and well-groomed industrial park outside the Provençal village of Gémenos, is Fralib, the largest tea factory in France.
Every year, 250-odd workers here turned six tonnes of carefully cured leaves into more than 2bn sachets of Lipton and Eléphant brand flavoured and scented teas – lemon, mint, Earl Grey – and soothing herbal infusions: linden, camomile, verbena.
But in September 2010, having spent five years steadily shifting half the factory’s production to Poland, its owner, the Anglo-Dutch consumer goods giant Unilever, summarily announced it was closing the site.
“It was … shocking,” said Olivier Lerberquier, a CGT union convenor at the factory. “Unilever France had just paid a huge dividend to shareholders. Fralib, this place, was profitable, even at half capacity. We decided to fight.”
It has been, by any standards, a long battle, but it seems nearly over: next month, 57 ex-Fralib employees, now reformed into a self-managed workers’ co-op, will switch on their machines again, and a factory silent for half a decade will once more produce tea.
Standing four-square in the cavernous main production hall at Gémenos, as long-underemployed operators checked pristine machinery and freshly trained technicians tested new quality-control equipment, Leberquier said few in France would have bet on the factory’s remaining workers getting this far.
“In the end, though, the length of the fight – 1,336 days, it was – almost helped us,” he said. “We got time to build solidarity, and a solid business plan. And even if, like our lawyer says, we’re now ‘condemned to succeed’, at least we know, for sure, that we have as good a chance as anyone.”
The workers also got money. Unilever submitted four successive redundancy plans for the 182 people still employed at Fralib in 2010. All – including one proposal to relocate to Poland on an annual salary of €6,000 – were thrown out by the employment tribunal in Marseille.
While more than half the workers, exhausted, eventually accepted a payoff, those who held out to the end were rewarded: first, the greater Marseille authority, keen to preserve jobs, agreed to buy the factory site from Unilever for €5m and pay a symbolic extra euro for the machinery. Then in June last year, the company agreed a remarkable €20m settlement to cover compensation for all unpaid wages, retraining, market research, brand promotion – and €1.5m of startup capital for the new business.
“I won’t lie – it was hard,” said Xavier Imbernou, a machine operator retraining in quality control and food safety. “We went months without pay; dug deep into our savings. Whole families suffered. But we had such support, from around the country. Our struggle became symbolic.”
Marie Sasso, who has been filling little sachets with Eléphant tea – the brand was first made near Marseille St Charles station in 1896 – since she was 17, said she never expected to find herself without a job at 55, “and never for a moment considered not fighting for it”.
She said she was “counting the days till the machines restart. All this time we’ve been maintaining them, running them once a month to see they’re working. This time, when they start, it’ll be for us. No bosses. That’s what kept us going.”
The Société Coopérative et Participative Thés et Infusions, or SCOP-TI, as the new venture is known, failed in two of its early objectives: Unilever rejected its suggestion that the factory continue to supply it with bulk tea on contract, and it refused to surrender the Eléphant brand.
“We had to rethink, radically,” said Leberquier. The co-op’s new plan has it processing 350 tonnes of tea and infusions this year and 500-600 tonnes by 2017: enough to pay its members a fair wage. It is negotiating contracts with French supermarkets to supply fairtrade teas under their own labels, but is also developing a more upmarket own-brand range. “These are premium, organic, local or regional products,” said Leberquier.
“The south of France used to produce 400 tonnes of linden a year; now it mostly comes from Latin America and the harvest here is barely 15 tonnes a year. We’ve already signed deals that will bring Provençal orchards back to life.”
The former Fralib workers’ road to self-management has involved almost everyone learning something new. “You have to realise: we did production,” said Gerard Cazorla, 57, along with Leberquier a leading light in the struggle, and recently elected president of the co-op. “Purchasing, transport, marketing, sales, distribution – all of that was Unilever’s responsibility.” Roles have been decided “democratically, and actually quite naturally”, he said, through a horizontal structure of frequent general assemblies and an elected (and instantly dismissable) 11-person managing board.
