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  • French
    28/04/14

    La quatrième enquête nationale sur les entreprises récupérées par les travailleurs (ERT) réalisée par le programme « Faculté ouverte » de l’université de Buenos Aires confirme que le mouvement argentin des entreprises récupérées s’inscrit dans la durée. Depuis 2001, plus de 300 entreprises en faillite ou abandonnées par leurs propriétaires ont été reconverties par leurs ancien-ne-s travailleur-se-s et parmi elles, 60 l’ont été sur les trois dernières années. Si l’incertitude juridique autour de ces processus reste forte, il apparait que la voie de la récupération par les salariés reste une option valide de plus en plus soutenue par les syndicats.

    Comme le déclarait José Abellí en 2009, le phénomène de récupération d’entreprises par les travailleurs est aujourd’hui bien ancré dans la classe ouvrière argentine : « Aujourd’hui, quel que soit l’endroit dans le pays, lorsqu’une entreprise ferme, les travailleurs brandissent le drapeau de l’autogestion. C’est le grand acquis de la lutte de la classe ouvrière argentine » 1. Il n’est donc pas qu’un lointain souvenir de la crise de 2001 comme le confirmait également Andrés Ruggeri en 2010 « les entreprises récupérées par les travailleurs, non seulement, n’ont pas disparu mais elles se sont converties en une option que les travailleurs reconnaissent comme valide, malgré toutes les difficultés, plutôt que de se résigner à la fermeture des entreprises » 2.

    Les premiers éléments de la quatrième enquête nationale sur les entreprises récupérées par les travailleurs (ERT) réalisée par le programme « Faculté ouverte » de l’université de Buenos Aires en apportent une démonstration éclatante. Présentée le 21 mars dernier dans l’hôtel Bauen, à l’occasion du 11e anniversaire de sa récupération, le jour même où les travailleurs de cet hôtel récupéré apprenaient la décision de justice intimant leur expulsion, elle indique que ce sont plus de 60 entreprises qui ont été récupérées ces trois dernières années et 2 500 emplois qui ont été préservés. Depuis 2001, plus de 300 entreprises en faillite ou abandonnées par leurs propriétaires ont été reconverties par leurs ancien-ne-s travailleur-se-s, même si beaucoup courent le risque d’être contestées par des décisions de justice.

    Un cadre juridique complexe

    Lors de la présentation, Andrés Ruggeri, directeur du programme déclarait à l’agence ANSOL que « l’une des données les plus saillantes du rapport montre l’incidence de la loi sur les faillites, qui n’est pas celle attendue parce que les conflits durent plus longtemps, parce que les entreprises qui ont obtenu gain de cause d’un point de vue juridique sont très peu nombreuses, mais également parce que peut-être les expropriations requièrent un parcours juridique plus long, plus complexe qu’avant» 3.

    De fait, la durée des conflits a augmenté puisque sur la période (2010-2013), elle est passée à 335 jours contre 249 jours précédemment. Dans 61% des cas, les travailleurs ont été contraints d’occuper l’entreprise et/ou de résister contre des décisions de justice et des tentatives d’expulsion (37%). Si la nouvelle loi de 2011 avait initialement été perçue comme une avancée dans la mesure où elle permettait au juge d’accorder la poursuite de l’activité des entreprises sous le contrôle de coopératives de travailleurs, il n’en demeure pas moins que dans la pratique le juge conserve toute latitude pour permettre cette possibilité et qu’il en abuse parfois au détriment des travailleurs. Les faits le confirment puisque seuls 9,7 % des nouveaux cas de récupération ont pu profiter de ce recours. Alors qu’en 2010, 63% des ERT avaient obtenu une loi d’expropriation, seuls 19% des cas postérieurs y sont parvenus.

    Comme l’illustre le cas de l’hôtel Bauen, le cadre juridique reste problématique et les travailleurs de Fabricaciones Rosario se trouvent dans la même situation. De même, à Buenos Aires, l’imprimerie Mon est arrêtée depuis deux ans et demi et ses travailleurs attendent toujours à la porte de pouvoir entrer pour reprendre la production.

    Pour autant, ce cadre juridique ne frêne pas les récupérations d’entreprises. Bien au contraire, devant les fermetures intempestives d’usines le processus se poursuit. Selon l’enquête, sur la période 2010-2013, ce sont précisément 63 initiatives d’autogestion qui ont été engagées permettant de préserver 2 664 postes de travail.

    Les évolutions relevées lors de la dernière enquête

    Depuis les premiers relevés, réalisés entre 2001 et 2002, jusqu’au dernier, le Programme « Faculté Ouverte » a comptabilisé 311 entreprises récupérées, autant de processus qui ont permis de préserver l’emploi de 13 462 travailleurs dans le pays 4.

    La quantité d’entreprises récupérées continue de croître et la moitié des entreprises (150) se situe dans l’aire métropolitaine (la Ville et le Grand Buenos Aires) et le reste se trouve à l’intérieur de la province de Buenos Aires ou dans le reste du pays. L’aire métropolitaine de Buenos Aires et la région de la Pampa (les provinces de Buenos Aires, La Pampa et Santa Fe) concentrent à elles seules 81 % des ERT. Toutefois, ces dernières années, les ERT ont développé leur base géographique puisqu’elles sont aujourd’hui présentes dans 21 des 24 provinces du pays.

    Pour Andrés Ruggeri : « Il y a une nouvelle génération d’entreprises récupérées et il est nécessaire de s’interroger sur les raisons de ce resurgissement qui, s’il n’est pas aussi massif qu’en 2001 et 2002, montre que la moitié des entreprises récupérées existantes sont postérieures à la crise » 5.

    Selon les données du quatrième relevé, la récupération s’est élargie à d’autres secteurs d’activité : alors que la métallurgie dominait dans les trois premiers échantillons, elle s’est notamment diversifiée ces trois dernières années avec des établissements éducatifs et gastronomiques, comme le montre les exemples du collège Guido Spano ou du restaurant Alé Alé.

    Une autre évolution notable concerne l’engagement du mouvement syndical dans le soutien aux processus. Alors qu’il était de 44% jusqu’en 2010, il passe à 64% dans la dernière période. Celui-ci semble avoir intégré que le phénomène n’est pas simplement conjoncturel mais bel et bien ancré dans la réalité économique et sociale du pays.

    Une forte majorité d’ERT (93%) maintiennent les assemblées générales périodiques (56% une fois par semaine). 54% d’entre elles appartiennent à un mouvement ou une organisation d’ERT ou de coopératives et 71% réalisent des activités solidaires ou culturelles en lien avec la communauté.

