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French14/04/14
Lors d’une réunion qui s’est tenue le 16 novembre 2013 à Besançon dans le cadre des 40 ans de Lip, Charles Piaget et Monique Piton, deux anciens porte-paroles de cette lutte emblématique racontent l’histoire de ce conflit. Charles Piaget reprend en détail les différentes étapes de la première partie du conflit lip (1973-1974) tout en donnant un éclairage parfois personnel de certaines de ses étapes. Monique Piton souligne la faiblesse de la prise en compte du féminisme dans cette lutte tout en considérant que cette première lutte avait été enthousiasmante. Son appréciation de la deuxième phase du conflit (1976-1977) est beaucoup plus réservée…
http://www.dailymotion.com/video/x1hz7cn_charles-piaget-et-monique-piton...
Association Autogestion
14 avril 2014
http://www.autogestion.asso.fr1960-2000 – Εργατικός 'Ελεγχος ενάντια στην Καπιταλιστική Αναδιάρθρωση, Colette Web, Εργατικός Έλεγχος, Γαλλία, ΕυρώπηTopicΝαιΝαιNoΌχι -
French11/04/14
Après avoir réussi à autogérer l’hôtel Bauen de Buenos Aires durant 11 années, les travailleurs de cette entreprise récupérée (empresa recuperada por sus trabajadores) risquent d’être expulsés la semaine prochaine.
Nous vous invitons à signer la pétition internationale de soutien : https://www.surveymonkey.com/s/R7HGGT8
Autre action : faire une photo de groupe de votre association, de votre section syndicale ou de votre entreprise coopérative avec une mention de soutien et l’envoyer à prensabauen (at) gmail.com
L’hôtel Bauen est une des entreprises récupérées par les travailleurs les plus emblématiques d’Argentine. Fermé par ses propriétaires suite à une manœuvre frauduleuse qui a jeté à la rue tous les travailleurs fin 2001, ce grand édifice de 20 étages situé en plein centre de Buenos Aires a été abandonné pendant plus d’une année avant qu’un groupe d’anciens travailleurs ne l’occupe le 21 mars 2003. Pendant 11 années, un processus autogestionnaire a été entrepris, permettant de créer 130 postes de travail et de valoriser, quasiment sans financement extérieur, un hôtel vidé et abandonné par ses patrons.
Cet hôtel, qui était précédemment le symbole de la corruption du pouvoir, a été transformé en un lieu de réunion et de solidarité pour les mouvements sociaux, les syndicats et les organisations de travailleurs, où se sont tenues des centaines d’événements culturels, universitaires et de débats.
L’hôtel Bauen n’est pas seulement un emblème de l’autogestion. Il était aussi un exemple clair de la connivence et de la corruption entre le pouvoir économique et la dictature génocidaire qui a ensanglantée l’Argentine entre 1976 et 1983. Le Bauen a été construit pour le mondial de football de 1978 avec des crédits jamais remboursés qui ont été accordé par une banque d’Etat, la BANADE. Du fait de cette dette, l’Etat pourrait très bien récupérer la propriété de l’hôtel. Au lieu de cela, la justice a estimé que l’entreprise Mercoteles (continuité de l’entreprise originale) est propriétaire de l’immeuble et a ordonné l’expulsion de la coopérative de travailleurs. Cette décision a été contestée par la coopérative mais les recours ont été rejetés par toutes les instances judiciaires.
Le 21 mars 2014, à l’occasion du 11e anniversaire de la récupération de l’hôtel Bauen par les travailleurs, l’ordre d’expulsion a été signifié à la coopérative. Les travailleurs et de nombreuses organisations sociales sont disposés à résister en espérant qu’une solution définitive soit trouvée, qui reconnaisse le travail et le rôle social, économique et culturel de l’entreprise autogérée et qui ne récompense pas les entrepreneurs corrompus et complices de la dictature.
Les signataires ci-dessous se solidarisent avec les travailleurs de Bauen et attendent une solution urgente permettant de poursuivre une expérience d’autogestionnaire qui est exemplaire dans le monde.
Pour signer la pétition internationale : https://www.surveymonkey.com/s/R7HGGT8
N’hésitez pas à envoyer un mail de soutien aux travailleurs de l’Hôtel BAUEN : prensabauen (at) gmail.com ou andres.ruggeri (at) gmail.com ou mieux encore, faire une photo de groupe de votre association, de votre section syndicale ou de votre entreprise coopérative avec une mention de soutien et l’envoyer à ces adresses.
Au nom des travailleurs de l’Hôtel BAUEN,
Andrés Ruggeri, Professeur et Directeur du Programme Faculté ouverte, Faculté de philosophie et des lettes, Université de Buenos Aires
Marcelo Vieta, Professeur Assistant, Institut d’Etudes de l’Education de l’Ontario, Université de Toronto (à compter du 1er juillet 2014)Un film de 95 minutes de Didier Zyserman avec la collaboration de Jérémie Reichenbach avait été réalisée en 2010 :
http://voiretagir.org/NOSOTROS-DEL-BAUEN-Nous-autres-du.htmlAssociation Autogestion
11 avril 2013
http://www.autogestion.asso.frΑργεντινή, Bauen, Colette Web, Ανακτημένες Επιχειρήσεις, 21ος αιώνας – Εργατικός Έλεγχος στη Σύγχρονη Εποχή, Λατινική ΑμερικήEraΝαιΝαιNoΌχι -
French04/04/14
Jedinstvo, une ancienne entreprise industrielle de la Yougoslavie titiste a été reprise en main par le gouvernement croate au moment de la guerre pour être ensuite privatisée. Après la banqueroute de l’entreprise sous fond de spéculation immobilière, quelques travailleurs occupent une partie de l’usine et fondent Jedinstvo Novo. Action désespérée de travailleurs vieillissants ou au contraire relance d’un processus autogestionnaire ? Tel est l’enjeu de cette expérience.
Un géant industriel yougoslave (1946-1989)
« Un train pouvait y circuler. Il entrait d’un côté de l’usine, et sortait de l’autre, rappelle Ivan Grosek, travailleur à Jedinstvo (Unité). Peu d’usines en Yougoslavie étaient équipées comme Jedinstvo ». Fondée à Zagreb en 1946 par les brigades de jeunes volontaires, Jedinstvo était connue comme une « usine qui produisait des usines » : que ce soit dans le secteur agro-alimentaire, chimique, pharmaceutique ou pétrochimique, elle fournissait tous les équipements nécessaires à la production industrielle. « A cette époque, l’usine était sous contrôle autogestionnaire des ouvriers, se remémore Ivan Grosek. C’était garanti par la Constitution. Et les affaires marchaient bien… » Connectée aux réseaux ferroviaire et maritime, ses produits étaient distribués en ex-URSS, Pologne, Roumanie, Cuba, Iraq, Iran. Aux Etats-Unis, Jedinstvo a également permis de construire une raffinerie de sucre. « Nous avons travaillé au Michigan en 1965. Cela signifiait beaucoup de pouvoir faire cela », commente Ivan Grosek.