Some debates – salaries all equal or reflecting professional expertise? – have been tougher than others, Cazorla conceded. And the more militant members of the new co-operative – among them, he would be the first to admit, himself – have had to adjust to some uncomfortable realities.
There was disquiet, for example, at the necessity of working directly with France’s famously ruthless big supermarket chains, and soul-searching at the prospect of a self-employed sales team working essentially on commission. “We have to be pragmatic,” Cazorla said. “Sometimes I have to take my union cap off. We have a big factory to run and 60 salaries to pay. We’re not going to change society. There’s still going to be capitalism. But we try to do what we’re doing as best we can, and according to our values.”
Jon Henley
Spain: ‘This was new for us’
In a small green space tucked between tall apartment buildings, two teenage girls giggle self-consciously as they begin singing softly into their microphones. A crowd forms around them, clapping along as the videographer calls out instructions.
This hastily formed band is recording a video tribute to their city’s music school, which for five years has offered drum, piano and band lessons, among others, to around 800 students in Mataró, a small city 20 miles from Barcelona.
Most music schools wouldn’t elicit a tribute, but Mataró is different. In 2012, the school was on the brink of closure, a victim of changing political priorities and cutbacks driven by Spain’s economic crisis. As the school’s 40 teachers prepared for imminent unemployment, the students and their families took to the streets to demand that local authorities kept the school open. Finally a compromise was reached: the school would continue but its management would be privatised.
With little to lose, the school’s teachers decided to bid for the contract. “We just threw it together,” said piano teacher Aradia Sánchez de la Blanca. “The motivation was so pressing and the rage over everything we had been through was so intense that we started going down this path without thinking too much about the next steps.”
Their elation at winning the tender soon gave way to panic. “We went from basically being teachers to being members in a co-op,” said Sánchez de la Blanca. “All of a sudden we had to think about how we were going to organise ourselves, manage our finances - this was new for most of us.”
Most members had no idea what it meant to be in a co-op, said teacher Montse Anguera Gisbert. “The first year involved a lot of swearing,” she said laughing. The co-operative is now in its third year and despite the steep learning curve and the country’s economic crisis, it is growing. Today the co-op offers classes to nearly 2,000 students in seven municipalities, bringing music education to students who range from 36 months old to octogenarians.
The backbone of their growing enterprise is their monthly assemblies, where everything from management to expansion opportunities is on the table. To meet their obligation, Musicop has taken on another 40 or so part-time workers. Once there is enough fulltime work for these workers, the hope is that they can become members of the co-operative.
As Musicop’s members grapple with the challenges of self-management, they have relied extensively on the resources around them. About a year ago, Musicop set up offices in Can Fugarolas, a repurposed car dealership and repair shop that now serves as headquarters for several other co-ops dealing in everything from solar energy to consumer goods – along with other community groups.
The city of Mataró boasts a rich history of co-operatives, said Ignasi Gómez, president of Musicop. “The first co-operative launched here in the late 1800s,” he said, citing a co-op dedicated to construction launched in 1887. “Co-operatives are part of the local culture on many levels.”
Spain today is home to some 18,000 co-operatives, a vibrant movement whose international face has often been that of Mondragon, one of the world’s biggest workers’ co-operatives. Founded by local priests in the Basque country in the 1950s, Mondragon today employs nearly 75,000 people and racked up global sales of more than €11.6bn in 2013.
“Mondragon offers inspiration on what’s possible,” said Paloma Arroyo, of Coceta, a group that represents co-operatives in Spain. In 2013 alone, she said, some 75 companies across Spain were turned into co-operatives by their workers, out of 150 companies across Europe.
In a quiet primary school, pianos had been crammed into a small room where three girls were learning to play the theme song from Frozen. Elsewhere, another teacher had his hands full with eight pre-schoolerslearning the basics of rhythm in a class called Music and Movement. In an abandoned school that hosts many of Musicop’s classes in Mataró, more than a dozen pre-teens sang and waved their hands in the air as they wandered around a room singing along to Vivaldi.
For 16-year-old Aida Garcia, the classes offer a window into a world she would have never known otherwise. “I love being in these classes,” she said, adding that her dream was to play clarinet in an orchestra.