    Globalement, la capacité productive reste moindre qu’avant la récupération, l’absence de capital (47,1%), de matières premières (35,3%) et la difficulté d’insertion sur le marché (29,4%) restent prégnantes. Les données recueillies sont cependant en évolution par rapport à celles relevées en 2003 et sont à mettre en relief avec l’amélioration de la situation macroéconomique qui permet aux nouvelles ERT de s’insérer plus rapidement. Néanmoins, leur accès au crédit reste problématique du fait de leur statut, c’est ainsi que 29% des ERT ont recours au « travail à façon », ce qui signifie qu’elles dépendent d’un donneur d’ordre qui leur procure la matière première et les paie pour le travail et la maintenance des machines. Dans certains cas, elles parviennent à capitaliser et à acquérir au fil du temps une certaine indépendance alors que d’autres restent dans une situation de sous-traitance. Relevons également que 61% des ERT reçoivent des aides de l’Etat.

    Un autre trait significatif de ce phénomène est le maintien d’une égalité salariale (52% des cas). Dans les autres cas, la différence est le plus souvent liée à la différence du nombre d’heures effectuées (61,5%). Dans aucun cas, l’échelle des salaires n'est supérieure à 50%.

    Dans une interview au journal Pagina 12, Andrés Ruggeri déclare que « le processus est consolidé malgré la précarité et l’absence de résolution générale. La modification de la loi sur les faillites semblait être la solution mais elle a déjà démontré que ce n’est pas le cas et qu’y compris les choses empirent. De même, l’Etat ne semble ni vouloir ni pouvoir en terminer avec le phénomène. Ce qui est certain, c’est que pendant ce temps les processus se poursuivent » 6.

    Les résultats collectés confortent Andrés Ruggeri dans son appréciation générale du phénomène : « Le mouvement des entreprises récupérées argentines est une référence au plan international, à notre connaissance, c’est le plus important du monde. Les travailleurs ont adopté la récupération des entreprises comme un outil viable quand les possibilités d’emploi se restreignent parce qu’ils la voient comme une option et une réalité » 7.

    Une autre enquête du ministère du Travail datée de novembre 2013 confirme également la vitalité des unités productives autogérées en Argentine puisqu’elle en dénombre 786, dont 98 % de coopératives, impliquant 28 000 travailleurs dans tout le pays. Le nombre d’entreprises récupérées corrobore celui du programme Faculté ouverte puisque 318 cas sont répertoriés 8.

    L’enquête du programme « Faculté ouverte » démontre effectivement que les processus de récupération d’entreprises par les travailleurs en Argentine ne sont pas qu’un lointain souvenir de la crise et, que malgré des difficultés légales, ils sont bien ancrés dans la classe ouvrière. Comme le déclarait Andrés Ruggeri lors de la rencontre internationale « L’économie des travailleurs » chez les Fralib à Gémenos en début d’année, « l’aspiration à la démocratisation de la production et à la redistribution des richesses est inscrit dans l’ADN des travailleurs ».

    Pour en savoir plus :
    Des données plus précises de cette enquête seront publiées prochainement sur le site web : www.recuperadasdoc.com.ar
    Des synthèses en français des précédentes enquêtes in Richard Neuville, « Les entreprises récupérées par les travailleurs en Argentine », publié le 31 octobre 2012.
    http://www.autogestion.asso.fr/?p=2071

    Notes:

    1. Abellí, José, « Empresas recuperadas », article du 27/02/2009, consultable sur :
      http://webiigg.sociales.uba.ar/empresasrecuperadas/PDF/Abelli.pdf
    2. Andrés Ruggeri (Dir.), Informe del Tercer Relevamiento Nacional de empresas recuperadas « Las empresas recuperadas en la Argentina 2010 », Buenos Aires, Octubre de 2010, 90 p. Téléchargeable : http://www.recuperadasdoc.com.ar/ 
    3. Cooperativas, « Más de 60 empresas recuperdas en tres años », Publicado el 7 de abril de 2014. Agencia de Noticias Ansol. Consultable sur : http://www.ansol.com.ar/noticia.php?id=3123
    4. « Datos destacados del IV relevamiento de ERT del programa Facultad Abierta », Données transmises par Andrés Ruggeri, directeur du programme, le 21 avril 2014.
    5. op.cit.
    6. Esteban Magnani, « IV Relevamiento de la UBA sobre empresas recuperadas, Para no perder el empleo”, Pagina 12, 20 de abril de 2014. Consultable sur le site : http://www.pagina12.com.ar/diario/suplementos/cash/17-7607-2014-04-20.html
    7. Op. Cit
    8. Informe del Programa de Trabajo Autogestionado del Ministerio de Trabajo, Empleo y Seguridad Social de la Nación. Noviembre 2013. Consultable sur le site OSERA : http://webiigg.sociales.uba.ar/empresasrecuperadas/PDF/PDF_09/Informe_Trabajo_Autogestionado_Datos.pdf

    Association Autogestion
    28 avril 2014
    www.autogestion.asso.fr

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  • English
    24/04/14
    The emancipatory potential and the limitations of workers’ control

    During the 1990s and in the immediate aftermath of Argentina’s economic meltdown in 2001-2002, the country witnessed an unprecedented formation of heterogeneous social movements such as newly founded trade unions, the unemployed workers’ movement, neighbourhood assemblies, garbage collectors, swap shops and recuperated workplaces. While most initiatives quickly disappeared during Argentina’s economic recovery in the years following the crisis, occupied and recuperated enterprises successfully emerged as the strongest and most organised form of popular protest. The workers’ longstanding struggle for the recuperation of the means of production, in part, radically altered existing forms of representation and participation within the workplace.

    Assembly-based mandates, direct elections of internal commissions, the rotation of positions and coordinators, representation of minorities and the free expression of diverging voices became established practices which encouraged direct and democratic workers’ involvement in the decision-making. They replaced hierarchical capital-labour relationships and bureaucratic leadership provided by traditional client-based trade unions. This chapter will examine the specific socio-economic and political-ideological context that provoked the renaissance of Argentina’s recuperated enterprises. In addition, it will discuss the emancipatory potential and the main obstacles and limitations of workers’ control.