Un géant industriel, mais aussi une puissance immobilière… en possession de 59 immeubles, dont 545 appartements à Zagreb et 72 sur la côte de la mer Adriatique, ainsi que d’un hôtel avec bowling club. Des activités culturelles et sportives étaient aussi sponsorisées par Jedinstvo. « C’était une usine construite par la jeunesse », une propriété sociale pour laquelle 1667 personnes travaillaient en 1990, et que la transition capitaliste a détruite en quelques années. Dès 1990, Jedinstvo, endettée de 36 Millions de Deutsch Mark envers la Banque de Zagreb, est soumise à une politique de « restructuration » qui, pour commencer, met fin au modèle autogestionnaire yougoslave. Dès 1991, 350 travailleurs sont soumis à un plan de licenciement ; et en 1992, l’usine est privatisée (avec ses biens immobiliers).
La destruction systématique de l’usine (1990-2002)
La privatisation se fait pendant la guerre (1991-1995) à travers une étatisation de l’usine, facilitée par l’absence d’une partie des travailleurs, partis au front. Jedinstvo passe sous le contrôle du Ministère de la Défense, qui convertit plus de la moitié de la production vers l’industrie militaire, et accueille dans l’usine une brigade croate… un stationnement temporaire qui devient, à la fin de la guerre, permanent, tandis que la dette s’est creusée, et que la moitié des actifs sont transférés au Ministère de la Défense. Celui-ci était alors dirigé par le général Vladimir Zagorec, un proche de Tudjman, chargé de l’approvisionnement en armes de l’armée croate pendant la guerre, et arrêté en 2008 pour détournement de fonds (trafic d’armes, vol de diamants) 1. Sachant que Jedinstvo était reliée à un puissant réseau de transports maritimes et ferroviaires, l’usine aurait-elle joué un rôle de plaque tournante dans ces trafics ? Une question sans aucune preuve, mais qui se pose.
« Nous sommes partis au front, nous avons libéré notre pays, et ils nous ont tout pris, » affirme Grosek, pour qui le directeur n’avait pas le droit de donner l’usine au Ministre de la Défense. « 5% ou 6% oui, mais pas la moitié. C’était un tour de double passe : donner l’usine à l’État, pour que Todoric - l’un des « hommes d’affaire » les plus puissants en Croatie - investisse ensuite ». En outre, la politique de « restructuration » se fait par un processus d’étatisation… où l’État est lié par une forte dépendance mutuelle à de puissants « hommes d’affaires » (tycoons). En 1998, l’autre moitié des actifs, d’une valeur de 37,6 millions de Deutsch Mark, est transférée au Fonds d’Investissement de Privatisation « Sunce », sous forme de « privatisation par coupon ». Selon l’étude de Vojimir Franicevic et Boris Sisek, ce mode de privatisation « autorisait une forte proportion de comportements discrétionnaires » 2.
Cette même année, en 1998, les travailleurs de Jedinstvo forment une « cellule de défense de l’usine », un mode de résistance ouvrière qui se développe, à la même époque, pour défendre plusieurs usines croates en voie d’extinction 3. Malgré ces efforts, l’usine fait banqueroute en 2002. « Nous voulions sauver la compagnie : nous avions obtenu un prêt et mis en place un partenariat avec une usine d’électricité allemande », rappelle Grosek, président du comité de défense. Mais le premier ministre Ivica Racan (SDP, Parti Social-Démocrate) a annulé les contrats. « C’est à ce moment que le gouvernement a détruit l’usine ». Et pour cause. Celui-ci n’était plus tant intéressé par la production industrielle que par la valeur immobilière du terrain.
Dès 2002, les syndics de faillite tentent d’acquérir l’usine pour un projet de centre commercial… Dans les anciens locaux administratifs de Jedinstvo, on trouve aujourd’hui un bureau de la Banque de Zagreb, et dans ses anciens dépôts, la renommée salle de concert « Jedinstvo-Mocvar ». L’usine Jedinstvo survit encore : maintenant sous le nom de Jedinstvo Novo (Unité Nouvelle), fondée en 2005 sous le contrôle des travailleurs. Ces derniers avaient compris que « s’ils voulaient continuer à produire, ils ne pourraient compter ni sur le directeur de l’usine, ni sur le gouvernement, et encore moins sur les banques », affirme Mario Ivekovic, président du Syndicat Nouveau.
Les travailleurs reprennent l’usine (2002-2014)
Au moment de la banqueroute, en 2002, deux syndicats organisaient le mouvement ouvrier : le Syndicat des travailleurs de la métallurgie (SMH-IS), affilié à l’Union des syndicats autonomes de Croatie (SSSH, Savez Samostalnih Sindikata Hrvatske, la première confédération syndicale en Croatie), dont presque tous les travailleurs de Jedinstvo étaient membres ; et l’Association des syndicats croates (HUS), qui regroupait une trentaine de travailleurs. Mais les syndicats, au service des intérêts des partis politiques, « bloquaient les initiatives positives des travailleurs » explique Ivekovic. Le Syndicat Nouveau naît cette même année, dans l’objectif d’apporter un soutien réel aux travailleurs.
« Nous les avons convaincu de mettre en œuvre leurs compétences habituelles, tout en sachant qu’ils ne seraient peut-être jamais payés ». Dans des conditions d’extrême précarité, et malgré l’hostilité du gouvernement, les travailleurs continuent à produire dans l’usine en ruines. Ils ne touchent plus aucun salaire – et depuis 1998, sur des bases très irrégulières. En 2002, ils étaient 360, bientôt plus que 250, et une quarantaine au moment où Jedinstvo Novo se crée (en 2005). Au moment où les autorités décident de mettre fin à la production, les travailleurs décident de monter leur propre entreprise, « la gérer nous même, en être responsables, affirme Grosek. Et puis finalement, ça a marché. »
Un succès relatif. Aujourd’hui, Jedinstvo Novo fait de la prestation de services (traitement de métal) ce qui lui permet de tout juste fonctionner : elle remplit chaque mois ses obligations envers l’État (taxes, factures, etc) et surtout, les travailleurs sont désormais payés. Des salaires qui ne sont pas élevés, entre 4000 et 5000 HRK par mois (l’équivalent de 520 et 650 euros), mais avec l’avantage d’être réguliers, depuis le premier jour. « Tous les travailleurs ne reçoivent pas les mêmes salaires selon leurs différentes qualifications, mais les écarts restent minimes en comparaison avec d’autres entreprises, explique Ivekovic. C’est la preuve que lorsque les gens s’organisent et commencent une action, ils réussissent ». Mais comment jugent-ils de leur « réussite » ?