Propelled by the enthusiasm of their students, Musicop’s members have pushed forward, even though salaries dropped by 30% initially. They have begun climbing back up, and are now about 12% shy of what they were before, said Gómez. “The salaries we make are respectable, but not ideal,” he added.
Even so, few members hesitate when asked if it was worth it. “We’re better off today, because we’re empowered,” said Gómez.
Ashifa Kassam
Greece: ‘This is about equality’
Marius Kostopoulos was painstakingly dripping lemon essential oil into the 300-odd plastic bottles that he and his three colleagues had spent the past hour or so filling with all-purpose liquid household cleaner. This was not the job he was taken on to do in 2004 at Viome, a once highly profitable manufacturer of building supplies – ceramic tile adhesives and grouts, to be precise – on the industrial outskirts of Thessaloniki, Greece’s second city.
But Viome no longer really exists. Faced with the near-total collapse of the Greek construction industry, a consequent 40% slump in sales and a 30% increase in energy costs, its parent company, Philkeram-Johnson – majority owned by the local Philippou family– went spectacularly bust four years ago.
Kostopoulos and his 45 fellow production workers were already working shorter hours. In May 2011, their pay cheques stopped coming (although they have never officially been made redundant, meaning they are deprived of even minimal Greek jobless benefits). Then in September that year, Philkeram-Johnson simply abandoned the site. So Kostopoulos and 20 of his colleagues are occupying its echoing, increasingly rundown machine halls and warehousing and – for the time being, at least – making a bit of money.
“It certainly isn’t enough to survive on,” said Kostopoulos, whose wife, a daycare worker, is now at home looking after their 16-month-old son. “I need other work to get by, so I help out on evenings and weekends as a waiter at weddings, bar mitzvahs, that kind of thing. Other people’s festivities … But it’s up to half the €500 or €600 we live on each month. I couldn’t do without it.”
When Philkeram-Johnson left, the workers’ first thought was to prevent the machinery and stock being taken by the company. If that disappeared, they feared, there would be no chance of them ever seeing the €1.5m they were owed in backpay and compensation.
But what they really wanted, from the outset, was simply to keep working. “No one wants to be unemployed,” said Dimitris Koumatsioulis, 45, another ex-worker and founding co-operative member. “In Greece in particular, here and now, we couldn’t have another 45 workers unemployed, another 45 families deprived of an income.”
At the very first of their general assemblies, a proposal to stay on in the factory and run it as a self-managed co-operative won 97% approval. A delegation of workers went to Athens for talks with the employment ministry; the Philippou family, majority owners of Philkeram-Johnson, made it clear they did not envisage restarting production on the site.
By mid-2012 the Viome workers had contacted solidarity networks in Greece and abroad, exploring the possibility of producing a range of environmentally friendly soaps, washing-up liquids, softeners and detergents. The products had to be cheap to make, using existing machinery and raw materials that were simple to source.
Local citizens’ associations and unions promised to distribute a proportion of the factory’s output, followed by many of the dozens of small co-operative stores and markets then starting to spring up around Greece as the country’s formal economy spiralled downwards.
In February 2013, after a three-day solidarity event in Thessaloniki that included a benefit concert attended by more than 6,000 people, production at Viome restarted under the workers’ control, and in April last year a court recognised them as a legally constituted, not-for-profit social co-operative.
Viome products are now sold through charity and solidarity networks in Greece, Germany, the Netherlands, Switzerland and Austria. Its co-operative statutes, which emphasise the key principles of collective decision-making and ownership, refer to the venture’s “solidarity supporters”: organisations and individuals who have pledged to purchase a percentage of the factory’s output every year.
The co-operative has fought a series of court cases against Philkeram-Johnson and the Philippou family, who have repeatedly said they have no plans to use the factory themselves but now want to sell the land to pay off outstanding debts to banks, suppliers and employees.
Greece’s new radical left government is considering legislation allowing workers to legally take over factories abandoned by their owners. But ultimately, said Koumatsioulis: “We don’t want to hide it: above and beyond our own jobs and our families’ futures, this is about equality, democracy, the whole employer-employee relationship.”