    ...

    read more:

    in: López, Luisa / Molina, Martín / Pardo, Daniel / Piedrahita, Jonathan / Rojas, Laura / Tejada, Natalia / Zelik, Raul (ed.): ¿Otros mundos posibles? Crisis, gobiernos progresistas, alternativas de sociedad. Fundación Rosa Luxemburg / Universidad Nacional de Colombia, Sede Medellín Facultad de Ciencias Humanas y Económicas; Medellín, 2012, pp. 157-170. ISBN: 978-958-761-136-6
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  • German
    23/04/14
    Über das emanzipatorische Potenzial und die Dilemmas der Selbstverwaltung

    In den 1990er Jahren und danach in verstärktem Maß als Konsequenz der Finanz- und Wirtschaftskrise von 2001/2002 entstanden in Argentinien eine Vielzahl von sozialen Bewegungen: neue Gewerkschaften, Arbeitslosenorganisationen, Nachbarschaftsversammlungen, Müllsammler und besetzte, selbstverwaltete Betriebe (Uriona 2006: 89). Während die meisten Initiativen im Zuge von Argentiniens wirtschaftlichem Aufschwung in den Folgejahren rasch wieder in der Bedeutungslosigkeit versanken, etablierten sich die besetzten Betriebe als eine relativ starke und gutorganisierte Form des sozialen Protestes. Der jahrelange Kampf der Arbeiter um die Wiederingangsetzung der Produktionsanlagen konkursgegangener, verschuldeter Unternehmen veränderte zum Teil auf radikale Weise die bestehenden Formen von Repräsentation und Partizipation am Arbeitsplatz.

    Von Versammlungen erhaltene Mandate, direkte Wahlen von internen Kommissionen, die Rotation von Positionen und Koordinatoren, die Repräsentation von Minderheitsstimmen und die freie Meinungsäußerung der Arbeiter und Arbeiterinnen etablierten sich als Praxen, die deren direktdemokratische Beteiligung förderte (Korol 2005). Diese Errungenschaften ersetzten sowohl die hierarchischen Beziehungen zwischen Kapital und Arbeiterschaft als auch die bürokratische Führung von Seiten der traditionellen klientelistischen Gewerkschaften. Der vorliegende Text zielt zum einen darauf ab, kurz den spezifischen sozio-ökonomischen und politisch-ideologischen Kontext nachzuzeichnen, der die Wiederbelebung der Selbstverwaltung in Argentinien hervorgebracht hat. Zum anderen soll auf das emanzipatorische Potenzial sowie die Hindernisse und Grenzen der Arbeiterselbstverwaltung in Argentinien eingegangen werden.

    Der ganze Artikel hier als PDF:

    Erstveröffentlichung in:

    PROKLA - Zeitschrift für kritische Sozialwissenschaft, Nr. 168, Jg. 2012.

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  • French
    23/04/14

    Lassés de l’inaction du gouvernement concernant la renationalisation de leurs entreprises, pourtant validée par la justice, de nombreux travailleurs ont tenté de prendre les choses en main par des expériences d’autogestion ouvrière – ce qui les a amené à constater que le gouvernement s’opposait activement à leurs efforts.

     Le mois dernier, les autorités ont mis un coup d’arrêt à une expérience de ce type à la Tanta Flax Company dont la renationalisation était attendue depuis plus de deux ans.
    Le 15 mars, la Simo (Compagnie du papier du Moyen-Orient) est devenue la septième compagnie à être renationalisée par ordonnance d’un tribunal depuis la fin 2011. Cependant, les autorités n’ont toujours pas remis cette société en fonctionnement dans le cadre du secteur public.

    Depuis septembre 2011, le tribunal administratif a rendu des jugements annulant les privatisations des sociétés Tanta Flax, Nubariya Seeds, Shebin al-Kom Textile, et de la Nile Cotton Ginning, ainsi que de la Nasr Steam Boilers et de la chaîne de grands magasins d’Omar Effendi.

    D’après les conclusions et rendus de la Cour, ces entreprises de service public ont été vendues à des investisseurs privés de 1990 à 2010 à bien moins de leur valeur réelle sur le marché. N’étant plus gérés par des investisseurs, privés ou publics, ces entreprises et leurs travailleurs ont été en grande partie laissés dans l’incertitude.

    À l’exception des magasins Omar Effendi, et dans une moindre mesure de la société Shebin al-Kom Textile, l’État ne s’est pas investi dans la renationalisation ou la relance de ces entreprises.

    Dans l’espoir de retrouver leur emploi et de voir repartir leurs usines, les travailleurs de ces sept entreprises ont déposé des requêtes et organisé des manifestations et des sit-in exigeant un retour à l’emploi dans un délai de trois ans.

    Ces demandes des travailleurs sont survenues au moment où de hauts responsables de l’État – notamment le premier ministre Ibrahim Mehleb, le maréchal Abdel Fattah al-Sisi et le ministre du travail Nahed al-Ahsry – ont exigé que les travailleurs arrêtent de manifester ou de faire grève et aident la reprise économique en reprenant la production.

    Mais ces appels à un retour à la production sonnent creux pour de nombreux travailleurs.

    « Ce sont des paroles vides de sens à l’attention des médias » explique Hesham al-Oql de la société Tanta Flax and Oils.
     

    « L’exact opposé de ces déclarations officielles sont vraies. Nous, les travailleurs, sommes sans emploi et voulons faire fonctionner nos entreprises, mais le gouvernement nous empêche de nous remettre au travail. »

    Poussés par la frustration et des années sans salaires, les travailleurs de la société Tanta Flax ont été le dernier groupe à tenter l’autogestion de leurs usines.

     

    Expériences d’autogestion

    Le 19 mars, des dizaines d’anciens ouvriers ont relancé deux des dix lignes de production que compte l’entreprise Tanta Flax. Alors que la nouvelle de la remise en marche de l’usine sortait des murs de l’entreprise, les autorités locales ont coupé l’électricité et l’expérience a dû s’arrêter après quelques heures.

    Selon Oql, les forces de police étaient envoyées dans l’usine moins de deux heures après avoir été informées de l’action des travailleurs.

    « Ils nous ont affirmé sympathiser et soutenir nos efforts, puis, quelques minutes après leur départ, l’électricité a été soudainement coupée » dit-il.

    Un autre ancien travailleur, Gamal Othman, explique: « Après avoir annoncé notre intention d’autogérer nous-mêmes l’entreprise, la Holding Company for Chemical Industries a appelé la direction des services publics locaux de Tanta pour nous couper l’électricité. »

    « Par l’autogestion, notre intention était de montrer à la maison-mère qu’il est facile de relancer les usines de la société et que nous avions des matières premières pour assurer un mois de production » explique, un peu déçu, Othman.

    Othman ajoute que ses collègues et lui-même ont cherché à faire pression au milieu du mois de mai sur la maison-mère et sur le ministère de l’investissement afin qu’ils donnent suite à leur promesse d’achat de la quantité nécessaire de semence de lin aux agriculteurs locaux, estimée à environ 7 millions de livres égyptiennes.

    « Nous craignons que si la société n’achète pas ces cultures aux agriculteurs, ceux-ci les vendent à d’autres, et que les plans de redémarrage de la compagnie avant l’année prochaine, ne soient donc jamais mis en œuvre » prévient-il.

    Autant la maison-mère que le ministère de l’investissement ont fait des déclarations selon lesquelles ils relanceraient la société Tanta Flax en 2015, mais aucune date précise n’a été mentionnée pour cette opération.