Ils ne sont maintenant plus que vingt. Ils vieillissent. Certains ont pris leur retraite, d’autres sont partis sous trop de pression. « Nous coopérons avec presque cent compagnies, malheureusement nous n’avons pas nos propres produits, affirme Grosek. Cela devient de plus en plus difficile». Selon Ivekovic, Jedinstvo Novo est incapable d’assurer sa production pour deux raisons principales : le manque du capital nécessaire et le conflit permanent avec le gouvernement. Celui-ci concerne le droit de propriété de l’usine, qu’il refuse aux travailleurs. « Tant que ce problème de propriété ne sera pas réglé, aucun contrat ne pourra être conclu sur le long terme », affirme le président du syndicat.
Récemment, des contrats avec des clients allemand et indien ont été annulés, pour cause d’un « avenir incertain ». Les travailleurs syndiqués se sont à nouveau tournés vers l’État, proposant une nationalisation de l’usine sous contrôle ouvrier. « Cela aurait été gagnant gagnant » affirme Ivekovic. Mais le gouvernement a refusé, car « il fait tout pour que nous abandonnions », ajoute Grosek.
Occuper l’usine, réussir l’autogestion ?
Leur « réussite » dépend surtout des machines qui assurent la survie de Jedinstvo Novo, et que les autorités avaient voulu saisir lorsque l’usine s’était créée. « C’était sans doute l’un des moments clefs de notre lutte, rappelle Ivekovic. Le jour où l’homme censé acheter les machines est venu… et qu’il était tout simplement impossible de les prendre. » Un groupe de travailleurs avait passé la nuit à cimenter les machines au sol. « C’était beau à voir, évoque Grosek. Les autorités détruisaient les machines pour les prendre, tandis que les travailleurs faisaient tout pour les sauver. »
Suite à sa visite dans l’usine occupée, le militant Igor Lasic (journaliste au Monde Diplomatique édition croate) remarque que les travailleurs ont développé un « rapport intime » avec leurs machines esthétisées en forme de pin-up 4. Au-delà de leur valeur marchande et de leur utilité, ces machines symbolisent l’attachement des travailleurs à un lieu portant la charge d’une vie. Pour Draho Stiperksi comme pour d’autres, c’est « le seul endroit où je n’ai jamais travaillé ». Cette lutte a probablement été renforcée par les mémoires… non seulement individuelles, mais aussi de l’autogestion yougoslave. Toutefois, le titisme restait malgré tout un système bureaucratique et hiérarchique, et ne garantit pas la portée progressive de cette expérience.
L’un des problèmes actuels dans les mouvements ouvriers, en Croatie mais aussi dans l’ancien espace yougoslave, concerne le besoin de « leader ». Ivekovic constate que dans «beaucoup de cas les travailleurs attendent que quelqu’un fasse tout pour eux ». Cela contribue non seulement à mettre les syndicats en position de force (particulièrement problématique dans une partitocratie telle que la Croatie, Serbie, Bosnie-Herzégovine), mais aussi à reproduire des rapports inégalitaires au sein de l’usine : « Par souci de simplicité, explique Ivekovic, ils avaient convenu que l’usine serait au nom de deux personnes », dont Ivan Grosek. « Ce n’était qu’une modalité administrative, mais les travailleurs ont commencé à les voir comme des patrons. » Cet article n’étant pas basé sur une observation directe, difficile de se prononcer là dessus, si ce n’est que le film Jedinstvo (2013) 5, duquel sont extraites la plupart des citations, positionne Grosek en « porte-parole » et Ivekovic en analyste… donc aussi en hommes de pouvoir.
Enjeux et perspectives
Il semble évident que l’un des enjeux majeurs pour Jedinstvo Novo est d’intégrer de nouvelles générations, afin que cette expérience ne se limite pas à une dernière poignée de travailleurs qui défendent leurs « machines » comme leur peau – mais devienne un lieu de propositions et d’alternatives nouvelles. Car si, selon Ivekovic, Jedinstvo Novo dispose d’un important potentiel économique, l’usine n’aura aucune chance de se développer si rien ne se passe dans les prochaines années. Alors, quelles perspectives ? Quelles solidarités possibles ?
D’abord, nous répond Mario Ivekovic, exposer l’hypocrisie du gouvernement croate qui affiche publiquement une politique pour la création des emplois mais qui, dans les faits, ne soutient pas des projets tels que Jedinstvo Novo, où se créent pourtant des emplois, et cela sans l’aide du gouvernement… mais qui, plus encore, œuvre systématiquement à la fermeture de l’usine. Ensuite, « il est toujours bon pour l’économie de diffuser des informations sur le travail d’une entreprise, car peut-être que cela pourrait intéresser quelqu’un pour une future coopération… Même si je n’attends pas vraiment de résultats de ce côté », ajoute Mario Ivekovic.
Tout dépend de quel type de coopération, voudrions-nous ajouter. Car en effet, cette usine nous « intéresse », dans la volonté de briser l’atomisation entreprise par entreprise, et de mettre à plat la logique guerrière des privatisations dans l’ancien espace yougoslave, qui détruisent, depuis le début de la « transition capitaliste », les droits des travailleurs – tant sur le plan local, républicain, que balkanique. C’est ainsi le besoin de repenser une « unité balkanique », non seulement au niveau des mesures d’austérités économiques qui alimentent des systèmes politiques d’étroites connivences anti-démocratiques, mais aussi pour « créer l’unité du mouvement ouvrier » 6. Une « unité nouvelle », plurielle et contradictoire, dans laquelle se confrontent les expériences de récupérations d’usine… et de toutes autres formes de luttes qui réclament un besoin de droits garantis, y compris pour les travailleurs sans emplois, ou dont les expériences autogestionnaires sont mises en échec.
Notes:
- Christophe Chiclet, Trafics d’armes dans les Balkans : nouvelles révélations (Confluences Méditerrannées, 06.08.2012) : http://www.confluences-mediterranee.com/Trafics-d-armes-dans-les-Balkans ↩
- Vojimir Franicevic et Boris Sisek, Le terrain contesté de la privatisation croate et le rôle des stakeholders, Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 32, 2001, N°3. pp. 131-172. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_2001_num_32_3_3105 ↩
- idem ↩
- Sve rade samo da odustanemo, Novosti, 22 octobre 2012: http://www.novossti.com/2012/10/sve-rade-samo-da-odustanemo/ ↩
- Publié en fin d’article avec sous-titrages en anglais. ↩
- Andreja Zivkovic, Le soulèvement du people : une rupture avec la Bosnie de Dayton?, Contretemps (17/02/2014), en ligne: http://www.contretemps.eu/interventions/soulèvement-peuple-rupture-bosnie-dayton ↩
Association Autogestion
4 avril 2014
http://www.autogestion.asso.frKassia Aleksic, Εργατικός Έλεγχος, 21ος αιώνας – Εργατικός Έλεγχος στη Σύγχρονη Εποχή, Κροατία, ΕυρώπηTopicΝαιΝαιNoΌχι -
French26/03/14
L’Institut Tribune Socialiste vient de rééditer un débat publié dans un Cahier du Centre d’Etudes Socialistes ayant pour titre « Les travailleurs peuvent-ils gérer l’économie ? ». Publié en février 1963, il réunissait Pierre Naville, Serge Mallet, Claude Lefort et Pierre Mendès-France sous la présidence de Laurent Schwartz. L’Institut Tribune Socialiste a demandé à Thomas Coutrot, Jacques Rigaudiat et Annick Coupé de porter un œil contemporain sur ce débat porté par des « ténors » d’une gauche authentique.