If Viome eventually succeeded in its target of producing up to a tonne a day of soaps, detergents and cleaning fluids, said Kostopoulos, “we’ll be better off here – psychologically, politically, economically – than we ever were when we had bosses. We’re working for each other. That’s the difference”.
Jon Henley
Argentina: ‘At first it was rough’
All his life José Pereyra had been a waiter. For 20 years he served tables at Los Chanchitos (The Little Piggies), an old-style parrila (grill) at a strategic corner in Buenos Aires, on the borderline between two of the most densely populated middle-class neighbourhoods of the city.
Specialising in finger-licking grilled pork and generous helpings of homemade pasta, and with a faithful clientele that had kept it in business for three decades, Pereyra expected Los Chanchitos to provide firm job security.
But two years ago Pereyra realised its proprietors, who owned four other restaurants, were heading for a crash. “They owed rent on the building, they owed us back wages and had fallen behind on our social benefits payments,” said Pereyra. “I realised they were planning to close Los Chanchitos behind our backs.”
In previous decades, there would have been little Pereyra could have done to save his own job and that of his 27 other co-workers. But after Argentina’s cataclysmic economic collapse in 2001, when the country defaulted on its massive foreign debt and the government impounded all bank savings accounts, so many firms went into bankruptcy that workers were forced to find innovative solutions to save their jobs.
“Faced with the closures, instead of folding their arms and going home, many workers took the decision to form co-operatives,” said Andrés Quintana, spokesperson for CNCT, the National Confederation of Work Co-operatives.
Worker-managed firms existed before the crash. “There are probably between 5,000 and 6,000 co-operatives in Argentina today,” said Quintana. “The largest growth has been in recent years.” They provide jobs for more than 60,000 people.
For many, such as Pereyra, who worked the night shift at Los Chanchitos, forming a co-operative was a matter of survival.
“I remember the date, 23 April 2013, I spent all afternoon wandering around trying to figure out what to do,” Pereyra recalled. “The owners were pulling out and we had to take a decision. That night I called together all the waiters and the rest of the staff and proposed forming a co-operative.”
The restaurant’s employees kept the takings from that night and the next day, but when the meat and vegetable suppliers arrived, Pereyra took his first brave step. He informed the suppliers that the employees had taken over the restaurant and that daily deliveries would be paid in cash from then on.
The switch is not an easy one. “It’s a very difficult process for workers,” said Quintana. “Some are suddenly thrust from behind the counter to putting on a suit and going to work out a deal with the bank.”
“The first months were very rough, I was a traumatic wreck,” confessed Pereyra, 50. “But we had no other choice, our jobs were at stake. Many of us were over 45and would have had a hard time finding work again. For the first nine months I had to sleep at Los Chanchitos to get the business on its feet.”
On a larger scale, the workers at the large Bernardi oil storage plant in the Dock Sud area of the port of Buenos Aires were forced to take the firm over after it went bankrupt as Argentina’s economy imploded 14 years ago.
“It was a typical case of a company that collapsed during the 2001 crisis,” said José Sancha, of Decosur, the 30-member co-operative that now runs the formerly privately owned plant.
Decosur stores gas oil, petrol and fuel oil that is unloaded from tankers arriving at Buenos Aires in its 42 tanks with a combined capacity of 39,000 cubic metres.
“The first years were very tough,” Sancha recalled. “It’s an activity that requires meeting strict environmental norms, dealing with very diverse clients and securing the necessary concessions with the port authorities.”
But once the switch had been completed, business blossomed for the new cooperative. “We have now expanded to include an adjacent lot owned by another firm and we have even put in a pipe that connects us directly to the Dock Sud power plant,” said Sancha. Decosur now pipes liquid fuel to the 775-megawatt plant that feeds electric energy to a large slice of Buenos Aires.
Umbrella groups such as CNCT have stepped in to smooth the bumpy transition. “We provide training tools, we set up networks, many firms have fallen by the wayside,” said Quintana.
“The most complicated part for us was the legal settlement with the previous owners,” said Pereyra, who continues waiting at tables despite his new business role.