    Othman critique l’incapacité du gouvernement à ré-exploiter Tanta Flax et d’autres sociétés bloquées.

    « Les autorités ne devraient pas payer une indemnisation aux travailleurs égal à leur salaire de base, alors qu’ils sont sans travail et que les lignes de production demeurent à l’arrêt. C’est un gaspillage des ressources de l’État. Les autorités devraient plutôt investir dans le mouvement de remobilisation des travailleurs et de leurs entreprises, car cela profiterait à la fois l’État et aux travailleurs, » affirme-t-il.

    Les travailleurs de l’entreprise Tanta ont été inspirés par l’expérience autogestionnaire réussie des travailleurs de la société Nubariya Seed, engagée deux ans plus tôt. Ces deux années d’autogestion se sont avérées fructueuses pour l’entreprise, les bénéfices générés sont estimés à 10 millions de livres égyptiennes.

    Rentable, la société Nubaseed avait été vendue à l’investisseur saoudien Abdel Ellah al-Kaaki en 1999 – le même homme d’affaires qui achètera le Tanta Flax Company en 2005.

    Kaaki avait arrêté tout investissement dans ces deux sociétés en 2011, lorsque les travailleurs avaient déposé leur recours devant le tribunal administratif et exigé la renationalisation de la société.

    Cependant, l’expérience d’autogestion réussie des travailleurs de Nubaseed a été stoppée à la fin de 2013 par le cabinet de l’ancien premier ministre Hazem al-Beblawi, lorsque des ministres ont interjeté en appel contre le jugement de renationalisation rendu en 2011.

    Le tribunal administratif devrait rendre son verdict le 12 avril au sujet de cet appel.

    Selon Oql, « la balle est dans le camp du ministère des finances. Elle y est depuis près de trois ans, mais nous continuons à attendre une action. »

    « Afin de pousser le ministère de l’investissement à remettre en marche notre entreprise, nous l’avons informé que nous étions prêts à travailler sans salaire pendant un mois, gratuitement, afin de remettre notre société sur pieds et retrouver nos emplois. Pourtant, nous n’avons aucune réponse de leur part, et nous avons donc décidé d’essayer la mise en autogestion de l’entreprise. »

    L’ancien candidat à la présidence Khaled Ali, qui a servi d’avocat pour la plupart des entreprises privatisées ci-dessus, a appelé les autorités de l’État à permettre aux travailleurs de gérer eux-mêmes leurs entreprises quand elles sont à l’arrêt ou lorsque les investisseurs ont fui le pays.

    Parmi les expériences notables en autogestion citons celle de l’usine d’ampoules de Ramy Lakkah dans le 10 arrondissement de la ville de Ramadan, qui a duré de 2001 à 2006. Alors que le propriétaire et les investisseurs avaient décampé du pays, cette expérience a réussi à accroître simultanément la production et les profits de l’entreprise. Après l’apurement de ses finances, l’entreprise a été remise à son ancien propriétaire Lakkah lors de son retour de France.

    Dans ce même secteur industriel, l’entreprise de textile connue sous le nom de Economic Company for Industrial Development a été autogérée avec succès de 2008 à 2010. Son propriétaire, Adel Agha avait fui le pays et abandonné plus de 500 travailleurs qui avaient réussi à faire fonctionner eux-mêmes l’entreprise. Cette société, et sa société mère Ahmonseto, ont été liquidées en 2010 et fermées lorsque les banques ont repris possession des actifs d’Agha.

     

    La papeterie Simo

    Lorsque les travailleurs de la Simo ont envisagé d’autogérer leur entreprise, ils ne purent pas mener à bien ce projet car le gaz et l’électricité étaient coupées depuis juin 2013, date à laquelle les anciens propriétaires ne payaient plus leurs factures.

    Comme dans le cas des entreprises mentionnées ci-dessus, le tribunal administratif a constaté que la papeterie Simo –privatisée en 1997 en tant que société par actions – avait été vendue à des investisseurs, en dessous de sa réelle valeur.

    Depuis juin 2013, moment où ils avaient déposé un recours devant le tribunal administratif, plus de 500 travailleurs de l’entreprise Simo – qui employait à l’origine environ 3 000 travailleurs avant la privatisation – se sont retrouvés sans travail, salaire ou indemnités.

    « Nous avons signé des pétitions adressées aux représentants du gouvernement, au conseil des ministres et aux autorités locales pour demander la ré-exploitation notre entreprise – en vain », explique Abdel Ati Ghareeb, président de la section syndicale de Simo.

    Les travailleurs de la Simo ont manifesté le 8 mars devant le siège du cabinet avec des travailleurs de plusieurs autres sociétés bloquées, réclamant des investissements de l’État afin que leurs entreprises soient remises d’aplomb.

    Un appel, déposé par la Holding Company for Chemical Industries – qui, comme la société  Tanta, est censée gérer et superviser Simo – contre le verdict du 15 mars, a stoppé la renationalisation de la Simo. Le tribunal administratif n’a pas encore rendu son verdict en ce qui concerne cet appel.

    « Notre société est très rentable et peut de nouveau fonctionner facilement avec un peu d’investissement, d’entretien et le paiement des salaires », explique Ghareeb.

    « Nous sommes prêts et capables de nous remettre au travail, et, en fait, nous insistons sur le retour au travail. Nous voulons juste le retour de nos emplois et de l’entreprise ».

    Le ministère du travail doit payer un mois de salaire de base aux travailleurs de Simo à partir de la semaine prochaine, d’après Ghareeb, qui ajoute: « Bien que nous soyons reconnaissants pour toute sorte d’aide, nous ne demandons pas l’aumône ou des solutions temporaires. Nous demandons maintenant la remise en marche de notre société et la réintégration de tous les travailleurs licenciés.»

    « Les travailleurs de Simo dorment à tour de rôle dans l’entreprise, située à Shubra al-Khaima, afin de protéger ses cinq usines et de prévenir les intrusions et les vols » ajoute Gareeb.

    « Nous ne pouvons pas payer nos loyers ou nourrir nos familles. Nous allons rapidement perdre tout espoir, car il semble y avoir aucune véritable préoccupation des autorités, ou aucune volonté réelle de résoudre nos griefs. Plus de 500 employés meurent lentement dans la paralysie de notre entreprise. Nous réclamons désespérément à l’État de sauver notre entreprise.»

    Ghareeb et des milliers d’autres travailleurs rappellent aux autorités la décision d’avril 2013, qui a condamné l’ancien premier ministre Hesham Qandil à un an de prison pour avoir omis de respecter le verdict de la renationalisation de la société Nile Cotton Ginning.

    Quand ce dernier a interjeté en appel de ce verdict, sa peine a été confirmée en septembre 2013. L’ancien premier ministre a été arrêté en décembre 2013 et purge actuellement sa peine.