En lisant ce texte, on replonge immédiatement dans le contexte d’une époque. Celle où la planification constituait une des caractéristiques essentielle du socialisme et un élément de rupture majeure avec le capitalisme. 1963 ? L’Union soviétique, qui constituait alors la plus grande tentative de réalisation du socialisme, venait de réaliser le rapport secret Khrouchtchev sur les « erreurs » de Staline. Le schisme yougoslave puis l’écrasement des révoltes populaires de Berlin Est en 1953 et de Budapest en 1956 marquaient les premiers signes extérieurs de faiblesse du système. La planification soviétique était vue par ce courant politique comme un anti-modèle auquel il convenait d’opposer une planification démocratique qui constitue donc le cœur de ce débat.
Comme l’observe fort justement Jacques Rigaudiat, « le sujet n’est pas en effet tant « les travailleurs peuvent-ils gérer l’économie ? » que comment le peuvent-ils ? » Une divergence s’exprime alors entre Pierre Mendès-France qui défend un rôle moteur à jouer pour les syndicats dans cette planification au point que « la nature et le sens même du syndicalisme sont inévitablement transformés » à Pierre Naville pour qui « un syndicalisme d’État, au cours d’une phase de transition au Socialisme, offre de très grands dangers », inspiré qu’il est de l’expérience soviétique. D’accord sur ce point avec Pierre Naville, Serge Mallet souligne le rôle prépondérant de la technicisation de la classe ouvrière, ce à quoi Claude Lefort objecte que « la planification la plus étendue ne transforme pas du tout nécessairement les rapports de production » et « que la masse des hommes, la masses des travailleurs est condamnée à des fonctions qui les dépouillent de toutes responsabilités. » Comment sortir de cette impasse ?
C’est Thomas Coutrot qui nous fournit une clé de réponse en indiquant que depuis 1963, le débat a considérablement évolué dans la mesure où « il est aujourd’hui admis que la coordination économique post-capitaliste doit être pensée au-delà d’un antagonisme binaire plan / marché. » Rappelant les débats des années 1980 sur le « socialisme de marché », il estime qu’un avenir post-capitaliste s’inscrit dans « une articulation entre mécanismes politiques et marchands d’affectation des ressources. » Des débats généraux sur l’orientation de l’économie se concrétisant par une politique d’enveloppes budgétaires d’investissements pilotée par un secteur financier socialisé avec des taux d’intérêt différenciés, des unités de production dont le travail est organisé directement par les travailleurs, voilà qui répondrait aujourd’hui aux objections de Claude Lefort. Ne reste plus que la nécessaire intervention des usagers, aussi bien soulignée par Annick Coupé que Thomas Coutrot, qui permettent de se placer dans une logique de « biens communs ».
Après avoir souligné que « nous ne sommes plus dans les années 1970 où nous étions face à un capitalisme patrimonial, familial, de production nationale, avec un pouvoir de décision unique et identifié », Annick Coupé sort d’un débat « plus technique que politique » (Jacques Rigaudiat) pour souligner l’enjeu des luttes sociales dans une perspective de transformation : « Plus les travailleurs/travailleuses seront autonomes dans le choix des buts et des moyens de leur travail, plus ils/elles peuvent participer à une vraie démocratie, à la délibération dans tous les aspects des choix politiques, économiques et citoyens ». Plus que qu’une question de conditions de travail, il faudrait aussi souligner l’enjeu de la socialisation des revenus comme constitutive d’une dimension de l’appropriation sociale, dimension qui n’a pas été soulignée dans le débat de 1963, tant celle-ci est implicite dans une planification intégrale de l’économie. Dans le cadre d’une complémentarité plan / marché, celle-ci s’avère indispensable à construire de façon originale afin d’offrir aux travailleurs une rémunération partiellement déconnectée de la valeur ajoutée des entreprises dans lesquelles ils travaillent.
Témoin et reflet des débats d’une époque, ce livre est à ce titre passionnant et nous permet de voir le chemin parcouru en l’espace de cinquante ans sur la problématique de l’appropriation sociale.
Association Autogestion
26 mars 2014
http://www.autogestion.asso.fr
Les travailleurs peuvent-ils gérer l'économie ?
Avec les contribtions d'Annick Coupé, Thomas Coutrot, Jacques Rigaudiat
Cahiers de l'ITS, Editions Bruno Leprince, 2013
ISBN 978-2-36488-082-3
120 pages - 5 euros1960-2000 – Εργατικός 'Ελεγχος ενάντια στην Καπιταλιστική Αναδιάρθρωση, Κριτικές Βιβλίων, Benoît Borrits, Εργατική ΑυτοδιαχείρισηMediaΝαιΝαιNoΌχι -
Spanish24/03/14La precariedad legal es la principal desventaja de las recuperadas, pero se combaten la explotación y el maltrato, se recupera la dignidad del trabajo y se gana un sentido de la solidaridad.
El viernes se presentó el informe del IV Relevamiento Nacional de Empresas Recuperadas. La ceremonia se hizo en el Hotel Bauen, gestionado por sus trabajadores. Allí se conoció que la justicia les dio 30 días para desalojar el lugar.
El viernes se presentó el informe del IV Relevamiento Nacional de Empresas Recuperadas a cargo del programa Facultad Abierta de la Facultad de Filosofía y Letras de Puán. La ceremonia fue en el hotel BAUEN de Callao y Corrientes y coincidió, además, con el undécimo aniversario de la ocupación del hotel por sus trabajadores. Infojus Noticias habló con Andrés Ruggeri, coordinador del programa, sobre el panorama actual de las empresas recuperadas y sus desafíos, y con Federico Tonarelli, trabajador del BAUEN y expresidente de la cooperativa que lo gestiona desde 2003, sobre la situación judicial y el año movido que se viene para los trabajadores. El aniversario coincidió, además, con la publicación de un edicto que da 30 días para desalojar el hotel.
La historia del BAUEN es también una parábola del neoliberalismo y su ascenso, estancamiento y caída estrepitosa. Marcelo Iurcovich lo construyó en 1978 con un crédito del Banco Nacional de Desarrollo (BANADE) y por medio del Ente Autárquico Mundial 78, encargado de financiar construcciones para la copa del mundo. El decreto 1261/77 permitía al ente el silencio sobre su gestión, razón por la cual no hay hasta hoy un balance contable del mundial 1978. Iurcovich construyó el hotel sin poner dinero de su bolsillo y no pagó ni la primera cuota del préstamo.