A pleasant surprise that followed after the co-operative took over was the return of many clients lost as the quality of the food dropped when the previous owners stopped reinvesting in the restaurant.
“If you stop paying your cook on time and you lower the quality of the meat, the client notices straight away. But when they saw that things started improving after we took over they started coming back.”
Unlike a normal business, which must turn a profit for its owner, a co-operative run by its workers tends to provide better conditions for its employees.
“We don’t retire our older employees, we find other tasks for them,” Pereyera said. “One of us needed surgery which he couldn’t afford, for example. So we got together between us and decided that the co-operative would cover the operation, because he had been working at the restaurant for 20 years. As a matter of fact, he just had the operation yesterday. A normal business maybe wouldn’t have cared, but we did.”
Uki Goni
Turkey: ‘We like coming to work now’
At a first glance, the workshop appears to be a run-of-the-mill textile factory. Long lines of knitting and weaving machines dominate the hall, while boxes filled with garments and colourful spindles of yarn are piled up in corners.
But Özgür Kazova is not like any other factory in Turkey: the four workers perched over their tables, sewing, ironing and supervising the whirring machinery, do not answer to any bosses.
Their struggle began in early 2013, when the owners of Kazova Textiles, Ümit and Mustafa Somuncu, put all 95 workers on leave after withholding their pay for several months, blaming poor business conditions. The workers were told they would receive all back-paylater, but upon their return they were informed by the company lawyer that everyone had been dismissed without compensation for “unaccounted absence from work”.
“We were dumbstruck,” said Aynur Aydemir who worked at Kazova Textiles for more than eight years. “Up until then we had been working seven days a week, up to 10 hours a day. Business seemed to be thriving. It was hard to believe that the company was really too broke to pay us.”
What was more, the owners dismantled all working machinery overnight and disappeared together with more than 100,000 finished jumpers and 40 tonnes of high-quality yarn, leaving the unpaid and now unemployed workers with knitting machines that were almost half a century old and did not work properly.
At the end of April, a handful of the former Kazova Textiles employees set up a tent in front of the old factory in order to prevent the owners taking the remaining valuables inside. Undeterred by what they said were threats and intimidation from the owners and the police, their reluctant struggle grew into a full-blown political movement.
“At first we were timid, because we had never been involved in any political movement before,” Serkan Gönüs, 42, explained. “We were scared, but little by little our confidence grew when we saw how much support we had from bystanders during those demonstrations.”
In the aftermath of Turkey’s protests in the spring of 2013, the workers decided to occupy and reopen the factory. A court ruled that the machines should go to the workers in compensation for their lost wages, and Muzaffer Yigit, 43, who has worked for Kazova Textiles since 1990, set out to repair them. Using the yarn that the old owners had left behind, the first jumpers, branded Diren Kazova (Resist Kazova), were produced. In September, the group hosted its first public fashion show.
But discord led to a split, and four workers decided to found the co-operative Free Kazova. “We found that it was not enough to just talk about workers’ rights and resistance in theory,” Gönüs said. “We wanted to come up with a sustainable model for fairer work, and be able to support ourselves.”
The Free Kazova workers have reached out to other self-managed factories and co-operatives worldwide in order to share experiences and expertise. Their aim is to produce high-quality, affordable garments for everyone interested in supporting a labour model that presents an alternative to exploitative wage work, with customers being told exactly how the money paid for each jumper is used.
“We don’t want to work for a profit, just enough for all of us to get by,” Aynur Aydemir said. “We work six hours a day, and we like coming to work in the morning now, because we are our own bosses.”
She added that Özgür Kazova jumpers were now sold not only in Turkey, but in France, Italy and Poland. “It’s actually hard to keep up with demand,” she laughed. “It proves that we are on the right track, and that many people agree with us and what we are defending.”
Constanze Letsch
Guardian 1st May 2015
Ανακτημένες Επιχειρήσεις, VIOME, Εργατική Αυτοδιαχείριση, 21ος αιώνας – Εργατικός Έλεγχος στη Σύγχρονη ΕποχήEraΝαιΝαιNoΌχι