    « Nous voulons que le gouvernement applique ce qu’il préconise pour la production, explique Ghareeb, qu’on nous aide à remettre cette entreprise en activité et, en quelques mois, nous ramènerons des profits.»

     

    Association Autogestion
    23 avril 2014
    www.autogestion.asso.fr

    Article paru le 4 avril 2014 Mada Smar : http://www.madamasr.com/content/workers-struggle-self-manage

    Traduit par Patrick Le Trehondat

    Jano Charbel est journaliste social au Caire et se définit comme anarcho-syndicaliste.

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    22/04/14
    Rezension

    Am 25. April 2014 jährt sich zum 40. mal die portugiesische "Nelkenrevolution" von 1974. In ganz Europa begrüßt, beendete sie eine der ältesten Militärdiktaturen des Kontinents und brachte neuen Schwung auch für die Widerstandsbewegung Bewegung in Franco-Spanien. Als dieser im Jahr darauf starb und mit der "transicion" auch in Spanien demokratische Verhältnisse einkehrten, schien die iberische Halbinsel ihren weg nach Europa gefunden zu haben.

    Doch die Lesart "Demokratie gegen Autoritarismus" ist nur eine Facette der Portugiesischen Revolution. Sie war genauso eine Revolution gegen den Kolonialismus, angefacht durch blutige und kostspielige Unabhängigkeitskriege in den portugiesischen Kolonien Angola, Moçambique und Guinea Bissau, die schließlich durch eine Verschwörung von Offizieren beendet wurden. Die portugiesischen Truppen weigerten sich schlicht, weiter als Unterdrücker zu dienen und das "Movimento das Forcas Armadas" (MFA) trug die Revolution ins Mutterland. Die Nelkenrevolution war also mehr als eine portugiesische Revolution, sie fand in Afrika und Europa gleichzeitig statt und verdeutlicht, das Globalisierung keine Erfindung der 1990er Jahre ist.

    Die Nelke als politisches Symbol zeigt eine dritte Dimension: als Symbol der sozialistischen Arbeiterbewegung bezeichnete die Rote Nelke weitergehende Forderungen der Revolutionäre. Nicht nur ein demokratischer Übergang, sondern auch Betriebsbesetzungen, Enteignung von Banken und Großgrundbesitz standen auf dem Programm und wurden in der ersten Phase der Revolution auch teilweise durchgeführt.

    Ismail Küpeli lenkt mit seiner Einführung "Nelkenrevolution reloaded" den Blick deutscher Leserinnen und Leser auf die bemerkenswerten Ereignisse des Jahres 1974 und stellt zu Recht die Frage, inwiefern die Bewegung von damals mit ihren radikaldemokratischen, antikolonialen und sozialistischen Dimensionen für heute relevant ist. Der zweite Teil des Buches beschäftigt sich dementsprechend wie im Untertitel angekündigt mit "Krise und sozialen Kämpfen" im Portugal der Gegenwart.

    Die Frage nach der Aktualität trägt Betrachtungen über das Scheitern in sich, denn sie deutet an, dass die Forderungen von 1974 bis heute nicht erfüllt sind. Die Kolonien sind unabhängig, der Krieg ist vorbei - doch nach durch die Einbindung in EG und EU wurde sozialistische Politik in Portugal schnell durch sozialdemokratische und später neoliberale Ziele ersetzt. Insbesondere die Einführung des Euro verschärfte diese Stoßrichtung, und Portugal geriet in neue ökonomische Abhängigkeiten. In der sogenannten Finanzkrise ab 2007 wurde das einst als Held der Demokratie gefeierte Portugal schließlich zum ersten Glied der Kette von "PIIG"´s degradiert, jener auch als "pigs" beschimpften Gruppe von Krisenstaaten Portugal, Irland, Italien und Griechenland. Der Staatsbankrott drohte, um neue Kredite zu erhalten, mußten Anweisungen befolgt werden. Demokratische Willensbildung wurde ersetzt durch Anweisungen einer "Troika" aus IWF, EU-Kommission und Europäischer Zentralbank. Daß Sozialabbau und Autoritarismus zwei Seiten einer Medaille sind, zeigte sich in Portugal besonders unverblümt: in den Wahlen 2011 verpflichteten sich die größten Parteien sozialdemokratischer und konservativer Ausrichtung bereits vor dem Urnengang auf ein Memorandum der Troika verpflichteten. Die politischen Entscheidungen nach der Wahl standen damit vorher fest. Auch linke Parteien konnten in der Krise nicht profitieren. Der Linksblock "Bloco de Esquerda" diskreditierte sich durch Koalitionsangebote an die neoliberalen Sozialdemokraten (PS), was für die deutsche Linkspartei eine Lehre sein sollte. Die Kommunistische Partei PCP zeigte sich wiederum unfähig oder unwillig, die in der schönen neuen Arbeitswelt aufgewachsene neue Generation von Scheinselbständigen und Prekären Arbeiterinnen zu erreichen. Ihre Wahlergebnisse stagnieren völlig unberührt von der Krise. Auch dies eine Lehre für all diejenigen, die als Zukunft des Sozialismus am liebsten den Marximus-Leninismus vergangener Tage sähen.

    Es ist dementsprechend nicht verwunderlich, dass die Sozialproteste in Portugal sich eigene Formen suchten. Spontan per Facebook ausgerufene Demonstrationen erreichten 2011 überraschend ähnliche oder gar höhere TeilnehmerInnenzahlen als Aufrufe der Gewerkschaftsdachverbände, die Besetzung eines Gebäudes zur Errichtung eines Sozialen Zentrums in Porto, der "Es.Col.A" polarisierte die Öffentlichkeit und erreichte, anders als bei ähnlichen Aktionen in Deutschland, breite Zustimmung außerhalb der linksradikalen Szene. Dennoch, so Küpeli, gibt es aus Portugal bestenfalls "widersprüchliche Signale": spontane Massenproteste gingen einher mit Wahlen, bei denen konservative Mehrheiten herauskamen. Ob neue Proteste bevorstehen, ob eine unterschwellige Politisierung der zahlreichen NichtwählerInnen in der Zukunft zu anderen Formen des Widerstands führen wird - all dies bleibt Spekulation.

    Dennoch ist Portugal relevant, und es ist ein Verdienst des Autors, dies in knapper und verständlicher Form klarzumachen. Denn am portugiesischen Beispiel zeigt sich ein Grunddilemma von Protesten gegen den Neoliberalismus: Während ein autoritäres Regime Entscheidungen zentralisiert und somit in ökonomischen Krisen Proteste wie ein Brennglas auf sich zieht, ist im Neoliberalismus keiner verantwortlich: die Firmenleitung, die Stadtverwaltung, die Regierung oder Institutionen wie die Troika - jede politische Instanz reicht die Verantwortung an die nächste Ebene weiter, und letztlich haben sich alle der Naturgewalt von wirtschaftlichen Sachzwängen zu richten.