Los ‘80 fueron la época dorada del BAUEN; después de la torre sobre Callao, Iurcovich construyó el BAUEN suite a la vuelta, sobre Corrientes. Durante los ‘90, el hotel fue sede de encuentros del peronismo provincial al punto de darle su nombre al Grupo BAUEN. Allí se realizó el acto de Antonio Cafiero como precandidato a gobernador de la provincia de Buenos Aires, así como varias ceremonias en pos de la reelección de Carlos Menem en 1995. “Durante su historia como empresa de capital con Iurcovich, el BAUEN era un hotel de los sectores dominantes. Después del conflicto se transforma en su versión antagónica: es la casa del pueblo, no hay asamblea del mundo del trabajo o la economía social que no pase por acá”, dice Federico. Además, todos los años se hace en el hotel la Convención Anual de Tatuajes, la mayor de América Latina, y el año pasado se realizó la elección de Miss Trans (link: http://bit.ly/1dgM6yH)
El esplendor del BAUEN se va acabando durante los años ‘90: el proceso de apertura de mercado hace que las nuevas cadenas hoteleras internacionales ganen la pulseada. En 1997, la firma chilena Solari decide comprar el hotel por 12 millones de dólares y comienza a gestionarlo, aunque sólo llega a pagar una primera cuota de 4 millones. En el medio, Iurcovich creó una nueva firma, Mercoteles, dirigida por su cuñado (hoy la dirige su hijo). A los pocos días de creada, Mercoteles compró el BAUEN: Iurcovich se vendía el hotel a sí mismo mientras Solari se derrumbaba, llegando a la quiebra en 2001, cerrando el hotel y echando a los 80 trabajadores que quedaban luego de un dilatado proceso de vaciamiento. Así comienza la disputa legal por la propiedad del inmueble, que continúa hasta hoy.
El llano en llamas
Nada de lo relatado es ajeno al contexto socio-económico del país en ese momento: los del BAUEN no eran los únicos trabajadores sin su fuente de ingreso. 30 de ellos comenzaron a relacionarse con el incipiente movimiento de empresas recuperadas y, alentados por la gráfica Chilavert, formaron la cooperativa para recuperar el hotel. Andrés Ruggeri sigue de cerca el movimiento de recuperadas desde su inicio en 2002, cuando se funda el programa Facultad Abierta que dirige hasta hoy. Ruggeri cuenta que “al principio el programa no tenía un objetivo claro. La idea era trabajar con los movimientos sociales del momento: los piquetes, las asambleas, no sólo las recuperadas. Pero rápidamente desarrollamos una buena relación con IMPA y vimos la potencialidad de estas empresas”. ¿Cuál era esa potencialidad? “El sujeto ‘trabajadores’ había quedado golpeado y un poco ausente de las luchas en los ‘90. Esto era la vuelta de los trabajadores industriales, los obreros clásicos. Por eso nos concentramos en ellos”, dice Ruggeri. Una de las muchas actividades del programa (que pueden conocerse acá: http://bit.ly/1d8ftYD) son los relevamientos de empresas recuperadas.
Estos informes muestran un crecimiento del movimiento. En 2001 había 36 empresas recuperadas documentadas en todo el país; en 2004 ya eran 163; para 2010 había 247 y actualmente son unas 311, que emplean en total 13.500 trabajadores. ¿Por qué siguió creciendo su número una vez superada la crisis? Ruggeri dice: “las recuperadas han demostrado viabilidad: cumplen lo elemental, que es conservar el trabajo, y a veces más. Además, si bien la crisis fue superada, las empresas siguen quebrando: es algo normal en este sistema. La diferencia es que los trabajadores incorporaron como una herramienta válida y posible la recuperación y gestión de las empresas. Esto es algo que no formaba parte de nuestro universo económico ni ideológico”. Entre los rubros hay de todo: la mayoría de las recuperadas son metalúrgicas, aunque su importancia relativa va disminuyendo: hoy son 61, que forman casi el 20% del total. Pero también hay dos astilleros, 31 gráficas (nucleadas en la Federación Red Gráfica Cooperativa), 26 textiles y hasta medios de comunicación, proveedoras de salud, frigoríficos y una minera.
Y ahora quién podrá ayudarnos
El informe del relevamiento se presentó en el Salón Bolívar: es sólo uno de los 6 que tiene el hotel, además del auditorio, las 220 habitaciones (de las cuales hay unas 170 en funcionamiento), el bar, la pileta y el solárium (estos dos últimos aún por reabrirse). La lucha del BAUEN se refleja en su funcionamiento. El hotel no cierra nunca y sus 130 trabajadores se dividen en tres turnos. Toman las decisiones más importantes en asambleas, y las menores las toma el encargado de cada sector, elegido por su experiencia en el trabajo concreto y el respeto que le tienen sus compañeros. ¿Cómo dividen las ganancias del hotel? Federico dice que “si bien algunas recuperadas decidieron que todos sus trabajadores cobraran exactamente lo mismo, nosotros entendemos que hay responsabilidades que merecen una paga mejor. De todas maneras, el escalafón privado es mucho más amplio: la diferencia de salario entre un gerente y un maestranza puede ser una diferencia de 10 a 1, mientras que acá es de 3 a 1 en el mejor de los casos. Obviamente hay un reconocimiento económico para los compañeros que ocuparon la fábrica en 2003, porque sin ellos nosotros no estaríamos acá”.
La última sentencia judicial, de 2007, fue firmada por la jueza comercial Paula Hualde. Determinó que el hotel pertenece a Mercoteles e intimó a los trabajadores a desalojarlo en 30 días. En la fecha del desalojo hubo un recital en la puerta del hotel con unas 4.000 personas para impedir una acción que finalmente no ocurrió. El peregrinaje judicial de los trabajadores continuó: intentaron apelar la sentencia, pero en 2009 la Cámara de Comercio confirmó la titularidad de Mercoteles. Presentaron un recurso de queja a la Corte Suprema, que lo rechazó en 2012 por ser cosa ya juzgada. Como última alternativa presentaron un escrito denunciando penalmente a Iurcovich y le pidieron a la jueza Hualde que se declarara incompetente, ya que ella había fallado sobre la quiebra de Solari, que nada tiene que ver en el conflicto, y enviara la causa al Fuero Federal Penal. La jueza no se declaró incompetente, pero suspendió el desalojo. Los últimos días antes de la feria, en 2013, la causa penal prescribió: la jueza Hualde tiene que ejecutar de nuevo la sentencia de 2007. Por eso fue publicado ayer el edicto diciendo que tienen 30 días para desalojar.
¿Exprópiase?