    Auch in der jüngeren deutschen Geschichte gibt es eine vergleichbare Erfahrung: beim Sturz des DDR-Regimes 1989 war eine ökonomische Krise der Auftakt, demokratisch-sozialistische Forderungen spielten eine große Rolle, auch wenn die Linke sich bis heute schwertut, diesen Aufbruch als sozialen Protest anzuerkennen. Denn mit Währungsreform und Begrüßungsgeld folgte innerhalb von Monaten eine Marktbereinigung, revolutionäre Parolen wichen Kaufrausch und Privatisierungswelle. Doch die Auswirkungen ungehemmter Marktwirtschaft zeigten sich bald in Massenarbeitslosigkeit und dauerhaften Niedriglöhnen. Fünfzehn Jahre nach der Einheit gab es eine neue Protestwelle in ähnlichen Formen. Doch als 2004 in ganz Ostdeutschland neue Montagsdemonstrationen gegen den harten Wind der Marktwirtschaft ausbrachen, die Rufe "Wir sind das Volk! erneut in Leipzig und Ostberlin zu hören waren - da versandeten sie im Nichts.

    Denn organisierte Verantwortungslosigkeit und die Naturalisierung von ökonomischer Herrschaft durch anonyme Instanzen wie "die Märkte" sind nicht nur ein Ärgernis für Linke mit einfachen Feindbildern, sondern eine Herrschaftstechnik. Wenn daher die portugiesischen Kommunisten gegen den Euro mobilisieren, sich die Bevölkerung aber vor ökonomischer Isolation und noch stärkerem wirtschaftlichem Absturz fürchtet und daher lieber die Parteien der Troika wählt, dann zeigt dies, wie sehr der europäische Finanzmarktkapitalismus nicht nur die Wirtschaftsbeziehungen, sondern auch unsere Köpfe und die Struktur des Politischen verändert hat.

    Mit seiner kurzen Einführung zu Portugal bietet Ismail Küpeli keine Lösungen für dieses Dilemma des Widerstandes. Aber er stellt die richtigen Fragen, und das ist Verdienst dieses Bandes. Mit seiner kurzen Darstellung zur Geschichte der Nelkenrevolution, zum politische System Portugals und den aktuellen Protesten macht das Buch Lust, mehr über Portugal zu lesen und macht Lust auf eine Bildungsreise. Vor allem aber drängt die Lektüre zum bekannten, aber oft nicht beherzigten Gedanken, dass soziale Kämpfe längst keine nationale Angelegenheit mehr sind. Und es auch 1974 nicht waren: Denn nicht nur die Uneinigkeit der Linken Akteure, sondern auch massive Interventionen aus dem europäischen Ausland sorgten dafür, dass die "revolutionäre Phase" der Nelkenrevolution eine Episode blieb. So wurde z. B. die sozialdemokratische Partido Socialista (PS) 1973 mit tatkräftiger Hilfe der Friedrich-Ebert-Stiftung in Bad-Münstereifel (!) gegründet. Damals sollte sie den Einfluß der Kommunisten im Widerstand begrenzen, heute stützt sie die Politik der Troika. Über Interventionen dieser Art hätte man gerne mehr erfahren, mittlerweile gibt es auch erste historische Veröffentlichungen dazu. Allerdings hüte man sich vor Verschwörungstheorien. Die Erfolge der europafreundlichen PS verweisen damals wie Heute auf das Dilemma, dass die linke EU-Kritik bisher keine positive Vision entwickelt hat. Das Europa der Kapitalverkehrsfreiheit schmückt sich mit dem Charme des Internationalen, EU-Kritik wird dagegen von Nationalisten vom Schlage einer "Alternative für Deutschland" bedient. Die Linke steht im Zwiespalt zwischen einer notwendigen Blockade der gegenwärtigen EU und der ebenso notwendigen Ablehnung des überall sichtbaren Anstiegs von Nationalismus und Rechtspopulismus. Vernetzung und gegenseitiges Kennenlernen der Sozialproteste von Unten, die in ganz Europa stattfinden, sind unabdingbar dafür, um hier eine Alternative zu formulieren. Ismail Küpeli leistet einen kleinen Beitrag zu dieser Aufgabe, man würde sich viele LeserInnen und weitere Länderstudien dieser Art wünschen.

     

    Veranstaltungshinweis:

    Zeitzeugenveranstaltung zu "40 Jahre Nelkenrevolution" am 28. 4. 2014 im Biergarten "Jockel", Ratiborstr. 14c, Berlin-Kreuzberg, 19 Uhr.

    Titelinformationen:

    Ismail Küpeli: Nelkenrevolution reloaded - Krise und soziale Kämpfe in Portugal,
    Edition Assemblage, Münster 2013, 94 Seiten, 9,80 EUR

     

    Erstveröffentlichung für workerscontrol.net

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    17/04/14
    a contemporary documentary for the work-in campaign 1976-9

    In 1976, after a long period of neglect by the health authorities, the Department of Health in the UK announced that the Elizabeth Garrett Anderson (EGA) Hospital - a hospital for women in central London, where women were treated by women staff - would be closed.

    An alliance of staff, patients, the labour and womens movement, and the local community launched a campaign to save the hospital.  Forcing a number of extensions, when the final closure was to occur the campaign moved to an occupation of the hospital where patients continued to be treated while supporters picketed the hospital to stop patients and equipment being removed.  

    With a number of potential closure announcements the work-in continued for about 18-months. The documentary film attached EGA Stays OK! - produced through the Open Door series - is an invaluable account produced for the work-in and gives an interesting view of the staff and supporters, as well as patients, during the occupation.  Following the action at EGA further hospital occupations were staged in Britain to attempt to halt closures and declining local health services.  They have more recently occured in Greece and elsewhere in as budget cuts impact on peoples health facilities.

    Ironically the EGA work-in was finally ended by the incoming Thatcher Government in 1979 who hatched a plan to keep the hospital open by the introduction of voluntary finance alongside state health funding.  Splitting support for the EGA campaign it proved the first hints of the encroachment of private sector into health care in the name of 'choice'.

    Now watch the short film: 

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  • French
    17/04/14

    « La révolution du 18 mars aurait plus fait pour les travailleurs que jusqu’alors toutes les assemblées bourgeoises de la France depuis le 5 mai 1789 1».

    C’est le lundi 17 avril 1871 que parait au Journal officiel de la République française édité par la Commune de Paris le « Décret de convocation des chambre syndicales ouvrières », adopté à l’unanimité (moins une voix) par la Commune de Paris lors de sa séance du 16 avril.

    « La Commune de Paris, Considérant qu’une quantité d’ateliers ont été abandonnés par ceux qui les dirigeaient afin d’échapper aux obligations civiques et sans tenir compte des intérêts des travailleurs ; Considérant que par suite de ce lâche abandon, de nombreux travaux essentiels à la vie communale se trouvent interrompus, l’existence des travailleurs compromise DECRETE Les chambres syndicales ouvrières sont convoquées à l’effet d’instituer une commission d’enquête ayant pour but : 1. De dresser une statistique des ateliers abandonnés, ainsi qu’un inventaire de l’état dans lesquels ils se trouvent et des instruments de travail qu’ils renferment. 2.De présenter un rapport établissant les conditions pratiques de la prompte mise en exploitation de ces ateliers non plus par les déserteurs qui les ont abandonnés mais par l’association coopérative des ouvriers qui y étaient employés. 3. D’élaborer un projet de constitution de ces sociétés coopératives ouvrières. 4. De constituer un jury arbitral qui devra statuer au retour desdits patrons, sur les conditions de la cession définitive des ateliers aux sociétés ouvrières et sur la quotité de l’indemnité qu’auront à payer les sociétés aux patrons. Cette commission d’enquête devra adresser son rapport à la commission communale du Travail et de l’Echange, qui sera tenue de présenter à la Commune, dans le plus bref délai, le projet de décret donnant satisfaction aux intérêts de la Commune et des travailleurs. »

    La situation est grave : sur 600 000 ouvriers parisiens enregistrés comme salariés chez les petits patrons, seuls 114 000 ont un travail 2. Dès le 5 avril la Commune avait créée des bureaux pour « grouper les offres et les demandes concernant l’industrie et le commerce», mais cela demeurait évidemment insuffisant, tant « l’offre » était affaiblie par l’abandon des entreprises par leurs propriétaires. Il y avait un précédent, du moins en termes de proposition : en octobre 1870 un projet prévoyait l’expropriation des ateliers et usines fabriquant des munitions, et qu’une fois la paix revenue, ils devraient être « confiés à des associations ouvrières » (qui les paieraientt au fur et à mesure à la Nation par des annuités prélevées sur le bénéfice). Cette idée avait été rejetée par le gouvernement de la défense nationale. Après la révolution du 18 mars, c’est cette fois sur proposition de la Commission du Travail – Industrie – Echanges, composée essentiellement des socialistes révolutionnaires Malon, Frankel, Theisz, Dupont, Avrial,  Loiseau, Pinson, Eugène Girardin, Puget, que ce décret  - dont l’initiative en revient à l’ouvrier Avrial, est adopté.

    C’est donc d’abord une enquête statistique qui est décidée, à charge pour les chambres syndicales ouvrières de la mener. La délégation met huit jours à se constituer, elle se réunit dans un local du ministère des Travaux publics. En réalité, il faut plus d’un mois. pour que la commission soit véritablement à pied d’œuvre, la deuxième réunion se tenant le 18 mai. Ouverte à toutes les corporations, syndicats, sociétés de crédit mutuel, elle rassemble 42 associations ouvrières de production et 34 chambres syndicales.

    La Commission du Travail avait également démontré que dans les marchés de l’intendance (marchés publics) beaucoup d’entreprises privées arrivaient à conclure avec des bas prix qui en réalité « pèsent sur la main d’œuvre et non sur les bénéfices des entrepreneurs qui soumissionnent ».  Dans le 18ème arrondissement, la corporation des ouvriers selliers demande « qu’au lieu de livrer le travail de la sellerie à des exploiteurs […] on le donne aux ouvriers eux-mêmes qui pourraient se constituer en associations ». La commission reçoit la double mission de réviser les marchés conclus et de donner la préférence, dans les contrats ultérieurs, aux associations ouvrières.

    Les associations ouvrières de production, avaient connu un fort développement à la fin du second empire, puis dépéri avec la guerre et le siège. Il existait une cinquantaine de coopératives – de production, de consommation – dans Paris en 1870 3. Elles trouvent leurs racines autour de 1830, et avaient comme objectif non de déposséder les patrons, mais de les « ruiner » par le simple jeu de la concurrence. Le décret du 16 avril 1871 va bien plus loin, puisque s’il respecte encore la propriété privée, il visait néanmoins selon les termes de Lissagaray à restituer « à la masse dépossédée la propriété de son travail ».

    Les entreprises importantes ne furent pas touchées. Certaines, comme les usines Cail, se protégeaient en travaillant (entre autres) pour la Commune. Le projet de décret de Vésinier, du 4 mai, concernait ces grandes entreprises, prévoyant une « réquisition après inventaire et indemnité ultérieure fixée par des experts de tous les grands ateliers des monopoleurs, de leurs outils, machines, matières premières […] Cession provisoire de ces ateliers aux associations ouvrières qui en feront la demande » avec « l’ouverture d’un crédit nécessaire à ces associations ». Il ne fut pas discuté.

    Des ateliers coopératifs sont également un projet que Frankel et la Commission présentent le 6 mai afin de donner aux femmes du travail à domicile. L’union des femmes pour la défense de Paris et de soins aux blessés – dont Elisabeth Dimitrieff était la présidente – avait remis une pétition quelques jours auparavant allant en ce sens, prônant « l’anéantissement de toute concurrence entre travailleurs des deux sexes », ainsi que « le développement général des associations productives ». L’union demande sa part dans la réalisation du projet, avec des comités de quartier pour recenser les chômeuses comme les ateliers abandonnés. A noter que le système adopté (coopératives de travailleuses à domicile intermédiaire entre les ateliers et les femmes) demeure conforme aux préjugés de l’époque hostile au travail collectif des femmes 4.

    La Commune est confrontée à de multiples questions, et surtout à celle de sa survie face à la contre-révolution versaillaise. Le temps lui a manqué pour mettre en œuvre ses décisions. Toutefois, selon Jacques Rougerie qui en a fait le dénombrement, il y a eu une dizaine d’ateliers confisqués, en premier ceux intéressant la défense militaire.  On dispose pour ce qui concerne l’atelier d’armes du Louvre, d’un règlement intérieur adopté le 3 mai à la suite d’un différend entre le directeur (pourtant nommé par la Commune) et les salariés, règlement qui est publié au Journal officiel du 21 mai.

    Certes, le décret du 16 avril comporte des limites : voté en fin de séance sans débat, il respecte encore la propriété privée, ne concerne pas les grandes entreprises, mais il remet de fait en cause le pouvoir du capital dans la gestion, C’est un « décret de principe » 5, il ouvre la voie au pouvoir de collectifs de travailleurs organisés en coopératives, chambres syndicales.