“Desde lo legal no tenemos más alternativa. Está recontra firme la sentencia: para la justicia el hotel es de Mercoteles y la jueza debería desalojar una empresa con 130 tipos que funciona bien: una locura. Esto se resuelve políticamente, pero no vemos que haya voluntad política en el Congreso”, dice Federico. El último proyecto de ley para expropiar el hotel a favor de los trabajadores es una unificación de los presentados por Victoria Donda y Carlos Heller en 2012, y va camino a perder estado parlamentario. “Nosotros planteamos que, si el estado ejecuta las deudas que Iurcovich contrajo para construir el BAUEN, el hotel es del Estado. Y nosotros no queremos que el Estado nos lo regale: sentémonos a buscar una solución, ya sea alquiler, un comodato, un préstamo a 20 años para poder comprar el inmueble.
La jueza Hualde sabe que la situación es complicada, y en 2012 nos convocó a una audiencia de conciliación con Mercoteles. Ahí Iurcovich propuso emplearnos a todos de nuevo, lo cual es una cargada teniendo en cuenta lo que pasó”. El informe de Facultad Abierta muestra el estado legal de las empresas recuperadas hoy, a partir de un muestreo hecho con 31 de ellas. Ahí se ve que el BAUEN forma parte del 25,8% de empresas que esperan que se trate su proyecto de expropiación, ya presentado en el Congreso. La perspectiva no es muy alentadora: sólo en un 16% de los casos el establecimiento fue expropiado a favor de los trabajadores, un 9,7% tiene autorización del juzgado de la quiebra para funcionar temporalmente y otro 16% funciona con el predio ocupado.
Ruggeri plantea que esta precariedad legal “es la principal desventaja de las recuperadas. No tienen la propiedad ni acceso a créditos, y están en litigio con los dueños anteriores. Tampoco tienen capital: lo que hay son máquinas e instalaciones viejas o deterioradas, y está la fuerza de trabajo. Además, el personal administrativo, profesional o de ventas es el primero en bajarse de la lucha porque consiguen trabajo en otro lado, entonces los que quedan tienen que aprender nuevas funciones que quizás no sabía que existían, porque no era su problema. A cambio, se va lo más irritante: la explotación, el maltrato. Se recupera la dignidad del trabajo. Cambian el ritmo y el clima. Las ganancias dejan de ir a la acumulación de capital y al bienestar del patrón, por lo que se puede distribuir mejor. Cambia esta lógica empresaria de generar excedente como sea y aparecen elementos más humanos: se gana un sentido de la solidaridad que puede verse en la cantidad de centros culturales o bachilleratos populares funcionando en las recuperadas”.Αργεντινή, Bauen, Martín Cortés, Ανακτημένες Επιχειρήσεις, 21ος αιώνας – Εργατικός Έλεγχος στη Σύγχρονη Εποχή, Λατινική ΑμερικήExperiencesΝαιΝαιCurrent DebateΌχι -
French21/03/14
Voilà dix ans que l’usine Flakô au Brésil est occupée par ses travailleurs dans une perspective de revendication de nationalisation sous contrôle ouvrier. Emblématique d’un mouvement vivant autant que diversifié de récupérations d’entreprises par les travailleurs, cette occupation relance le débat sur le rôle émancipateur des coopératives et/ou de l’État. Nous publions ici le manifeste des travailleurs de Flaskô ainsi qu’une vidéo (sous-titrée en anglais) sur cette expérience.
Les premières occupations et récupérations d’entreprises par les travailleurs au Brésil remontent aux années 1980, début de la démocratisation du pays après plusieurs années de dictature militaire. C’était aussi une période de grave crise économique qui s’intensifiera dans les années 1990 par l’intégration du pays dans la mondialisation et la mise en œuvre de politiques néolibérales. Face à l’augmentation des faillites d’entreprises et du chômage, occuper et récupérer les usines en faillite dans lesquelles ils travaillaient constituait une forme pratique de résistance utilisée par un nombre important de travailleurs.
Ce phénomène est apparu dans différentes régions du pays, avec quelques centaines de luttes. Ces expériences ont principalement émergé dans des espaces urbains, avec occupation et récupération d’industries métallurgiques, chimiques et textiles, mais aussi à la campagne, dans le secteur agroalimentaire par exemple. Dans la recherche que nous avons menée dans les années 2011 et 2012, avec la participation de chercheurs de dix universités brésiliennes 1, nous avions identifié 145 entreprises qui ont été récupérées et rendues à la production par l’autogestion ouvrière au cours des dernières décennies au Brésil. Seules 67 de ces récupérations restent actives à ce jour représentant 12 000 travailleurs.
Du fait de ces expériences, un débat politique a émergé relatif à l’autogestion ouvrière et aux processus d’organisation politique des travailleurs des entreprises occupées et récupérées dans le pays. Il a donné lieu à des prises de position parfois approximatives, qui résultent des différentes perspectives théoriques et politiques sur le rôle de l’autogestion des travailleurs dans le mouvement syndical et dans la pensée socialiste et marxiste.
Face à la réticence du mouvement syndical aux premiers cas d’occupation et de récupération s’expliquant par la prévalence d’une vision limitée aux relations de travail entre patron et employé, l’Association Nationale des Travailleurs d’Entreprises de Autogestion (ANTEAG) a été créé en 1994, par d’anciens syndicalistes participants à l’Opposition Syndicale et aux groupes religieux liés à la Théologie de la Libération. Cette articulation a formé le corpus politique du mouvement coopératif autogestionnaire et de résistance, qui a permis aux entreprises récupérées par les travailleurs de prendre une part active importante à la création du mouvement d’économie solidaire au Brésil. Plus tard, les coopératives ont trouvé un espace, qui reste cependant marginal, dans la Centrale Unique des Travailleurs (CUT), avec la création de l’Unisol Brésil dans les années 2000.
Dans le même temps, une autre orientation s’est construite avec l’émergence du Mouvement des Usines Occupées en 2003 qui prône l’étatisation des usines sous le contrôle ouvrier, orientation dans laquelle s’inscrit l’histoire de Flaskô. Au-delà de cette usine, fabriquant des emballages plastiques, située dans l’État de São Paulo, avec ses 70 travailleurs, ce mouvement a soutenu l’occupation d’autres usines comme celles situées dans l’État de Santa Catarina, Interfibra et Cipla, qui ont été évacuées par la force, après cinq ans d’occupation, par la justice en 2007.
L’usine Flaskô reste occupée et produit depuis plus de dix ans. Contrairement à la plupart des entreprises récupérées par les travailleurs dans le pays, elle ne s’est pas instituée en coopérative, du fait de la revendication politique de l’expropriation et de nationalisation de l’usine par l’État.
D’un autre coté, avec la menace permanente de l’intervention judiciaire – comme celle qui a eu lieu en 2007, à laquelle la vidéo et le manifeste font référence – les travailleurs et les militants qui soutiennent Flaskô travaillent à maintenir la mobilisation politique et l’action avec la communauté environnante. C’est également un moyen de lutte et de pression sociale que l’on retrouve très fréquemment dans les expériences de récupération d’entreprises en Argentine qui se sont multipliées après la crise de 2001.