    « A moins de vouloir tout ramener à un Etat centralisateur et autoritaire qui nommerait les directeurs d’usine, de manufactures, lesquels nommeraient à leur tour les sous-directeurs, contremaîtres, etc., et arriver ainsi à une organisation hiérarchique de haut en bas du travail, dans lequel le travailleur ne serait plus qu’un engrenage inconscient, sans liberté ni initiative, à moins de cela nous sommes forcés d’admettre que les travailleurs eux-mêmes doivent avoir la libre disposition, la possession de leur travail. » (Eugène Varlin)

    Notes:

    1. PO Lissagaray, Histoire de la Commune de 1871, Maspero, 1976.
    2. La revue des deux mondes, 15 mai 1871.
    3. Bernard Noël, Dictionnaire de la Commune, Mémoire du Livre, 2001.
    4. Jacques Rougerie, Paris libre, 1871, Paris, Le Seuil, 1971, a mené une enquête précise, voir notamment les pages 173 à 193, « La Commune, gouvernement socialiste » ; dans La grande histoire de la Commune, de Georges Soria au Livre Club Diderot, Paris, 1970, l’auteur consacre également des développements à ce sujet, pages 189 à 200. Voir aussi Jean-Pierre Gouzy, Bernard Voyenne, Arnaud Marc Lipiansky, « La Commune de Paris », Volonté anarchiste N° 28, 1985
    5. Arthur Arnould  dans Histoire politique et parlementaire de la Commune de Paris, (Lyon, Jacques Marie et associés éditeurs, Lyon 1981) distingue trois types de décrets : « d’actualité », « de principe », « de combat »

    Association Autogestion
    17 avril 2014
    www.autogestion.asso.fr

    PO Lissagaray, Histoire de la Commune de 1871, Maspero, 1976.
    La revue des deux mondes, 15 mai 1871.
    Bernard Noël, Dictionnaire de la Commune, Mémoire du Livre, 2001.
    Jacques Rougerie, Paris libre, 1871, Paris, Le Seuil, 1971.
    Georges Soria, La grande histoire de la Commune, Livre Club Diderot, Paris, 1970.
    Jean-Pierre Gouzy, Bernard Voyenne, Arnaud Marc Lipiansky, « La Commune de Paris », Volonté anarchiste N° 28, 1985
    Arthur Arnould, Histoire politique et parlementaire de la Commune de Paris, Jacques Marie et associés éditeurs, Lyon 1981

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    16/04/14
    Unilever wollte die Teeproduktion in Marseille einstellen, doch die Belegschaft besetzte die Fabrik
    Der Lebensmittelgigant will Tee für die Marke Eléphant künftig in Polen produzieren. Doch die Arbeiter beanspruchen die Marke für sich und wollen die Fabrik in Marseille aufrechterhalten.

    Auf der Packung steht auf Französisch »Der Mate von Fralib«, darunter ist ein Trinkgefäß und ein Strohhalm aus Metall abgebildet. Mit diesen Utensilien trinken über 80 Prozent der argentinischen Bevölkerung regelmäßig Mate-Tee. Zudem haben in dem südamerikanischen Land mittlerweile mehr als 15 000 Arbeiter ihre von der Schließung bedrohten Betriebe in Selbstverwaltung übernommen. Ausreichende Gründe für die Belegschaft der seit zweieinhalb Jahren besetzten Teebeutelfabrik Fralib in Gémenos bei Marseille, Mate zu produzieren. Der direkte Anlass dafür war das internationale Treffen »The Economy of the Workers« (Die Ökonomie der Arbeiter), welches am 31. Januar und 1. Februar auf dem Fabrikgelände stattfand. Dort diskutierten um die 200 Arbeiter, Aktivisten und Wissenschaftler über alternative Ökonomie im Zeichen der Krise, reaktivierte Unternehmen in Europa und in Lateinamerika, sowie die Potenziale der ökonomischen Selbstverteidigung durch Selbstverwaltung.

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    Erstveröffentlichung in "neues deutschland. Sozialistische Tageszeitung", 12.02.2014

    Online: www.neues-deutschland.de/artikel/923815.elefanten-fuer-die-arbeiter.html...

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    16/04/14
    Der konservative Bürgermeister von Buenos Aires fördert lieber Klientelismus als Selbstorganisation

    Kein frohes neues Jahr: Der Ausblick auf 2012 stellte sich für die Arbeiterinnen und Arbeiter der empresas recuperadas, der selbstverwalteten Betriebe, in Buenos Aires zum Jahresende ausgesprochen trübe dar. Ende Dezember legte Mauricio Macri, der konservative Bürgermeister der argentinischen Hauptstadt, sein Veto gegen das »Gesetz Nr. 4008« ein. Dieses sollte die Geltungsdauer eines anderen Gesetzes, das bis dahin die selbstverwalteten Betriebe vor den Ansprüchen ihrer ehemaligen Besitzer schützte, bis 2017 verlängern. Das Gesetz hatte das Parlament in Buenos Aires bereits am 17. November passiert und musste vor seinem Inkrafttreten von Macri ratifiziert werden. »Die Entscheidung Macris stellt mehr als 2 000 Arbeitsplätze in Frage«, urteilte Eduardo Montes von der Vereinigung selbstverwalteter Fabriken gegenüber der argentinischen Tageszeitung Página 12. »Ohne einen solchen gesetzlichen Schutz könnte der laufende Prozess der Enteignungen zum Stillstand kommen, und die alten Besitzer könnten zurückfordern, was einst ihnen gehörte.«

     

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    Erstveröffentlichung in "Jungle World. Die linke Wochenzeitung", Nr. 4, 26. Januar 2012

    Online: http://jungle-world.com/artikel/2012/04/44747.html

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    16/04/14
    Andrés Ruggeri im Gespräch über "reaktivierte Unternehmen" in Argentinien

    Vor elf Jahren kam es in Argentinien nach einer langen Rezession zu einer Banken- und Finanzkrise und in der Folge zu großen sozialen Konflikten und Massenprotesten. Auch wurden zahlreiche Betriebe, die schließen mussten, von den dort ehemals Beschäftigten besetzt. In vielen Fällen konnte eine Betriebsübernahme durch Arbeiterkooperativen durchgesetzt werden. Der Sozialwissenschaftler Andrés Ruggeri ist Leiter einer Arbeitsgruppe der Univer­sität Buenos Aires, die das Phänomen der empresas recuperadas, der »reaktivierten Unternehmen«, seit 2002 untersucht. Die Jungle World sprach mit ihm über die Entwicklung der Selbstverwaltung in Argentinien und die Anwendbarkeit des Modells in Europa.

     

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    Zuerst veröffentlicht in "Jungle World. Die linke Wochenzeitung", Nr. 4, 24. Januar 2013

    http://jungle-world.com/artikel/2013/04/47019.html.

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