En 2012, le mouvement a été en mesure d’articuler la présentation de deux projets préliminaires de loi qui sont actuellement en discussion au Sénat National. Le premier porte sur la déclaration d’intérêt social du territoire de la Flaskô et de son village ouvrier. Le second, plus général, porte sur la possibilité d’expropriation et de transfert du contrôle des entreprises en faillite à ses travailleurs. Ces lois et la réalisation d’un cadre juridique favorable sont essentielles au développement de l’autogestion au Brésil. Les dix ans de Flaskô, ainsi que l’existence de plusieurs entreprises récupérées par les travailleurs au Brésil depuis plus de vingt ans, témoignent de la viabilité de la production sous autogestion ouvrière. Au-delà du fait que des milliers de travailleurs, dans l’urgence de la nécessité, luttent pour le maintien de leur travail, le débat socialiste sur le rôle révolutionnaire des coopératives et de l’État, comme outils d’auto-émancipation du travail, reste plus que jamais d’actualité.
Le manifeste, traduction de Richard Neuville
Une vidéo racontant l’histoire de Flaskô (en portugais non sous-titré)
Notes:
- Les résultats de la recherche sont publiés dans : Henriques, Flávio Chedid; Sígolo, Vanessa Moreira; Rufino, Sandra; Araújo, Fernanda; Nepomuceno, Vicente; Giroto, Mariana; Paulucci, Maria Alejandra; Rodrigues, Thiago; Rocha Maira; Faria, Maurício Sardá de, Empresas Recuperadas por trabalhadores no Brasil. Rio de Janeiro: Multifoco, 2013. Sur l’Internet, cet article présente une partie de ces résultats : http://www.ipea.gov.br/agencia/images/stories/PDFs/mercadodetrabalho/bmt55_econ02_empresas.pdf ↩
Association Autogestion
21 mars 2014
http://www.autogestion.asso.frVanessa Moreira Sígolo, Εργατικός Έλεγχος, 21ος αιώνας – Εργατικός Έλεγχος στη Σύγχρονη Εποχή, Βραζιλία, Λατινική ΑμερικήTopicΝαιΝαιNoΌχι -
French19/03/14
Le film « Entre nos mains » relate la tentative de reprise en SCOP de l’entreprise Starissima suite au dépôt de bilan de l’entreprise. La cinéaste Mariana Otero va suivre durant trois mois l’histoire de ces ouvrières qui vont, petit à petit, s’approprier un projet de reprise initialement conçu par une équipe d’encadrement. Suite à la défection d’un gros client de l’entreprise, le projet ne se fera finalement pas et l’entreprise sera liquidée. Néanmoins, c’est sur une note optimiste que les salariées ont choisi de conclure ce film pour nous montrer leur espoir dans une appropriation collective du travail, appropriation que d’autres salariés connaîtront assurément.
Il est rare qu’un film portant sur une histoire de SCOP ait été diffusé dans les salles de cinéma. Tel a pourtant été le cas du film de Mariana Otero relatant l’histoire des ouvrières de Starissima. Il s’agissait d’une PME du Loiret réalisant de la lingerie féminine commercialisée par les réseaux de distribution en grandes surfaces. Comme bien d’autres entreprises opérant dans la confection, Starissima dépose le bilan en octobre 2008. Faute de repreneur, quelques cadres commencent à élaborer avec l’Union régionale des SCOP un projet de reprise par les salariées 1.
La réalisatrice Mariana Otero souhaitait suivre un processus de création de SCOP et a choisi d’installer sa caméra dans l’entreprise en mai 2009 sans préjuger de l’issue de cette situation. La première partie du film porte sur le processus qui va conduire les salariées à s’approprier ce projet alors qu’il a été initialement conçu par l’encadrement. Il va notamment falloir convaincre les salariées de la pertinence de cette reprise. Sylvie Nourry, représentante de l’UR SCOP, explique en Assemblée générale les fondements de la SCOP, la nécessité de verser au moins un mois de salaire pour constituer le capital initial de l’entreprise. Petit à petit, la discussion naît dans les ateliers. Les plus réticentes finissent par rejoindre le projet et signer un engagement de souscription au capital.
C’est alors que l’ancien patron se manifeste. Prenant acte du projet des salariées, il propose de diviser en deux l’entreprise : une société qui s’occuperait de la commercialisation qu’il dirigerait et la SCOP exclusivement dédiée à la production. La conclusion de Laurent, le délégué syndical est limpide : « Il veut qu’on travaille pour lui encore ! ». Le 4 juin, en Assemblée générale, le patron, refusant d’ailleurs d’être filmé, tente de convaincre les salariées de son projet. Fin juin, les salariées refusent la proposition du patron.
Coïncidence ou pas, quelque temps après, Cora, un des trois réseaux de distribution de Starissima décide de déréférencer les produits de l’entreprise. Ce sont immédiatement 900 000 euros de chiffre d’affaires annuel qui s’évaporent. S’agit-il d’une manœuvre punitive du patron suite au refus de son projet ? Valérie, une des ouvrières émet cette hypothèse. Le film, bien sûr, peut difficilement se prononcer sur cette question. Disons que ce n’est pas une hypothèse absurde. D’après Sylvie Nourry, les deux banques qui soutenaient ce projet ont préféré se retirer suite à cette annonce. Le projet de SCOP est mort-né. La société sera liquidée en janvier 2010.
Pour autant, les ouvrières de Starissima ont elles-mêmes décidé de réaliser une chanson qui résume leur histoire et conclue le film : « Soutiens gorges et culottes, pour les sauver, créons notre SCOP. S comme solidaires, sortir du règlement judiciaire… C comme courageux, on s’en sortira tous victorieux… O comme optimistes… P persévérant. » L’intensité de ces paroles traduit ce qu’ont vécu ces ouvrières. D’un projet initialement porté par l’encadrement, celui-ci est devenu celui de l’ensemble des salariées. Conçu au départ pour simplement préserver l’emploi, il est devenu un rêve, celui de produire sans patron qui amène très logiquement à refuser d’être le sous-traitant, poings et mains liés, d’une entreprise commerciale. « Mais il a dit non, pas d’argent, la SCOP est réduite à néant… » On est amer, on a la larme à l’œil mais celles-ci concluent que « de ce projet, on sort grandi. La SCOP ce n’est pas une utopie. Aux entreprises en faillite, ne soyez pas pessimistes. La SCOP est un projet réaliste. D’autres vont peut-être la réussir. » C’est un message très politique qui est adressé à l’ensemble des entreprises en difficulté : la solution passe par la réappropriation de son travail.
Notes:
- La majeure partie du personnel étant féminin, nous dérogerons ici volontairement à la règle qui impose le masculin en cas de mixité. ↩
Association Autogestion
19 mars 2014
http://www.autogestion.asso.fr
Entre nos mains
Durée : 1h28
Image et réalisation : Mariana Otero
Son : Pierre Carrasco
Montage image : Anny Danche
Montage son : Cécile Ranc
Mixage : Yann Legay
Collaboration comédie musicale : Pascal Deux
Musique originale : Fred Fresson
Production : Denis FreydBenoît Borrits, Συνεταιριστικό Κίνημα, Κριτικές Ταινιών, 21ος αιώνας – Εργατικός Έλεγχος στη Σύγχρονη Εποχή, Γαλλία, ΕυρώπηMediaΝαιΝαιNoΌχι -
French14/03/14
Lors d’une réunion qui s’est tenue le 16 novembre 2013 à Besançon dans le cadre des 40 ans de Lip, Rachid Aït-Ouakli, ancien syndicaliste CGT de l’entreprise Pilpa et désormais co-fondateur de la SCOP La Fabrique du Sud, a exposé l’histoire de la lutte des Pilpa pour le maintien de leur usine de crèmes glacées de Carcassonne. En septembre 2011, le groupe R&R rachète l’entreprise Pilpa et décide, neuf mois après, de la fermer. Rachid Aït-Ouakli revient sur les différentes étapes de ce conflit qui ont amené certains anciens salariés à créer sur le site même une nouvelle coopérative : La Fabrique du Sud.
Association Autogestion
14 mars 2014
http://www.autogestion.asso.frΣυνεταιριστικό Κίνημα, Pilpa, Rachid Aït-Ouakli, Ανακτημένες Επιχειρήσεις, 21ος αιώνας – Εργατικός Έλεγχος στη Σύγχρονη Εποχή, Γαλλία, ΕυρώπηTopicΝαιΝαιNoΌχι -
French07/03/14
Un groupe international décide de fermer la Papeterie de Docelles. Des salariés montent un projet de reprise en SCOP soutenu par le gouvernement, les collectivités locales, le mouvement coopératif et plusieurs banques. Une seule chose manque : la propriété du site que le groupe refuse de céder y compris pour la somme de trois millions que les salariés ont consenti à l’entreprise qui les licenciait. Va-t-on accepter que ce groupe dicte ses conditions et envoie dans la misère 161 salariés ou va-t-on réquisitionner l’usine pour que les emplois et savoir-faire locaux restent ? Au centre de cette question, la pertinence du droit de propriété.
Mi-décembre 2013, la direction des Papeteries de Docelles dans les Vosges annonce la fermeture de l’usine. Un plan social de suppression de 161 emplois est alors présenté, lequel sera accepté par les autorités à la mi-janvier. Les choses vont alors très vite et l’usine cesse ses activités le 22 janvier 2014. Le propriétaire de l’usine est le groupe anglo-finlandais UPM, groupe spécialisé dans les produit forestiers qui emploie 25 000 personnes dans le monde.
Comme cela se fait maintenant régulièrement, les salariés et leur section syndicale CGT, montent un projet de reprise de l’entreprise en coopérative afin de maintenir l’emploi et les savoir-faire sur place. 85 salariés se sont engagés à devenir sociétaires. Le projet prévoyait la reprise de 116 emplois la première année, 130 la seconde puis 160 la troisième avec, il est vrai des réductions de salaires de 15 % 1. Les besoins en fonds de roulement évalués à 15 millions d’euros étaient couverts par une partie des indemnités perçues par les ex-salariés et de l’enveloppe du PSE ainsi que des financements coopératifs et bancaires. Le projet de reprise avait été largement soutenu par l’Union régionale des SCOP, les collectivités locales, l’Etat et les banques, qui l’estimaient tous « viable ». Il ne manquait qu’une chose : que le groupe UPM accepte de céder le site.
Les salariés, s’estimant lésés par cette fermeture brutale du site, ont demandé fort légitimement que celui-ci soit cédé pour l’euro symbolique. UPM a demandé qu’une nouvelle offre soit formulée par les salariés pour la reprise du site. Ils ont proposé 3 millions d’euros, somme qui est loin d’être négligeable et représente tout de même 35 000 euros par sociétaire. Ce mercredi 5 mars, UPM a sèchement rejeté l’offre des salariés, indiquant pour la première fois qu’ils en exigeait quelque chose entre 10 et 12 millions d’euros. Impossible et inacceptable pour les salariés. « Au départ, nous voulions racheter l’usine pour l’euro symbolique, ce que UPM refusé. Nous sommes montés à 3 millions d’euros, ce qui est énorme. Mais UPM n’a pas tenu ses promesses de vendre ses actifs, ils nous ont menti » a déclaré à France 3 Sébastien Saget, délégué syndical dans l’entreprise. Il faut dire que cela fait deux fois qu’UPM, qui avait pourtant annoncé début 2013 son intention de trouver un repreneur, avait déjà rejeté deux candidatures… Voilà qui en dit long sur la façon dont ce groupe envisage sa restructuration : on ferme une usine mais il ne faut pas que des capacités de production restent derrière elle.
Deux logiques sont désormais face à face. Celle des salariés qui exigent le maintien des emplois et du savoir-faire local, exigence qui conditionne souvent la vie d’une localité. Celles des actionnaires qui, au nom du sacro-saint droit de propriété, estiment avoir le droit de fermer une usine en bloquant toute perspective de maintien de la production, quitte à laisser celle-ci dépérir. Qu’ils veuillent se séparer d’une unité de production, pourquoi pas, mais qu’ils en assument les conséquences sociales et laissent aux individus concernés les moyens de prendre en main leur avenir.
Que va-t-il désormais se passer ? Quelle application de la loi dite « Florange » qui impose aux entreprises fermant des sites rentables de rechercher un repreneur ? Ici, le repreneur était tout trouvé : la SCOP. A ce jour, il n’y en a plus d’autres. Quel moyen le gouvernement mettra-t-il en œuvre pour maintenir l’emploi ? Dans l’hypothèse où les salariés occuperaient l’usine et relancerait la production, ce gouvernement se rangerait-il du côté du respect constitutionnel de la propriété privée et expulserait les travailleurs ou laissera-t-il faire, ce qui constituera une rupture politique fondamentale ? Tel sera, n’en doutons pas, un des enjeux des luttes à venir.
Notes:
- On remarquera cependant que dans une SCOP la rémunération des travailleurs ne se limite pas au salaire mais comprend aussi une partie des profits, l’autre partie constituant des réserves impartageables qui ne bénéficient pas à une personne en particulier – salarié ou actionnaire extérieur – mais à l’entreprise en tant que telle. ↩
Association Autogestion
7 mars 2014
http://www.autogestion.asso.frEraΝαιΝαιNoΌχι -
English06/03/14a report from the workers' at the occupied Officine Zero inRome
Workers from the occupied Officine Zero reflect on the conference in Marsailles and on their own experience.
TopicΝαιΝαιNoΌχι
